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GRAND JURY - Tendance de Me Wade à dresser le portrait-robot de son successeur à la tête du pays

Cheikh Hamidou Kane déplore «une limitation de la liberté de choix des Sénégalais». L’auteur de L’aventure ambiguë, Cheikh Hamidou Kane, a jeté son regard de patriarche sur la situation politique du Sénégal. Invité hier de l’émission Grand Jury de la Rfm, il a regretté l’attitude du chef de l’Etat qui a dressé le portrait-robot de son successeur. Ce qui, soutient-il, n’est rien d’autre qu’une «limitation de la liberté de choix des Sénégalais». Aussi, Cheikh Hamidou Kane a-t-il réitéré l’appel du Bureau des Assises nationales au chef de l’Etat pour qu’il puisse participer à cette réflexion «bénéfique pour le pays».

Par Aly FALL LeQuotidien


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Septembre 2008 à 15:35 | | 0 commentaire(s)|

GRAND JURY - Tendance de Me Wade à dresser le portrait-robot de son successeur à la tête du pays
Si seulement la «Grande Royale» était encore en vie, ce personnage mythique dans L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, elle aurait certainement craché sur l’élite africaine au regard de ce qu’elle a fait de ce continent et à tout point de vue. L’auteur de ce chef-d’œuvre littéraire, qui était l’invité de l’émission Grand Jury de la Rfm, hier, et qui s’est engouffré dans l’intelligence de cette grande Dame, est d’avis que «les élites africaines auraient pu, dans le passé, faire mieux dans l’édification d’une Afrique enracinée dans ses valeurs». Ainsi, revenant sur les sujets dominants de l’actualité politique du Sénégal, M. Kane, le vice-président des Assises nationales, s’est prononcé sur la succession de Me Wade. Sur cette question, il pense que «ça doit faire partie des questions sur lesquelles on doit réfléchir». En effet, constate-t-il, «il y a une limitation de la liberté de choix des Sénégalais». Surtout quand c’est le chef de l’Etat lui-même qui dresse le portrait robot de son successeur. Lequel successeur ressemble à bien des égards à son fils. De l’avis de Cheikh Hamidou Kane, une telle procédure n’est rien d’autre qu’un «contournement des lois». «La succession de père en fils ne m’agrée pas ; ce serait contraire à l’histoire de notre pays», ajoute M. Kane. Pour lui, n’importe quel profil conviendrait aux Sénégalais «pourvu qu’ils le choisissent» car, poursuit-il, ce pays «n’a pas un problème de leadership», même s’il y a un réel «problème de moralité».
Cependant, se réjouissant du fait que le Sénégal n’a jamais connu un coup d’Etat, M. Kane n’écarte pas pour autant l’idée que cette «exception sénégalaise» ne se réduise, si l’intention prêtée à Me Wade d’imposer Karim Wade aux Sénégalais est bien réelle.

GENESE DES ASSISES NATIONALES
S’expliquant, sur les Assises nationales qui suivent encore leur cours au Sénégal, Cheikh Hamidou Kane a d’emblée voulu préciser l’origine de cette initiative. Pour lui, elle n’est «pas tout à fait exacte» l’idée que d’aucuns, surtout le parti au pouvoir et ses souteneurs, ont de ces Assises. M. Kane assure que lui et ses pairs qui président aux destinées de cette résolution ont été d’abord démarchés depuis trois, voire quatre années maintenant par des universitaires, la société civile….pour jeter un regard sur la marche d’un pays qui est incontestablement malade de sa gouvernance et de ses gouvernants et dangereusement menacé par des positions tranchées entre le Pouvoir et les opposants. L’idée était alors de «jouer le rôle de sages, de médiateurs, de facilitateurs…», afin de taire les querelles, surtout celles survenues aux lendemains de l’élection présidentielle de février 2007, dans le seul intérêt de la renaissance du Sénégal. «C’est sur cette base que nous avons accepté de piloter les Assises nationales», se défend M. Kane. Et de regretter, dans la foulée, que le président de la République «n’a pas bien compris» le sens de cette invite à «l’examen des consciences» .Toutefois, l’auteur de «l’Aventure ambiguë» et de «Le Gardien du temple» ne tombe pas pour autant dans le découragement. C’est pourquoi, il réitère l’appel lancé à Me Abdoulaye Wade et à ses compagnons. «Je souhaite qu’ils rejoignent les Assises ; ça peut faire du bien», estime l’ancien ministre sous le magistère des socialistes.
Interrogé sur le possible usage des conclusions de ces Assises par le régime libéral, comme l’a laissé entendre Me Wade, lors de la visite du Khalife général des Mourides au Palais, Cheikh Hamidou Kane est d’avis que «l’applicabilité des conclusions dépendra de leur pertinence».
M. Kane a aussi jeté son œil de patriarche sur la situation politique du pays. Après avoir convoqué l’histoire, il indique que l’expérience avérée des partis sur la chose politique, par rapport à certains pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire, devrait permettre la renaissance du régime parlementaire de ses cendres.
Egalement sondé sur le fait que le Bureau des Assises nationales devait se prononcer sur la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), comme politique de développement de Me Wade, Cheikh Ha-midou Kane s’empresse de clamer leur soutien à cette détermination d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Toutefois, il affirme avoir vu d’autres programmes des précédents gouvernements «avec plus de réussit». Ainsi, assure-t-il : «Diouf (Abdou Diouf : ancien président de la République) était plus placide que Wade. Lui qui avançait et qui fonçait pour atteindre ses objectifs.» Seulement, souligne M. Kane, il faut aujourd’hui repenser, et d’une manière plus rationnelle, la politique agricole du Sénégal.

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