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Hommage de Dr. Macodou Fall à Serigne Makhtar Dienne


Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Septembre 2025 à 20:53 | | 0 commentaire(s)|

« Discret qu’il était, il s’est pourtant éteint sous le regard de tous, à la suite d’un accident survenu dans la nuit du mercredi 27 août entre Khombol et Thies, sur l’autoroute à péage Ila Touba. Le lendemain, 28 août, il fut porté en terre à Touba-Bakhiya, ce cimetière dont le nom porte celui de al-Baqī, le plus ancien cimetière islamique de Médine où reposent plusieurs des proches compagnons du Prophète (paix et salut sur lui).

Il est difficile de parler de Serigne Makhtar, et tout aussi difficile d’évoquer sa mémoire tant il y aurait à dire sur lui. Cependant, pour les besoins de ce texte d’hommage, je vais uniquement me consacrer à ce qui lui était le plus cher, au-delà de tout : l’éducation des enfants. Peut-être, à une autre occasion, reviendrai-je sur notre relation personnelle longue de vingt-trois années, ainsi que sur ses réalisations et ses œuvres caritatives et sociales.

Notre histoire remonte à 2002, lorsqu’il venait tout juste de s’installer à la cité Fadia, aux Parcelles Assainies de Dakar, là où ma famille vivait depuis 2000. Durant toutes ces années (2002-2025), il fut pour moi bien plus qu’un guide : un mentor attentif, un ami fidèle, un repère constant, dont les conseils et les actions quotidiennes servaient de phare dans mes moments de doute les plus profonds.

Jamais il n’a voulu être identifié comme un serigne (guide spirituel en Wolof), préférant plutôt les terme compagnon ou condisciple dans la voie tracée par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), fondateur du mouridisme. Il répétait souvent que le mot serigne prêtait à confusion, car il pouvait laisser croire qu’il se plaçait au-dessus du disciple, alors qu’il se voyait lui-même en quête permanente de baraka (bénédiction en Arabe). Cette humilité demeure l’un des traits les plus marquants de son héritage en plus de son dévouement constant pour l’éducation des garçons comme des filles.

Dans ce texte, en hommage à Serigne Makhtar Dienne, je m’intéresse plus à sa vision et à sa conception de l’éducation. Je parlerai tout d’abord de la genèse de sa daara (école coranique), puis des difficultés rencontrées entre 2004 et 2012, avant de revenir sur la consolidation de ce projet entre 2012 et 2016. Je vais par la suite discuter du renouveau de la daara grâce à l’accompagnement pédagogique d’un certain Serigne Khadim Niang en 2016, suivi de la création de l’École Franco-Arabe Keur Mame Awa Lo en 2022 et, enfin, de la mise en place de l’École des Métiers (Complexe Keur Mame Awa Lo) entre 2022 et 2025, visant à assurer une éducation holistique. Je termine cet article par une petite réflexion sur les principes et l’héritage pédagogique laissés par Serigne Makhtar, en particulier sur sa volonté de former des jeunes intégralement éduqués, tant sur le plan religieux qu’intellectuel et professionnel.

Genèse d’une daara tradi-moderne (2004-2012)

Quelques années après s’être installé au quartier Darou Marnane de Touba en 2000, Serigne Makhtar divisa sa maison de 600 m² en trois parties : 150 m² pour l’habitation, 150 m² pour la cour, et 300 m² laissés vacants à l’époque. L’idée d’y construire une daara était déjà présente en lui, mais tout se fit de manière progressive. Dans l’espace réservé à la cour, il aménagea d’abord un petit mbaar (une école de fortune en bois et zinc entourée d’une clôture) où il enseignait le Coran à ses deux (très) jeunes enfants, ainsi qu’à son homonyme Makhtar, fils de son grand frère Ibrahima, qui n’avait même pas encore 10 ans. À ce premier groupe vinrent s’ajouter trois autres disciples : deux frères, Cheikh et Fallou Cissé (puisse la terre lui soit légère), confiés à Serigne Makhtar par leur grand-mère connue sous le nom de Mère Beugue Fallou qui habitait alors juste en face du lycée Seydina Limamou Laye des Parcelles Assainies (ex-LPA), et un autre du nom de Alla, fils de Gora Pène, qui résidait à l’époque en Italie mais avait une maison à Cambérène, dans la région de Dakar.

