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Luanda 2025 / Faillite du ministère des Sports : voyages bâclés, athlètes sacrifiés, image du Sénégal écornée

Retards administratifs, billets non confirmés, itinéraires improvisés, hébergement indigne : la gestion du déplacement par le ministère de la Jeunesse et des Sports plonge la délégation sénégalaise dans un chaos sans précédent aux Jeux africains de la jeunesse2025.


Rédigé par leral.net le Dimanche 14 Décembre 2025 à 21:50 | | 0 commentaire(s)|

Une faillite organisationnelle imputable au ministère

La participation du Sénégal aux Jeux africains de la jeunesse de Luanda 2025 (10–20 décembre) restera comme un cas d’école de désorganisation, dont la responsabilité incombe directement au ministère de la Jeunesse et des Sports, maître d’œuvre exclusif de la logistique du déplacement.

Dès le départ, les carences sont flagrantes : des athlètes quittent Dakar après le début officiel des compétitions, révélant une absence totale d’anticipation et de planification. La première vague n’a décollé que dans la nuit du jeudi 11 décembre, soit 24 heures après le coup d’envoi des Jeux.

Visas non sécurisés, athlètes bloqués à l’étranger

Arrivés en Turquie, deux athlètes et leur entraîneure ont été bloqués faute de visa valide, une défaillance administrative grave qui aurait dû être réglée bien en amont. Conséquence : correspondance manquée, itinéraire réorganisé à la hâte, passage imposé par Addis-Abeba, et plus de 36 heures de voyage avant d’atteindre Luanda.

Un tel traitement infligé à de jeunes athlètes en pleine compétition traduit une méconnaissance inquiétante des exigences du sport de haut niveau.

Billets non confirmés : une négligence inexcusable

Le scandale s’est amplifié à l’Aéroport international Blaise Diagne lors du départ de la deuxième vague. Sur 50 personnes prévues, le ministère n’avait pas confirmé les réservations auprès de la compagnie Fly Emirates.
Résultat : attente jusqu’aux dernières minutes, stress extrême, et sept athlètes abandonnés au sol, dont six handballeurs. Ce n’est que cinq minutes avant la clôture de l’enregistrement que 43 billets ont été validés, dans une improvisation totale.

Ces faits constituent une faute organisationnelle majeure, incompatible avec la gestion d’une délégation nationale.

Voyages inhumains et épuisement forcé

Les sept athlètes laissés sur place ont été contraints d’emprunter, neuf heures plus tard, un itinéraire absurde et épuisant : Dakar – Pointe-Noire – Congo-Brazzaville – Angola.
Arrivés le dimanche à 11h30, après deux nuits sans repos réel, ils ont été projetés dans la compétition sans récupération, sans acclimatation et sans considération pour leur santé.

Bagages égarés : l’humiliation de trop

À leur arrivée, les handballeurs ont découvert que leurs bagages avaient disparu, emportant avec eux les maillots et tenues de compétition. Une situation ubuesque et humiliante, directement liée aux changements de vols successifs décidés dans l’urgence.

Des athlètes contraints de représenter leur pays sans équipements, à la veille des compétitions, est un symbole criant de l’échec total de la chaîne logistique ministérielle.

Forfaits sportifs : des carrières pénalisées

Les retards accumulés ont entraîné des forfaits lourds de conséquences. Le badminton n’a pas participé, les épreuves étant déjà terminées à l’arrivée de la délégation. La natation a manqué plusieurs épreuves majeures.

Ces absences ne relèvent pas du hasard, mais sont la conséquence directe des décisions et des manquements du ministère, qui a privé des athlètes de compétitions pour lesquelles ils se préparaient depuis des mois.

Hébergement indigne : promiscuité, insalubrité et mépris

Le scandale ne s’est pas arrêté au voyage. Sur le site de la compétition, la délégation sénégalaise a été logée dans des conditions indignes et dégradantes : 36 hommes entassés dans une seule chambre ; 24 femmes regroupées dans une seule autre chambre. Soit deux chambres seulement pour toute la délégation.

À cela s’ajoutent l’absence d’eau dans les toilettes, l’absence totale d’Internet, isolant athlètes et encadreurs.
Une telle promiscuité est une atteinte grave à la dignité humaine, au repos et à la performance, et traduit un manque de respect manifeste envers ceux qui portent les couleurs nationales.

Un désastre qui engage la responsabilité du ministère

Au dimanche 15 décembre, plusieurs délégations sénégalaises étaient encore en transit, alors que les Jeux avaient commencé depuis cinq jours. Athlétisme, judo, natation, aviron : autant de disciplines pénalisées par une gestion approximative et désinvolte.

Le sport de haut niveau ne tolère ni l’improvisation ni le bricolage. Ce qui s’est produit à Luanda est un désastre organisationnel, qui engage pleinement la responsabilité du ministère de la Jeunesse et des Sports.

Assez de discours, place aux comptes

Cette situation est incompatible avec les discours officiels sur la promotion de l’excellence et le développement du sport sénégalais.

Elle appelle une reddition de comptes claire, une évaluation rigoureuse des responsabilités, et des sanctions administratives si nécessaire.

À défaut, ces pratiques continueront de briser des carrières, de démotiver la jeunesse sportive, et de ternir durablement l’image du Sénégal sur la scène africaine et internationale.

Actu7.info

Ousseynou Wade