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“Faut-il sacrifier le tourisme au nom de la souveraineté ?”, Par Cheikh SENE, Économiste, Enseignant (UCAD)

Alors que le gouvernement vient de lancer un ambitieux plan de redressement économique, l’annonce du retour du visa d’entrée au Sénégal, sous forme électronique (ElecVisa), suscite une vive inquiétude. Présentée comme un outil de modernisation et de souveraineté, cette mesure risque de compromettre les efforts de relance d’un secteur déjà en grande difficulté.


Rédigé par leral.net le Samedi 2 Août 2025 à 17:43 | | 0 commentaire(s)|

“Faut-il sacrifier le tourisme au nom de la souveraineté ?”, Par Cheikh SENE, Économiste, Enseignant (UCAD)
“L’expérience de 2013-2015 reste un traumatisme pour les professionnels du tourisme.
À l’époque, l’instauration du visa avait entraîné des pertes estimées à plus de 100 milliards de FCFA et provoqué la suppression de milliers d’emplois.

Le secteur, qui peine encore à s’en remettre, pourrait cette fois subir un coup fatal. Aujourd’hui, avec des taux d’occupation hôteliers stagnants entre 40 et 60 %, des prix de billets d’avion prohibitifs (jusqu’à 1 500 euros), la dégradation visible du patrimoine (Gorée, Saint-Louis, Lac Rose…), et des défis comme l’érosion côtière ou l’insalubrité, la destination Sénégal est en perte de vitesse, face à des concurrents comme le Maroc ou le Cap-Vert.

Si la volonté de mieux contrôler les flux est légitime, la mise en œuvre du visa électronique, sans concertation ni étude d’impact publiée, envoie un signal négatif aux investisseurs, aux touristes et aux partenaires internationaux.
Le Sénégal ne peut pas se permettre d’étouffer un secteur aussi stratégique.

Il ne s’agit pas de renier notre souveraineté, mais de ne pas sacrifier l’attractivité économique à des logiques administratives mal calibrées.”


Cheikh SENE
Économiste, Enseignant (UCAD)



Ousseynou Wade