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Harouna Gallo Bâ, président de l'Union nationale des élèveurs: "Les moutons seront là en qualité, en quantité et surtout aussi à bon prix"

La Tabaski approche à grands pas. Une fête synonyme de nuits blanches pour nombre de chefs de familles qui ont une double crainte : l’accessibilité et la disponibilité du mouton. Président de l’Union nationale des organisations des éleveurs du Sénégal (Unoes), Harouna Gallo Bâ tient à les rassurer sur ces deux points. Dans cet entretien accordé à Wal Fadjri, le patron des éleveurs a aussi donné des assurances quant aux mesures prises par l’Etat pour sécuriser les points de vente et mettre les «téfankés» dans de bonnes conditions.


Rédigé par leral.net le Vendredi 11 Septembre 2015 à 16:24 | | 1 commentaire(s)|

Harouna Gallo Bâ, président de l'Union nationale des élèveurs:  "Les moutons seront là en qualité, en quantité et surtout aussi à bon prix"


Wal Fadjri : L’Etat avait donné des assurances fermes pour dire que les marchés seraient correctement approvisionnés en mouton de Tabaski. A quelques semaines de l’évènement, pensez-vous que les craintes des chefs de familles seront dissipées ?

Harouna Gallo BA : En tant que Président de l’Union nationale des organisations d’éleveurs du Sénégal (Unoes), je confirme que les mesures envisagées seront respectées à la lettre. Et je suis bien placé pour le dire. Toutes les dispositions sont prises pour que chaque Sénégalais passe tranquillement sa fête de Tabaski. Ce, dans de bonnes conditions et sans peine majeure.

Peut-on dire que tout Sénégalais peut disposer d’un mouton quel que soit son niveau de revenu ?

Nous sommes tous des musulmans. Et, c’est cela que nous souhaitons à tout musulman de ce pays. Que chacun dispose d’un mouton à un prix très abordable. Compte tenu de toutes les dispositions prises par l’Etat du Sénégal et des engagements des éleveurs, je puis vous assurer qu’il y a des garanties certaines que chaque musulman aura son mouton. Tous les engagements pris lors des différentes rencontres avec Mme le ministre de l’Elevage seront respectés à la lettre sur le terrain du point de vue sécurité, finances, aliments de bétail, etc. Les moutons sont déjà sur le marché. Ils viennent du Mali, de la Mauritanie…

Quelle est la quantité de moutons attendue sur l’étendue du territoire national ?

Au total, ce sont 742 mille moutons qui sont attendus. A ce jour, plus de 80 % sont déjà présents sur le territoire national. Et, n’oubliez pas que, l’année dernière, il y a eu des invendus qui vont se retrouver encore sur le marché. Cela veut dire, tout simplement, que, à notre niveau, il n’y a aucune inquiétude. Même les gens ayant des revenus très faibles et qui ont des craintes liées à l’approvisionnement peuvent être tranquilles. Les moutons seront là, en qualité, en quantité et surtout aussi à bon prix. Actuellement, nous avons même été obligés de renforcer nos différents points de vente à travers le pays. Par exemple, dans le Dahra Djolof, Kaffrine, vers Ngoundiane, Linguère et dans d’autres zones du pays.

«Toutes les dispositions sont prises pour que chaque Sénégalais passe tranquillement sa fête de Tabaski»

Le Sénégal est toujours approvisionné en mouton par le Mali et la Mauritanie. Envisagez-vous des alternatives ?

J’avoue que, cette année, pour satisfaire les populations, nous sommes même allés chercher les moutons au Niger, au Burkina Faso et dans d’autres pays de la sous-région. C’est vous dire que nous nous sommes préparés à l’avance pour véritablement satisfaire la demande. La tournée que nous avons effectuée avec Mme le ministre de l’Elevage prouve à suffisance que tout se déroule comme prévu. En tout cas, dans les points de vente que nous avons visités.

Les éleveurs se plaignent souvent d’être dans des conditions difficiles. Notamment, une certaine insécurité dans laquelle ils exercent leur travail. Qu’en est-il pour cette année ?

