ISMAEL MADIOR FALL, PROFESSEUR DE DROIT CONSTITUTIONNEL:"L’idée de suppression du second tour se justifie par la chute de popularité du président"

"En instituant le suffrage universel direct en 1963, le Sénégal voulait que le président élu, soit représentatif et qu’il n’ y ait pas d’ambiguïté ou de doute sur sa représentativité. Il n’a jamais été question d’un président mal élu ", a rappelé en substance le professeur agrée en droit, Ismaïla Madior Fall, au cours de l’émission Opinion sur Walf Tv.

Le constitutionnaliste ne comprend pas dès lors, le désir de certains libéraux de supprimer le second tour et se demande comment peut-on modifier les règles du jeu si l’on sait que Wade a été élu grâce à ce mode de scrutin.

Poursuivant, Ismaïla Madior Fall , pense qu’une telle volonté s’explique uniquement par "la chute de la côte de popularité du président". Citant au passage l’exemple de Feu Omar Bongo Ondimba, président du Gabon, il argue que "si Wade a été régulièrement élu en 2007, la statistique électorale issue des élections locales du 22 mars montrent que le président sénégalais n’a pas atteint la barre des 50% .

Ainsi à ses yeux, les libéraux veulent éviter le syndrome de 2000 ayant fait perdre Abdou Diouf qui s’était retrouvé au second tour face à une grande coalition de l’opposition."On ne peut pas modifier la constitution pour des questions de contingence", fulmine Ismaïla Madior Fall qui néanmoins pense que si le second tour devrait être supprimé, le pouvoir devrait se concerter ou soumettre à la question à un referendum.

Par ailleurs, abordant la question du dialogue politique Ismaïla Madior Fall semble être en phase avec le chef de l’Etat qui théorise l’idée d’un dialogue ouvert aux différentes catégories socio-professionnelles. En effet, pour le constitutionnaliste, l’idéal n’est pas d’instaurer un dialogue entre politiques où, seules les questions électorales seront évoquées.

A son avis, "il est temps de décloisonner les protagonistes car la société civile, les organisations syndicales... ont une place à ce banquet". Ceci dira-t-il : " évitera de politiser le dialogue et permettra de diversifier les sujets". " Le dialogue doit être institué sur une plateforme minimale, et il n’est pas question de discuter du pouvoir de Wade, ni du passé de l’opposition. Il faut l’institutionnaliser et non attendre lorsqu’il y a décrispation", poursuit-il.

Concernant l’institution du poste de Vice- présidence de la République, le constitutionnaliste fait savoir qu’il y a une incompatibilité entre ce poste et le type de régime du Sénégal . "C’est inhérent en régime présidentiel car la mission du Vice-président est d’assurer la succession du pouvoir en cas de vacance du pouvoir", explique M. Fall. Avant de s’interroger : "dans un système avec un président et un Premier ministre qui coordonne l’action gouvernemental, quelle est alors la mission du vice président ?" Comme toute réponse, il déclare : " c’est une institution congrue. Ce n’était pas fondamental"