Guerre Israël-Gaza: «La position du Hamas est très critique»

RFI : Comment comprendre la réponse apportée par le Hamas à la proposition américaine ?

Reham Owda : La position du Hamas vis-à-vis de la proposition de cessez-le-feu de Witkoff est une sorte de « oui, mais ». Autrement dit, le Hamas a dit oui au cadre général de la proposition en acceptant la libération de dix otages israéliens et un cessez-le-feu temporaire de 60 jours. Cependant, il suggère certaines modifications à la proposition afin de garantir la fin de la guerre israélienne à Gaza au terme de ces 60 jours et la libération des otages israéliens par phases et non en une semaine. Le Hamas suggère également de créer un comité national pour gouverner la bande de Gaza après la fin des 60 jours. Cela qui signifie qu'il souhaite participer au processus de planification concernant l'avenir de la bande de Gaza et les plans concernant l'après-guerre, ce qui n'est pas accepté par Israël.

Quelles sont les priorités du Hamas ?

Ces priorités aujourd'hui sont de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, de forcer Israël à retirer ses troupes de tout le territoire et de permettre l'accès de l'aide humanitaire et l'accès des personnes via le passage de Rafah. Mais le mouvement cherche aussi à être consulté pour les plans concernant l'avenir de la bande de Gaza : à savoir la création d'un comité national ou d'un gouvernement de technocrates chargé d'administrer la bande de Gaza et de poursuivre les plans de reconstruction.


Est-ce que le Hamas ne se trouve pas en mauvaise posture ?

La position du Hamas est en effet très critique, car il est actuellement sous deux types de pressions. La première, c'est la pression publique des habitants de Gaza. Ils souffrent de la guerre agressive d'Israël qui a entraîné des tueries massives de civils, notamment des femmes et des enfants, et a causé une famine massive. Ensuite, il y a la pression régionale. Le Hamas doit coordonner ses actions avec l'Iran. Or, accepter la proposition actuelle sans aucun engagement de la part des États-Unis et d'Israël [à mettre fin à la guerre après les 60 jours, Ndlr] permettrait à Netanyahu d'atteindre une grande partie de son objectif de guerre lié à la libération des otages. Cela renforcera sa position politique parmi le public israélien et lui donnera 60 jours pour se concentrer sur l'attaque des installations nucléaires en Iran. Ainsi, ni le Hamas ni l'Iran ne sont intéressés à renforcer la position de Netanyahu et travaillent, au contraire, à faire tomber son gouvernement actuel.

RFI