Au lieu d’engager un enseignant particulier pour ses enfants et disciples qui lui étaient confiés, il choisit de se tourner vers les serigne daara (enseignants du coran) déjà établis dans le quartier, un certain Serigne Cissé et un autre du nom de Al-Hajj Sylla qui avait sa daara dans le quartier Ndienne Gar Bou Mag. Ne voulant pas apparaître comme concurrent, surtout après s’être récemment installé dans ce nouveau quartier, il leur confia tous ses talibés ou ndongo daara (disciples ou élèves). Ce n’est qu’en 2006 qu’il décida de confier tous ses enfants et disciples à Serigne Cissé qui vivait non loin de sa maison à Darou Marnane. Il prit ainsi entièrement en charge à la fois les vivres de Serigne Cissé en plus d’un salaire mensuel qu’il lui assurait pour que ce dernier puisse surtout mettre fin à la mendicité de ses talibés.

Cependant, entre 2006 et 2007, Serigne Makhtar fut quelque peu déçu des progrès de ses disciples dans leur apprentissage du Coran. Vers la fin de l’année 2007, il décida d’agrandir le mbaar installé dans la cour de sa maison afin de mieux superviser l’éducation de ses disciples et de ses enfants. Il recruta alors des enseignants, qui poursuivirent l’instruction jusqu’à ce qu’il entreprenne, entre 2008 et 2012, la construction progressive d’une, puis deux, et enfin trois salles de classe sur l’espace de 300 m² jusque-là inoccupé.

Après de nombreuses difficultés et d’importants sacrifices matériels et financiers, il retrouva espoir grâce aux performances d’un enseignant du nom de Serigne Mame Mor. Bien que d’une lenteur relative, ce dernier parvenait à faire progresser les enfants dans leur apprentissage du Coran. Ce succès raviva la détermination de Serigne Makhtar qui, à la fin de l’année 2011 et au début de 2012, prit la décision d’ériger un immeuble de type R+3 pour la daara, en lieu et place des trois salles de classe. C’est ainsi qu’il jeta les bases de la daara al-Qur’ān, qui allait plus tard donner naissance au Groupe Scolaire Franco-Arabe Keur Mame Awa Lo.

Débuts difficiles entre 2012 et 2016

Entre-temps, Serigne Mame Mor s’installa à Dakar, ce qui obligea Serigne Makhtar à chercher de nouveaux enseignants pour sa toute jeune école coranique. Il essaya avec plusieurs maîtres coraniques, mais ne fut satisfait, ni de la qualité de l’enseignement de certains, ni de la lenteur dans l’apprentissage des talibés. Il en changea tour à tour, au point de songer à abandonner le projet, disant souvent qu’il ne voulait pas « faillir » vis-à-vis des parents des talibés, même si ces derniers ne contribuaient que par un modeste barkeelu (participation financière) pour les frais de scolarité de leurs enfants.

Pratiquement toutes les charges reposaient sur lui. Il les assumait en grande partie grâce aux revenus de sa ferme moderne située à Thiès, à la sortie de la route 50, mais aussi grâce aux récoltes des champs qu’il cultivait à Ndoulo, non loin de Touba et gérés par un de ses disciples, Mouhameth Gningue.

2016 : Un nouveau souffle pour la daara

Après de nombreuses difficultés et avoir presque songé à abandonner le projet, Serigne Makhtar se mit à chercher une alternative pour l’éducation de ses enfants et disciples. Il envisagea de les orienter vers une autre daara réputée, et recommanda même aux parents de rechercher une autre école coranique, car il ne voulait en aucun cas leur faire défaut.

C’est ainsi qu’un certain Serigne Khadim Niang, connu pour sa réputation d’éducateur accompli, lui fut recommandé. Il prit directement contact avec ce dernier et lui expliqua les raisons qui l’avaient poussé à chercher une nouvelle daara pour ses enfants et disciples.

