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Faute de système d’enregistrement des cas relevant de la maladie : Le Sénégal n'a pas de caméléon dans la lutte contre le cancer

Malgré les efforts consentis par les autorités et les progrès scientifiques enregistrés dans la lutte contre la maladie, le mot « cancer » continue encore de faire trembler au Sénégal. Pour l’écrasante majorité de nos compatriotes, en effet, il est synonyme de mort inévitable. Et de fait, le cancer est une maladie qui fait des ravages partout à travers le monde, et notamment au Sénégal. En effet, le nombre de personnes atteintes de cancer, dans notre pays, augmente d'année en année tandis que, faute de subventions, les médicaments nécessaires au traitement de la maladie sont hors de portée de la plupart des patients. A cela s’ajoute un manque criard de spécialistes et de ressources financières. Ce bilan sombre a été peint le 04 février dernier, à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le cancer, par la présidente de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca), Mme Monique James.De concert avec le cancérologue Abdoul Aziz Kassé, elle plaide pour la mise en place d'un système d'enregistrement des cas de cancer, appelé registre du cancer.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Mars 2013 à 13:17 | | 1 commentaire(s)|

Faute de système d’enregistrement des cas relevant de la maladie :  Le Sénégal n'a pas de caméléon dans la lutte contre le cancer
Le cancer est une maladie redoutable et redoutée. Elle est, d'ailleurs, souvent perçue comme la pire des maladies. Néanmoins, les taux de survie donnent une idée de la façon dont la maladie évolue au sein d'un large groupe de personnes. Chez les gens atteints de cancer, certaines cellules cancéreuses envahissent les tissus environnants ou se détachent de la tumeur d'origine et migrent vers d'autres régions du corps. Ce sont les « métastases », a expliqué le cancérologue Abdoul Aziz Kassé selon qui plusieurs facteurs peuvent accélérer ou engendrer l'émergence d'un cancer.
En raison de multiples facteurs agissant en synergie qui vont de l'explosion démographique à la progression des maladies infectieuses et aux méfaits du tabagisme, des déséquilibres alimentaires aux pollutions environnementales et aux prédispositions ou susceptibilités, le nombre d'Africains exposés aux risques de cancer croît de façon inéluctable. L'âge est certes un facteur de risque, mais, de nos jours, on admet qu'environ les 2/3 des cas de cancer sont imputables aux habitudes de vie, essentiellement au tabagisme et à l'alimentation. L'exposition à des substances cancérigènes présentes dans l'environnement comme la pollution de l'air, les substances toxiques manipulées au travail, les pesticides... tout cela accroît aussi le risque de cancer. Quant aux facteurs héréditaires, ils seraient responsables de 5% à 15% des cas. Les types de cancers les plus fréquents varient d'une région à l'autre du globe. En Afrique subsaharienne, par exemple, les cancers du foie et du col de l'utérus sont très répandus à cause du virus de l'hépatite.
L'Organisation mondiale de la Santé (Oms) estime à « 84 millions » le nombre de morts du cancer entre 2005 et 2015. Des chiffres éloquents et qui inquiètent. Malgré cela, les choses, en matière de prise en charge des malades du cancer, n'avancent pas assez vite. Du moins au Sénégal. En effet, les perspectives épidémiologiques des cancers qui se profilent d'ici à l'horizon 2020 prévoient une progression continue de la maladie, en termes d'incidence et de mortalité. Cet impact croissant des pathologies tumorales a davantage de conséquences dans les pays en développement comme le Sénégal.
Ces maladies dites « cancers » nécessitent des soins très coûteux et longs pour tous les budgets des ménages. Monique James explique à ce propos que « les médicaments du cancer, en général, coûtent très cher dans le monde parce qu'ils sont tous importés. Ce sont des protocoles qui sont excessivement cher et qui posent des problèmes de disponibilité ». Le problème se pose avec plus d’acuité au Sénégal où la sécurité sociale n'est pas répondue, l'assurance-maladie non plus, et où les populations ont un faible pouvoir d'achat qui pose de gros soucis pour l'achatdes médicaments anti-cancéreux.
Pour rendre ces médicaments accessibles, une seule solution : la subvention.Hélas, la faiblesse des moyens de l’Etat fait qu’il n’est pas possible de subventionner les traitements de toutes les maladies. « C'est le ministère de la Santé qui devait subventionner les médicaments. On parle d'assurance-maladie collective. Mais je crois que la meilleure chose serait que l'Etat mette à la disposition des malades du cancer un traitement subventionné ou un traitement gratuit comme cela se fait pour le sida, le paludisme et la tuberculose » plaide Mme Monique James, présidente de la Lisca.
Et comme si la situation n’était pas suffisamment sombre, il n'existe toujours pas de programme national de recherche sur les cancers au Sénégal. « Nous ne disposons pas de données pour une cartographie du cancer dans notre pays. Il nous faut d'abord un système d'enregistrement des cas de malades. Ce dont notre pays ne dispose pas. C'est pourquoi, il n'existe pas de statistiques sur le cancer au Sénégal. Il faut donc qu'on mette en place un système d'enregistrement pour connaitre le nombre de cas de cancers, les types et dans quels groupes de population pour pouvoir les cibler et agir », estime le Dr Abdoul Aziz Kassé, cancérologue à l'institut du cancer de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Même son de cloche du côté de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca). Sa présidente, Mme Monique James, avoue sans ambages qu’ « il est difficile de parler de l'ampleur du cancer au Sénégal parce que ne disposant pas de registre du cancer. Nous nous fions aux chiffres que nous retrouvons dans les instituts, dans les hôpitaux où on traite les cancers. Ce sont vraiment des chiffres en-deçà de la réalité. Si on se fie aux chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé, par contre, on dira que l'incidence esttrès importante dans nos pays et la mortalité, énorme ».
