leral.net | S'informer en temps réel

Grosse pagaille au Consulat du Sénégal à Paris ce lundi matin: les inscriptions sur les listes électorales retardées faute d'équipes complètes et d'organisation, colère noire des usagers et des parties prenantes


Rédigé par leral.net le Mardi 14 Février 2017 à 12:28 | | 0 commentaire(s)|

L'ambiance au consulat du Sénégal à Paris, ce lundi matin
L'ambiance au consulat du Sénégal à Paris, ce lundi matin

L'ambiance était chaude ce lundi à l'ouverture des opérations d'inscriptions sur les listes électorales. Celles-ci ont démarré très largement en retard et de façon chaotique, à cause notamment d'un criant manque de synchronisation dans la rotation des équipes techniques du ministère de l'Intérieur. Résultat: indignations des usagers sur place, mais aussi des parties prenantes dans le processus. Cette bulle explose dans un contexte où l'opposition et la société civile dénoncent depuis quelques semaines déjà un processus "aléatoire" et soupçonne même le consul général Amadou Diallo d'orchestrer une "fraude massive" au profit de son parti, l'Apr.

 

C'était la pagaille générale ce lundi matin au Consulat général du Sénégal à Paris. Plus de deux cents personnes y ont rendez-vous ce jour pour déposer leurs demandes de carte nationale d'identité et d'électeur. Certains ont pris leur rendez-vous depuis plus d'un mois, via le serveur dédié sur internet.


Très tôt ce matin, une centaine d'entre eux étaient déjà sur place, dans l'espoir de figurer parmi les premiers à être enrôlés. Mais ils seront déçus. Parce qu'à leur grande surprise, ils ont constaté que les équipes dédiées aux inscriptions n'étaient pas en place à l'ouverture à 9 heures.

 
Deux des quatre équipes ont terminé leur mission et  doivent rentrer à Dakar

La raison de ce couac est d'ordre organisationnel. En effet, deux des quatre équipes techniques du ministère de l'Intérieur qui se relaient habituellement au consulat ont terminé leur mission à Paris. Elles doivent rentrer ce jour-même à Dakar avec armes et bagages, à savoir leurs machines d'enrôlement et les piles de dossiers numérisés et en papier recueillis depuis le début de leur mission le 18 décembre dernier.

 


Lesdites équipes doivent être relayées à la rue Hamelin par deux autres en provenance de la capitale sénégalaise. C'est justement dans le timing de cette rotation que le bât blesse. En effet, la mission des sortants a expiré alors que leurs remplaçants ne sont pas encore opérationnels. Par exemple, ce n'est que ce lundi matin que la coordonnatrice d'une des équipes suppléantes a débarqué à Paris. D'Orly, elle prendra directement la route du consulat pour prendre son poste. Elle commencera son travail à 11 heures passées, le temps de s'installer.

L'agent consulaire, Thiobo Dia, a dû jouer le rôle d'essuie-glace pour frayer un passage à la dame. La deuxième équipe en provenance de Dakar, elle, est annoncée "à partir de demain".


Pendant ce temps, les équipes sur le départ embarquaient dans un van leur matériel et les dizaines de cartons lourds contenant les dossiers. Faute de chariots, ils ont dû recourir, aidés par des agents du Consulat, au système D. Ils empilaient des cartons sur un siège de bureau de fortune- avec une roue cassée- pour le pousser tant bien que mal jusqu'à l'extérieur.


Le personnel n'est pas au complet

Mais les opérations auraient pu démarrer à l'heure habituelle, puisqu'il restait encore deux machines d'enrôlement au consulat. Seulement, un autre problème s'est posé. Le personnel n'est pas au complet, selon nos informations.   


C'est devant ce fait accompli que la centaine de Sénégalais qui s'étaient précipités au consulat tôt le matin ont été mis. Les opérations d'enrôlement n'ayant toujours pas démarré à 9 heures passées, ils ont demandé des explications. On leur a fait comprendre que les "installations sont en cours".

Conséquence: grosse tension dans le grand hall du rez-de-chaussée qui abrite les inscriptions. Une occasion saisie par les usagers pour dénoncer le "manque d'organisation" au consulat.