Serigne Khadim, ne voulant en aucun cas la fermeture de la daara, refusa d’accueillir les protégés de Serigne Makhtar dans sa propre école coranique. Il lui recommanda au contraire de ne jamais fermer sa daara, même s’il ne lui restait qu’un seul disciple.

Face à ce conseil et au désintéressement apparent de Serigne Khadim Niang, Serigne Makhtar décida de lui confier l’ensemble de son projet. Toutefois, avant d’accepter de l’accompagner, Serigne Khadim posa une condition : aucune ingérence de la part de Serigne Makhtar, le temps nécessaire pour lui de redresser la daara. Ce dernier accepta volontiers et se mit à apprendre auprès de Serigne Khadim comment gérer une daara internat.

C’est ainsi que Serigne Khadim Niang confia la direction de la daara à un de ses protégés du nom de Alé Niang, et recruta plus tard d’autres enseignants (Cheikh Bousso, Abdoul Ahad Sylla, Abdou Khadr Lo Imam, Sokhna Diarra Gadiaga, et Abdoul Ahad Lo). Ensemble, ils réussirent à former une première promotion entre 2016 et 2019. Depuis cette première promotion, la daara n’a cessé de produire d’excellents résultats chaque année, et l’intérêt des parents pour l’école s’est constamment ravivé.

2022 : Naissance de l’Ecole Franco-Arabe Keur Mame Awa Lo

Après les premières promotions dirigées par Serigne Khadim Niang entre 2016 et 2019, puis entre 2019 et 2021, dont les talibés avaient mémorisé le Coran, la plupart d’entre eux retournèrent chez leurs parents, tandis que d’autres (9 au total, y compris deux des enfants de Serigne Makhtar) restèrent auprès de lui pour poursuivre leur majālis ou éducation religieuse. C’est dans ce contexte de transition que prit forme, en 2021, son projet de création d’une école Franco-Arabe.

Bien avant trois premières promotions sous Serigne Khadim Niang, son homonyme Makhtar et quelques de ses disciples avaient déjà maîtrisé le Coran auprès de divers enseignants. Après leur mémorisation du coran, ils poursuivaient à la fois leur majālis chez lui et étaient également inscrits dans une école à l’école Khaly Mdiakhate Kala de Mbacké. Serigne Makhtar Dienne considérait souvent l’éducation post-daara de ses premiers disciples comme un échec relatif. Il comprenait cependant que la distance entre l’école sise à Mbacké et sa maison à Darou Marnane, ainsi que le suivi limité qu’il pouvait assurer, constituaient un frein à leur réussite.

C’est ainsi qu’il prit la décision de constituer un dossier administratif afin d’implanter, au sein même de sa maison, une école franco-arabe destinée à accueillir tous les talibés sortant de sa daara. Désireux de séparer la daara de l’école franco-arabe, il fit construire un studio sur le toit de son espace d’habitation et déménagea du premier étage où il vivait, afin de consacrer cet espace à l’école. Le premier niveau comprenait désormais deux salles de classe et un bureau pour les enseignants, en plus d’un salon qui servait de mosquée.

Au début, il s’agissait d’un cursus accéléré : l’enseignement dans l’école franco-arabe couvrait chaque année l’équivalent de deux niveaux scolaires. Mais avec les résultats encourageants obtenus sous la direction de Serigne Khadim Niang, l’école franco-arabe attirait de plus en plus d’élèves, au point qu’il devenait difficile de les accueillir tous dans le même espace à l’intérieur de sa maison.

C’est dans ce contexte que Serigne Makhtar acquit un terrain d’environ 3 000 m², situé en face de la mosquée Serigne Khabane Mbacké, dans le quartier de Mboussobé, non loin de sa maison. Il en consacra 1 800 m² à l’implantation de l’école franco-arabe qui, à partir d’octobre 2022, proposa désormais un cycle complet allant de l’élémentaire au secondaire. Quant au reste du terrain, l’idée initiale était d’y aménager un espace destiné aux épreuves d’éducation physique des élèves.

