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G7: «Le plafonnement du prix du pétrole russe et une usine à gaz à visée politique»

Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Août 2022 à 14:55 | | 0 commentaire(s)|

Les dirigeants des sept pays les plus industrialisés du monde (G7) se sont engagés à chercher un moyen pour plafonner le cours du pétrole russe afin de réduire les recettes du Kremlin. Les pays les plus industrialisés du monde veulent convaincre, notamment l’Inde, de ne pas payer trop cher l’or noir russe. Trois questions à Thierry Bros, spécialiste des questions énergétiques.


G7: «Le plafonnement du prix du pétrole russe et une usine à gaz à visée politique»
Les pays membres du G7 ont décidé de plafonner le cours du pétrole russe. Est-ce faisable ? Thierry Bros : Non, c’est extrêmement compliqué à mettre en place. Les Russes vont essayer de vendre leur pétrole à d’autres. Et ces autres-là, qui ne respectent pas les règles de marché, en particulier la Chine ou l’Inde, ont aujourd’hui la capacité de demander une réduction à la Russie.

Dans le G7, vous avez les États-Unis qui ont déjà un embargo sur le pétrole russe. Pourquoi dans ce cas mettre un prix maximum ?

Vous avez le Canada qui est un exportateur, lui n’est donc pas touché pas cette mesure. Et enfin, l’Union européenne, elle, a décidé de mettre un embargo sur le pétrole russe d’ici à la fin de l’année.

Donc, on est en train de construire une usine à gaz qui va prendre plus de temps à se mettre en œuvre que notre sortie de la dépendance au pétrole russe. Il faut dire que certains leaders sont déconnectés des principes de marché. Pourquoi est-ce que les États-Unis font cela ? Ils pourraient interdire à ce que les transactions sur le pétrole russe se fassent en dollars. Ce qui en outre compliquerait la tâche de l’Inde et de la Chine. Je crois que tout cela vise plutôt à avoir bonne presse vis-à-vis de leur opinion interne, plus qu’autre chose.

Pour ce qui est de l’embargo sur le pétrole russe, ça marche déjà aux États-Unis. Je pense aussi que cela marchera au niveau européen, puisque nous avons décidé ce train de mesures collectivement, à l’exception de la Hongrie et de la République tchèque qui vont continuer d’importer du pétrole et des produits pétroliers russes. Ce sera marginal, donc on peut imaginer que l’Union européenne va suivre. Je crois que c’est cela qu’il faut voir. Nous, les Européens, on va sortir du charbon russe à la fin du mois d’août, on va sortir de notre dépendance au pétrole russe à la fin de l’année, et enfin de la dépendance au gaz russe d’ici à 2023.

Aujourd’hui, l’Union européenne envoie à la Russie 400 millions de dollars par jour pour le pétrole et 100 millions de dollars par jour pour le gaz. L’idée est de réduire ces factures.

La grande question de ce concept flou de plafonnement du prix du pétrole russe, c’est à quel niveau on le fixe ? Vous voyez bien que pour le savoir, on va entrer dans les discussions à l’infini. Et puis, est-ce que ce plafonnement correspondra aux sept pays membres du G7, ou est-ce qu’il concernera aussi les 27 pays européens ?

Vous voyez bien que c’est un système extrêmement compliqué que l’on est en train de mettre en place. Or, on n’a pas le temps. Le temps est contre nous. Il faut absolument réduire les flux financiers vers la Russie. La seule façon est celle de se dire qu’à moyen terme, nous n’allons acheter ni de pétrole, ni de charbon, ni de gaz russe.

Selon vous, cette guerre en Ukraine, elle se joue autant au niveau d’armes fournies aux Ukrainiens qu’au niveau de l’énergie ?

Nous ne gagnerons jamais une guerre si nous ne disposons pas d’énergie. Notre pensée magique depuis quinze ans, qui consistait à se dire que nous allions vers la seule énergie décarbonée, c’est-à-dire vers du solaire et de l’éolien, on voit bien que le G7 y a mis un terme. Nous avons finalement compris que pour gagner une guerre physiquement, nous allons avoir besoin de plus d’énergie, et non pas de moins. C’est là, je pense, la réalité que nous prenons en pleine face.