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Fermeture du pont de Kayes : L'ÉCONOMIE AU RALENTI

Le trafic routier est sérieusement perturbé. Les prix des produits importés partent en flèche
La fermeture momentanée du pont de Kayes pour réparation, entraîne la perturbation du trafic routier. Conséquence de cette situation.


Rédigé par leral.net le Mercredi 17 Juin 2009 à 03:59 | | 0 commentaire(s)|

Fermeture du pont de Kayes : L'ÉCONOMIE AU RALENTI

l'économie de la région, et de l'ensemble de notre pays, subit le contrecoups. Déjà les prix des produits importés partent en flèche. C'est le cas du ciment, des matériaux de construction et de certains produits de première nécessité.
Aujourd'hui, 70 % du trafic routier à destination de Bamako passe par Kayes que plus 4000 camions traversent chaque mois. Et le pont est d'une importance capitale, car il constitue un maillon essentiel du corridor reliant Bamako et Kayes et du même coup Kayes au port de Dakar.
Ainsi des mesures correctives avaient été déjà envisagées par le département avec l'aide de Transrail. Des mesures concertées avec l'ensemble des utilisateurs du corridor, à commencer par les chargeurs et les commerçants, avaient été aussi prises. Un dispositif pratique devrait être mis en place, consistant à reprogrammer les différentes expéditions à destination de notre pays en tenant compte du temps que va prendre la fermeture du pont. Aussi, la société "Transrail SA" avait été sollicitée pour supporter une très grande partie du trafic à destination de Bamako via Kayes par le train. Mais celle-ci a décliné cette sollicitation, vu les difficultés qu'elle connaît actuellement. Les dispositifs d'accompagnement notamment la chaussée submersible et le bac sont en grande difficulté (voir L'Essor du 11 juin dernier).

LA CHUTE DES RECETTES. Parmi les acteurs qui subiront les répercussions de la fermeture de ce pont, la douane figure en bonne place. Deux semaines seulement après la fermeture, les services douaniers de Kayes ont constaté une chute des recettes.
Selon le directeur régional par intérim des douanes de Kayes, Sidi Mohamed Ichrach, cette fermeture entraîne déjà un ralentissement du trafic sur le corridor. "L'impact est perceptible sur les recettes douanières de la région. Elle passe en effet de 3,4 milliards au premier trimestre 2009 à un peu plus de 2 milliards pour le deuxième trimestre. Et le passage des gros-porteurs aussi a beaucoup chuté en passant de plus 4000 camions en avril contre quelques 3000 en mai. Et cela va en décroissant", explique le douanier.
Selon c'est surtout les problèmes d'accostage du bac et l'inondation de la chaussée submersible qui décourageraient les transporteurs qui sont obligés de transvaser leur marchandises dans les camions de 10 à 20 tonnes et même par les pinasses et pirogues avec tout ce que cela peut engendrer comme conséquences.
Même son de cloche au bureau de douane frontalier de Diboli (frontière Mali-Sénégal). En effet, le bureau de Diboli constitue le premier poste douanier à l'entrée du territoire national sur le corridor Bamako-Dakar. Il assure le transit des marchandises et les premières formalités douanières. Pour son premier responsable, Jean Sylla, "avant la fermeture, nous étions dans une dynamique de progression avec plus de 200 camions par jour. Mais depuis, nous enregistrons à peine 70 camions. Naturellement l'impact sera visible sur les recettes douanières", confirme Jean Sylla.
Cette remarque est bien partagée par les transitaires de la localité dont les bureaux vivent du passage des gros-porteurs. "Notre travail est déterminant dans cette frontière. Car, nous assurons les démarches douanières des marchandises du port jusqu'à destination. S'il n'y a plus de gros-porteurs, nous fermerons boutiques", explique Aminata Daou, transitaire en espérant la fin des travaux à la date indiquée. En attendant, certains transitaires dont les clients ont choisi d'aller s'approvisionner dans d'autres ports se sont donnés un arrêt technique de 3 mois.
Au port de Dakar, on prie pour une reprise effective et totale du trafic dans 3 mois. Car se sont des milliards de Fcfa qui sont en jeu. Notre pays est aujourd'hui, l'un des partenaires privilégiés du port de Dakar à cause du volume des importations.

60 000 TONNES PAR MOIS. Dénommé "la route du ciment", par les opérateurs économiques, c'est par le corridor Bamako-Dakar que passe, depuis quelques années, le gros de nos marchandises. Le ciment constitue le premier produit importé par ce corridor avec plus 60 000 tonnes par mois soit près 70 % des importations du corridor.
Qu'est-ce qui explique tant d'engouement autour ce corridor et de ce produit ? Karim Bathily, importateur de ciment, explique que le port de Dakar est actuellement le port le plus accessible. Il cite en premier lieu le bon état de la route malgré les dégradations par endroits. "Un camion qui quitte Bamako lundi arrive à Dakar mardi. Il se charge, règle des formalités douanières, et jeudi, il est à Bamako. Cela n'est possible avec aucun autre port", précise le commerçant. Secondo, le ciment sénégalais est moins cher par rapport à celui des pays voisins. La tonne coûte 60 000 Fcfa. "A ces facteurs, il faut ajouter le fait qu'il y a moins de tracasseries par rapport aux autres ports. Ce qui favorise la fluidité du transport", souligne Bathily.
En plus du ciment, ce corridor est aussi très sollicité pour le transport des équipements destinés aux mines de la région, et aussi aux produits alimentaires.
Aliou Sylla, un autre commerçant, ajoute qu'en plus de ces facteurs, le port de Dakar possède un autre avantage non moins important : l'organisation technique et matérielle. "Même pendant cette période, moi je n'abandonnerai pas ce corridor. Le transport me coûtera un peu plus cher qu'avant mais je m'y ferai. Vous savez, l'abandon total de ce corridor même pendant un mois aura des conséquences inimaginables sur les importations de notre pays et surtout sur le prix des produits tels que le ciment, les matériaux de construction et les produits de première nécessité", a souligné l'importateur.
Le pont ne peut plus supporter le nombre croissant des gros-porteurs dans cet état. Il faut une réparation rapide. Les commerçants, les transporteurs et les usagers en pâtissent beaucoup. Ces derniers sont totalement conscients qu'il ne sert plus seulement à réparer superficiellement, mais il s'avère impératif de penser à une stratégie efficace pour résoudre une question qui hante tout le monde. Il faut mettre en place un nouveau schéma directeur de circulation des gros-porteurs en aménageant les quais d'accostage du bac qui est capable de transporter des véhicules de 60 tonnes avec une moyenne de 40 gros-porteurs par jour.

Doussou DJIRÉ

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