Avec cette nouvelle école, il expliquait souvent qu’elle devait servir d’outil permettant de contribuer à couvrir les charges de la daara, dont il n’attendait aucun revenu, la considérant comme un lieu de khidma (service spirituel) et donc gratuite. Toutefois, sur ce point, Serigne Khadim Niang exprima son désaccord et fixa les frais mensuels à 15 000 F CFA, afin de permettre à chaque parent de contribuer à l’éducation des enfants comme un barkeelu, plutôt que de laisser Serigne Makhtar instaurer une gratuité totale au sein de la daara.

2025: Naissance de l’école des métiers Complexe Keur Mame Awa Lo

La création de l’École des Métiers du complexe Keur Mame Awa Lo en 2025 n’était pas initialement prévue, mais bien le résultat d’un concours de circonstances.

En février 2022, un événement apparemment mineur survint au sein de la daara et concerna l’un des disciples ayant déjà mémorisé le Coran : Ameth Fall. Son père, estimant que son fils aîné devait désormais assumer la relève familiale, décida de le retirer de la daara pour l’orienter vers l’apprentissage d’un métier. Je garde encore en mémoire ce jour : j’étais alors à Touba, dans le cadre de mon travail de terrain pour ma thèse de doctorat sur l’interprétation de la poésie islamique chez les mourides, une thèse que je viens tout juste d’achever à l’Université de Floride, aux États-Unis.

Désireux de gérer cette situation en toute discrétion et sans alerter Serigne Makhtar, Alé Niang entreprit d’aller rencontrer le père d’Ameth Fall afin de le convaincre de laisser son fils poursuivre ses études de majālis et de continuer sa scolarité dans l’école franco-arabe. Mais ses efforts restèrent vains. Finalement, il fallut une série de discussions directes entre Serigne Makhtar et le père d’Ameth Fall, dont un tête-à-tête, pour que ce dernier accepte le retour de son fils à la daara. Ameth était un élève brillant, issu de la première promotion 2019 de l’école franco-arabe. C’est dans ce contexte que Serigne Makhtar prit un engagement auprès du père d’Ameth : celui de réaliser, en temps voulu, le souhait qu’il avait pour son fils, à savoir l’apprentissage d’un métier en complément de sa formation religieuse.

Cet engagement personnel constitua l’une des principales raisons qui menèrent à la création de l’École des Métiers du complexe Keur Mame Awa Lo. Je me souviens qu’à mon retour à Dakar, fin février 2022, Serigne Makhtar m’invita chez lui à Yoff pour me parler d’un projet dont je n’avais encore aucune idée. Il me confia qu’il disposait d’environ 1 200 mètres carrés dans sa nouvelle école, et souhaitait que je réfléchisse avec lui à la possibilité d’y intégrer une École des Métiers. J’ai accueilli cette initiative avec enthousiasme et, aussitôt, j’ai pris contact avec deux de mes amis : le Dr Souleymane Ndao, alors chargé des programmes à l’Institut Supérieur de Management de Dakar, et Vieux Touré, qui occupait à l’époque le poste de coordonnateur académique de la DAUST (Dakar American University of Science and Technology), afin de leur soumettre l’idée initiale. À cette époque, nous en étions encore à l’étape de réflexion pour le projet de l’école des métiers, et Serigne Makhtar sollicita par la suite les conseils de plusieurs autres experts afin de réaliser ce projet, prévu dans l’espace qui était réservé à l’éducation physique des élèves de l’école franco-arabe. Les travaux commencèrent après mon retour aux États-Unis, au début de l’année 2023, et furent entièrement achevés en juin 2025.

S’il y a une raison qui a véritablement poussé Serigne Makhtar à créer l’École des Métiers, je dirais que c’est avant tout son désir de trouver une solution à la question de l’éducation post-daara des talibés des écoles coraniques. L’une des choses qu’il supportait le moins à Touba était de voir des enfants errer dans la ville : certains contraints de mendier, d’autres livrés à eux-mêmes, sans qualification, après avoir passé des années à fréquenter les écoles coraniques. Sa khutba (sermon) prononcée lors de la dernière fête de Korité (Eid el Fitr 2025) portait effectivement sur ce sujet.

