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Giraga 2025 : Le Sénégal s’impose au cœur de la recherche mathématique africaine

Le Groupe interafricain de Recherche en Analyse, Géométrie et Applications (GIRAGA) a ouvert, ce mercredi 26 novembre 2025, un important séminaire de mathématiques qui réunit, tous les deux ans, des chercheurs africains et internationaux venus partager les résultats les plus récents de leurs travaux. Cette édition, qui prendra fin le 28 novembre, organisée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, accueille des mathématiciens du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, de la Guinée, de la RDC, du Rwanda et du Sénégal, témoignant de la vitalité d’un réseau scientifique dont l’histoire remonte à plus de quarante ans.


Rédigé par leral.net le Jeudi 27 Novembre 2025 à 16:43 | | 0 commentaire(s)|

Le professeur Bakary Manga, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques et directeur de l’Institut de Recherche sur l’Enseignement de la Mathématique, de la Physique et de la Technologie (IREMPT), est revenu sur la genèse de ce réseau en soulignant que « le Groupe interafricain de recherche en Analyse, Géométrie et Application est né de la volonté de nos aînés qui, en 1983, lors du colloque SIMPA, avaient constaté le cloisonnement des chercheurs africains et les difficultés rencontrées par les jeunes pour apprendre et développer des mathématiques de haut niveau dans nos pays ». Il a rappelé que « c’est à l’issue de ces discussions qu’a été proposée la création d’un séminaire biennal alternant entre le Cameroun et le Bénin », avant de préciser que « le premier congrès du séminaire Giraga s’est tenu à Yaoundé en 1986 et le second à Cotonou en 1988, où le nom GIRAGA a été officiellement adopté », a-t-il déclaré.

Le professeur Manga a ajouté que « depuis cette date, le séminaire se tient sans interruption tous les deux ans entre le Cameroun et le Bénin, jusqu’en 2019 où le Burundi a été intégré au groupe et a accueilli le séminaire ». Il a poursuivi en expliquant qu’« après le Burundi en 2019, le Cameroun en 2021 et le Bénin en 2023, les membres du GIRAGA ont proposé que le Sénégal accueille l’édition suivante », précisant que « la communauté mathématique sénégalaise a unanimement accepté d’intégrer le groupe, estimant qu’il était temps que le pays rejoigne cette dynamique scientifique ». « Cette édition 2025, la vingtième, marque donc la matérialisation de l’adhésion du Sénégal, avec un séminaire organisé à l’UCAD et regroupant toutes les universités publiques du pays », a-t-il dit. Il a également précisé que « quatre grands thèmes ont été retenus : les groupes de Lie et la dynamique, les problèmes de transport optimal, l’optimisation numérique et la modélisation, ainsi que les probabilités et statistiques », a-t-il conclu.

Arrivé du Bénin, le professeur Guy Deglas, mathématicien à l’Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques, a salué la participation sénégalaise en affirmant que « pour cette 25ème édition du groupe inter-africain de recherche en analyse, géométrie et application, le Sénégal peut apporter énormément et a déjà franchi un grand pas en intégrant le groupe et en organisant une rencontre qui est, sans aucun doute, un succès ». Il a souligné que « ce type d’événement offre un espace unique de rencontre pour les jeunes chercheurs africains, les mathématiciens confirmés et les étudiants, en permettant un véritable état des lieux de la recherche mathématique sur le continent et au-delà ». Il a conclu en rappelant que « la présence d’un Sénégalais, le professeur Diaraf Seck, au poste de secrétaire général de l’Union Mathématique Africaine est un atout majeur », a-t-il déclaré.

Pour sa part, le professeur Diaraf Seck, professeur titulaire de classe exceptionnelle, membre de l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal et secrétaire général de l’Union Mathématique Africaine, a insisté sur les enjeux fondamentaux liés au développement des mathématiques dans la société. « Vous savez, la mathématique est fondamentale dans tous les domaines scientifiques, et si elle ne se développe pas, il sera impossible de faire progresser les autres disciplines », a-t-il expliqué. Il a alerté sur une situation préoccupante en indiquant que « le pourcentage de bacheliers scientifiques est tombé à moins de 20 %, ce qui doit nous interpeller non pas pour nous lamenter, mais pour analyser et trouver des solutions », a-t-il déclaré.

Le professeur Seck a ensuite souligné qu’« une introspection est nécessaire, notamment sur les curricula, la méthode d’enseignement des mathématiques et les obstacles rencontrés par les élèves », ajoutant que « c’est seulement ainsi qu’un début de solution pourra émerger ». Il a également insisté sur le fait que « former de grands mathématiciens ne consiste pas à augmenter mécaniquement le nombre d’élèves, mais à assurer une base solide et un accompagnement patient des jeunes, qui ont un potentiel énorme ». « Si nous parvenons à susciter l’intérêt de cette jeunesse, nous pourrons augmenter le pourcentage de bacheliers scientifiques et encourager davantage d’étudiants à s’orienter vers les mathématiques supérieures ou la physique approfondie », a-t-il conclu.

Birame Khary Ndaw


Ousseynou Wade