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“Fripe business”, ou la juteuse économie des vieux vêtements

Que devient votre tee-shirt rapiécé une fois déposé dans une benne Emmaüs ? Le magazine “Reporters” de France 24 a enquêté sur le circuit des vêtements jetés par les Occidentaux. Un marché juteux, qui engendre plus de 5 milliards d’euros par an.


Rédigé par leral.net le Samedi 11 Novembre 2017 à 23:04 | | 0 commentaire(s)|

Mais que deviennent les habits déposés dans les bennes de récupération de vêtements ? Ils vont aux plus démunis et aux familles dans le besoin. Exact… pour 2 % d'entre eux. Les 98 % restants vont vivre une nouvelle vie à l'étranger.

Au total, pas moins de 8 millions de tonnes quittent ainsi chaque année l'Occident, pour être rafistolés, transformés et revendus à travers le monde. Un « fripe business » en plein essor qui engendre plus de 5 milliards d’euros de recettes par an. « Un commerce qui irrigue tous les pays pauvres dans un gigantesque marché global, ou quand l'Occident habille le tiers-monde sans le savoir », raconte l’enquête diffusée par l'épatante émission Reporters de France 24.

Zoom sur ce marché planétaire dont les principaux bénéficiaires restent les ONG et les œuvres caritatives. « On n'a pas honte de dire que ces dons servent à faire de l'argent, mais ici, ça ne profite à aucun actionnaire, juste aux gens que nous accueillons », explique-t-on sans tabou chez Emmaüs. Une économie fleurissante qui génère de plus en plus d'emplois et d'intermédiaires.

De Paris à Tunis, puis de retour à Paris

L'enquête de Sandro Luytens remonte la filière aux quatre coins du monde. De la collecte (en France et en Italie) en passant par les immenses dépôts de Tunis, où plus de 1 000 employés trient la collecte, pendant que d'autres nettoient ou rafistolent. Des stylistes sont même sollicités pour créer avec des vêtements récupérés.

Les fripes se retrouvent ensuite sur les marchés en Afrique, comme dans ce petit village du Sénégal par exemple, ou repartent en Europe « pour les plus tendances ». Cocasse de retrouver des vêtements, triés à Tunis, vendus dans cette boutique vintage « chic et fashion », selon son patron, d'un quartier branché de Paris. La fripe c'est chic, et les magasins dédiés se multiplient dans toutes les capitales européennes.

Loin de là, au Sénégal, Othman parcourt le pays pour vendre ses fripes sur des marchés de fortune ou chez l'habitant. Difficile de ne pas y voir un exemple probant de la mondialisation et de ses dérives.

Cette enquête au long cours, instructive et captivante, lève le voile sur ce commerce totalement légal mais méconnu. Une « économie » partie d'un simple dépôt de vêtement. Bref : un tee-shirt donné équivaut à un don en argent. Et pour le tee-shirt la promesse d'un grand voyage à travers le mondesur www.france24.com

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Alain Lolade