En ligne de mire des critiques, le consul Amadou Diallo, qui était absent sur les lieux toute la matinée. Pendant ce temps, d'autres usagers, face à l'incertitude et au manque d'informations, avaient rebroussé chemin très en colère, pour vaquer à leurs occupations.


On aurait pu éviter cette situation

D'autres qui avaient rendez-vous comme eux ont eu la chance d'être prévenus tôt le matin de la situation de blocage. Pour ne pas "venir pour rien", ces derniers sont alors restés chez eux. Pour eux, ce lundi est un double échec: non seulement ils ont perdu une journée de travail, mais ils n'ont donc pas pu s'inscrire. Ils vont donc devoir reprendre rendez-vous.

 "On aurait pu éviter cette situation si le consul avait eu le sens de l'anticipation, en faisant de sorte que les équipes remplaçantes puissent d'abord arriver et passer au moins un jour avec les sortantes avant que celles-ci ne rentrent à Dakar", dénonce un membre de la commission d'inscription très en colère. 


"C'était un marigot ce matin quand je suis arrivé", ironise ce responsable politique. "Heureusement que tout est maintenant rentré dans l'ordre, mais c'était vraiment chaud ce matin", complète Arona Timéra, le représentant du Grand Parti de Malick Gackou.


Cependant, au-delà du retard à l'allumage de ce matin, d'autres usagers fustigent le système de rendez-vous mis en place par les autorités consulaires. "Moi je ne vois pas l'intérêt de donner des rendez-vous aux gens si c'est pour qu'ils viennent passer toute une journée ici", s'insurge ce quinqua noir de colère. "Le consulat aurait pu organiser les rendez-vous en horaire de passage de chacun.

Comme ça au moins le gens ne vont pas perdre toute une journée", appuie Abdoulaye Diallo, qui, à midi, attendait toujours son tour alors qu'il est sur place depuis 7 h du matin. 


Finalement, les opérations, un temps très incertain, ont pu démarrer lentement, et en deux temps. D'abord, face à la colère des Sénégalais sur place, un fonctionnaire du ministère de l'intérieur tenait la boutique. Pour calmer les esprits, il a ainsi commencé l'enrôlement avec les moyens du bord. D'après nos informations, il a dû appeler à la rescousse certains agents qui étaient au repos aujourd'hui, afin qu'ils viennent "dépanner". Ce n'est que vers 10h30 que les opérations ont finalement pu démarrer réellement.

Avant que l'équipe en provenance de Dakar ne prenne ses marques à son tour, après 11 heures.

 

Pluies de soupçons sur le Consul

Cet incident est survenu dans un contexte où les partis politiques et la société civile dénonce régulièrement une certaine "léthargie" dans le mode de ventilation de la commission d'inscription en région parisienne et en province. Pour eux, ces dysfonctionnements sont de la faute du Consul Amadou Diallo,  qu'ils soupçonnent d'orchestrer une « fraude massive » au profit de son parti, l'Alliance pour la république (Apr, pouvoir). 

« Je déplore la pratique pernicieuse et ignoble du consul général du Sénégal à Paris qui est la personne morale de la commission administrative pour les inscriptions sur des listes électorales (…) », écrit le mandataire titulaire du Parti démocratique sénégalais (Pds) en France, Famara Diockou, dans un communiqué parvenu à Afrique Connection.


« J'ai constaté beaucoup de failles, de manquements (…) Le Pds est complètement écarté du processus des inscriptions en France (…) Le consul a décidé unilatéralement d'aller à Boulogne et à Drancy sans que je sois tenu informé du déplacement de la commission administrative itinérante », précise Famara Diockou.

 
Il y a problème

Avant de s'interroger : « Comment pourrais-je donc mandater un représentant du parti dans tel ou tel autre lieu si moi-même je ne suis pas informé ? Alors qu'en même temps ce sont les responsables l'APR qui reçoivent les membres de la commission administrative. Ces derniers vont vers leurs militants pour passer l'information et dresser une liste avant au détriment des autres militants des partis d'opposition. Il y a donc problème.»

 Diaspora Plurielle (société civile) abonde dans le même sens:« Aucun contrôle de ces déplacements "sauvages" sans la présence des parties prenantes. Qui nous garantit la traçabilité de ces inscriptions JUSQU’À TARD DANS LA NUIT sans la présence des parties prenantes en dehors des vendus de la république ? », conclut-il.

Afrique Connection