Le registre du cancer, appelé aussi registre de population, est un moyen de collecte, de stockage et d’interprétation des données relatives aux malades atteints de cancer. C’est,en d'autres termes, une structure médico-administrative qui a pour mission de répertorier tous les cas de cancers survenant sur un territoire défini et d’assurer l’exploitation à des fins statistiques et épidémiologiques du fichier ainsi constitué.
Il peut enregistrer, de façon permanente, l’ensemble des cancers diagnostiqués : c’est ce qu’on appelle un registre général des cancers. Il peut aussi enregistrer seulement certains cancers pour une population spécifique. Dans ce cas, on parle de « registre spécialisé des cancers ».
D'après les explications du docteur Abdoul Aziz Kassé, l’enregistrement permet de calculer l’occurrence des différents cancers survenant dans une population définie pendant une période déterminée (en général une année) exprimée en taux d’incidence. Ces résultats sont ensuite standardisés par rapport à des populations de référence et exprimés en incidence pour 100.000 habitants selon le sexe. Ce de façon à permettre la comparaison avec les données fournies par les autres registres à travers le monde. « Cela suppose donc que l’on connaisse les statistiques de la population d’étude, obtenues par recensement », ajoute le cancérologue.
D’après ses explications, le but de cet enregistrement est, donc, de connaître l’incidence des différents cancers, de déceler les facteurs de risques, d’identifier les groupes à haut risque et de mieux connaître l’évolution des cancers. Un travail de collecte d’autant plus important qu’aucun médecin ne peut prédire avec certitude l'évolution d’un cancer ni les chances de survie pour une personne en particulier.
En Afrique, entre 1900 et 1950, ce sont des cas cliniques qui sont rapportés. Dans les années 1950, on voit apparaître des séries hospitalières et ce n’est qu’à partir des années 1960 que sont créés les premiers registres de population. Mais aujourd'hui, le nombre de registres africains du cancer dont les résultats sont validés fluctue énormément. L’exemple typique est celui du registre de Dakar de 1969, l’un des premiers en Afrique de l’Ouest qui est, actuellement, à l’arrêt faute de moyens.
En effet, la progression continue des cancers au cours de dernières années sur le continent africain, notamment dans sa partie subsaharienne, constitue une réalité épidémiologique dont l’ampleur n’est pas encore évaluée à la mesure de sa gravité. Si les causes sont mieux cernées, de nouveaux facteurs de risque concourent à l’augmentation de la morbidité et de la mortalité par cancer dans les populations africaines. Ces évolutions des profils épidémiologiques exigent un renouvellement des approches de santé publique. Le renversement de ces perspectives épidémiologiques requerra tant au niveau global qu’au niveau local l’implication des politiques, en particulier ceux du continent, pour l’adoption de programmes nationaux de lutte contre le cancer. L’enjeu crucial est la mise en œuvre de politiques de santé d’envergure qui visent le renforcement des capacités, de l’offre thérapeutique et des stratégies de prévention adaptées puisque nombre des causes de cancers en Afrique sont évitables, notamment chez les femmes et les enfants.
En ce qui concerne la prévention, la mesure phare contre le tabac est l'augmentation du prix du paquet de cigarettes. Surtout que la tendance, aujourd'hui, c'est que l'incidence est à la hausse. La mortalité est également à la hausse. Et ce contrairement à ce qu’on voit dans les pays développés où l'incidence est à la hausse et où, par contre, la mortalité est à la baisse.
Des morts le plus souvent dues à un diagnostic tardif. En effet, les malades viennent à l'hôpital très tard souvent par manque d'information, de sensibilisation et par défaut de dépistage surtout dans nos pays. Le diagnostic étant tardif, les résultats thérapeutiques sont très mauvais », déplore Mme James qui révèle que « le cancer du sein est celui qui tue le plus au Sénégal ».
La présidente de la Lisca rappelle,par ailleurs, que« la particularité de la lutte au Sénégal, c'est la difficulté à emmener le ministère de la Santé à s'y engager, sans compterdes difficultés comme la prise en charge, la sensibilisation, l'information… en somme tout ce qui est prévention et au niveau du dépistage qui fait que la problématique de la lutte contre le cancer est très difficile ».
Maïmouna Faye

« Le Témoin » N° 1115 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2013)







( Les News )


1.Posté par BAB le 06/03/2013 16:19 | Alerter
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C'EST TRES INQUIETANT MOI J'AI UNE SOEUR D'A PEINE 30 QUI A UN CANCER DU SEIN ET CA M'AFFECTE BEAUCOUP ELLE FAIT ACTUELLEMENT SA CHIMIO AVANT L'ABLATION C'EST VRAIMENT DRAMATIQUE. IL Y A UNE BONNE COMMUNICATION SUR LE DEPISTAGE MAIS LES SENEGALAIS N'Y VONT PAS

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