Ce sont des choses qui arrivent très souvent. On n’est jamais satisfait à 100 %. N’oubliez pas aussi que la plupart des points de vente se trouvent très souvent dans des périmètres communaux. Nous avons ensemble discuté de ce genre de problèmes. Et, nous avons trouvé des solutions pour y remédier. Mais, aussi, pour permettre aux éleveurs d’exercer dans les meilleures conditions. L’Etat veille au grain. Les voleurs et agresseurs qui tenteront des coups seront mis hors d’état de nuire. On ne peut pas accepter que des gens mal intentionnés dépouillent des éleveurs qui ont passé des années à élever leur bétail à quelques jours de la Tabaski. Il faut rappeler que ces éleveurs font un travail extrêmement important pour le pays. Sans eux, les Sénégalais allaient passer une fête très difficile. Donc, au lieu de penser à les agresser, il faut les aider à faire correctement leur travail.

La Tabaski arrive. Une occasion pour des «éleveurs du dimanche» d’infiltrer votre secteur. Que leur dites-vous ?

La même chose que je dis à mes autres collègues éleveurs professionnels : se conformer aux normes. Il faut aussi savoir que nous sommes dans un marché ouvert. Tout le monde y a sa part. C’est le marché qui va s’autoréguler naturellement.

Vous êtes aussi un professionnel de la viande. Qu’est ce qui explique la hausse du prix de cette denrée ?
Il faut savoir que le Sénégalais est l’un des plus grands consommateurs de viande au niveau de la sous-région. Chez nous, la demande est beaucoup plus forte que l’offre. Aucun Sénégalais ne reste quelques jours sans consommer de la viande. Mais, c’est la période qui est difficile pour les éleveurs et pour le bétail. Les mois de juillet-août sont souvent difficiles. Ce, du fait de la soudure et des difficultés liées aux pâturages. Vous savez que les aliments de bétail ne peuvent pas nourrir plus de mille têtes. Et, il y a des éleveurs qui ont plus de mille têtes. Il faut être un vrai éleveur pour connaître leurs difficiles conditions de vie.

Vous êtes aussi souvent confrontés à un problème de surproduction laitière. Vu le manque d’unités de conservation, des éleveurs en arrivent à verser des hectolitres de lait dans la nature…

Sur ce point, il faut saluer les efforts de l’Etat qui a beaucoup fait pour nous aider à y remédier. Mais, il faut que les gens réfléchissent et s’organisent davantage en défendant ensemble les mêmes causes. Cela pourrait aider non seulement à moderniser le secteur, mais surtout à trouver des points d’accord communs qui pourront en quelque sorte faciliter certaines prises de décisions.

La profession d’éleveur était dévalorisée. L’éleveur étant décrit sous des traits peu reluisants. Sentez-vous un léger mieux ?

C’est vraiment le lieu de rendre hommage au président de la République, Macky Sall. C’est sous son régime que l’on a vu, pour la première fois, un éleveur prendre le micro et s’adresser sans intermédiaire à la première institution de ce pays. Aujourd’hui, nous nous sentons valorisés. Macky Sall a initié la journée de l’éleveur qui est une occasion de poser sur la table les problèmes de l’élevage et de l’éleveur et voir ensemble les moyens de les résoudre.

Sous quel régime avez-vous senti le plus d’amélioration ?

Abdou Diouf a fait de son mieux. Abdoulaye Wade a, également, beaucoup fait pour les éleveurs. Sous Macky Sall aussi, on a noté une meilleure organisation du secteur. Il y a eu une nette valorisation du secteur. En ce qui concerne l’aliment de bétail, seulement, ce sont 6 milliards de subvention qui ont été injectés dans le secteur. L’aliment de bétail a été subventionné par l’Etat. Cette année, pour résorber le déficit existant en aliment de bétail, il y aura des cultures fourragères. Donc, tout compte fait, avec le Président Macky Sall, nous avons senti une nette amélioration de nos conditions de travail. Le tout, avec, à la mise en œuvre, Mme Aminata Mbengue Ndiaye que nous sentons vraiment à nos côtés.

Pour cette année, peut-on connaître les prix retenus pour l’achat d’un mouton par un sénégalais lambda ?
Il y en a pour toutes les bourses. Les prix varient entre 40 000, 100 000 et 200 000 Cfa. Et, ils dépendent de la qualité du mouton.

Walfadjiri