Quelques leçons à tirer de la vie de Serigne Makhtar Dienne

Lors de la cérémonie de prières dédiée à Serigne Makhtar Dienne, le vendredi 29 août 2025, Serigne Youssou Dienne, fils de Serigne Naar Dienne et l’un de ses plus fidèles amis, avec Serigne Moustapha Mbacké Mame Mor, déclara en wolof : “Serigne Makhtar dafa doon seentu cëru mag, moo ko yobbe fitna bimu nekkewoon yëpp” (Serigne Makhtar était en quête de la bénédiction dont jouissaient les anciens ; c’est pourquoi il ne se reposait un seul instant).

Ce dernier point est important pour plusieurs raisons. Dans la voie soufie, une telle bénédiction ne peut s’acquérir qu’à travers la himma ou ou yitte ju kawe en Wolof, c’est-à-dire une ardeur spirituelle élevée, soutenue par la persévérance et un engagement constant.

Je dirais que c’est cette himma qui a conduit Serigne Makhtar à vouloir contribuer aux nouvelles orientations de l’éducation initiées par le Khalife Général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacke, à travers la nouvelle Université, le Complexe Cheikhoul Khadim de Touba, ainsi qu’au remarquable travail de réforme du système éducatif de Touba entrepris depuis plusieurs années maintenant par Serigne Mame Mor Mbacké Mourtada. En réalité, le travail de Serigne Makhtar s’inscrivait dans une logique de décentralisation de ces projets de réforme au niveau des quartiers de Touba, bastions des daaras, mais de manière inclusive, permettant aux talibés de bénéficier d’un parcours complet : depuis leur initiation au Coran et aux sciences islamiques, jusqu’à l’enseignement dans les écoles franco-arabes, puis la formation professionnelle, le tout sans quitter la daara.

Ceci rappelle un contexte bien connu dans le mouridisme, que l’on peut qualifier de tajdīd (renouveau) de Cheikh Ahmadou Bamba. En effet, en 1883, après le décès de son père, Mame Mor Anta Sali, à Mbacke Kajoor, Cheikh Ahmadou Bamba initia un mouvement de renouveau qui donnera naissance à ce que l'on appelle aujourd'hui l'ordre Soufi des Mourides, le Mouridisme ou la confrérie des Mourides. Ce mouvement marqua ainsi une rupture dans l’approche éducative jusque-là prédominante en Sénégambie (focus sur les livres), répondant aux besoins d’une nouvelle génération de disciples et posant les bases d’une pédagogie soufie rénovée.

C’est dans ce cadre que Cheikh Ahmadou Bamba mit en avant un processus de formation structuré, reposant sur plusieurs étapes et s’articulant autour de l’accompagnement de différents cheikhs : du cheikh de ta‘līm (instruction) à celui de tarbiya (éducation spirituelle), en passant par les dimensions interconnectées de la tarqiya (ascension) et de la tasfiya (perfection). Le savoir transmis à travers la tarbiya est ainsi indissociable de cette dynamique d’interconnectivité, devenant ainsi un vecteur de transformation intégrale de l’individu.

Il convient donc de comprendre que le projet éducatif de Cheikh Ahmadou Bamba vise avant tout à accompagner l’individu de manière holistique, vers une perfection qui ne se limite pas à la seule dimension spirituelle. Bien sûr, on peut également évoquer d’autres moyens éducatifs utilisés par le Cheikh, mais le centre de cette réflexion demeure la réforme du système éducatif actuel de Touba, qui constituait l’un des principaux objets d’attention de Serigne Makhtar Dienne.

Il s’agit là d’une question ouverte, et Serigne Makhtar ne s’est pas contenté de poser uniquement cette problématique ; il a également contribué à poser les bases de ce que j’appelle une décentralisation pratique de l’enseignement supérieur au sein des daaras. »

Dr. Macodou Fall











Ousseynou Wade