Il serait parti avec le reste du fonds de campagne: Mamour Cissé vivement recherché

Ainsi, en homme d’affaires très avisé, Mamour Cissé, le député devenu Ministre d’Etat, ne perdit pas du temps. A la faveur d’un Wade complètement dépassé par la tournure des événements, seuls quelques petits jours lui suffiront, pour arracher les fonds du parti, des mains du Président du Sénat. Et c’était vraiment pour le gérer, à sa manière, raconte-t-on. Quand, par exemple, le Président convoquait un nouveau souteneur, il le faisait venir et lui donnait des ordres. En général, des injonctions immédiates d’accompagner, financièrement, les nouveaux camarades, selon un barème qui varie, à la tête du client.
S’il s’agissait d’un député ou d’une personnalité de même acabit, cela tournait autour de 2 millions de frs. Rarement, plus de 5 millions de frs. Mais, quand le Président avait affaire à des leaders, des chefs de partis, des candidats indépendants qui ont fini par se rallier à ses côtés, les choses devenaient plus intéressantes. On parle de sommes pouvant aller de 10 à 50 millions de frs. Mais, une fois que Mamour retournera à son bureau, ce sera une autre affaire. Certes, le jour qui suit, ou le lendemain, il va fixer rendez-vous mais, ce sera pour mieux ferrer le poisson. Beaucoup de personnes ne parviendront plus à lui mettre la main dessus, même si leurs noms sont soigneusement inscrits dans l’agenda de Madame MBaye, la secrétaire du Président, ou dans le rôle de la maréchaussée. Serigne Thiam, candidat désabusé, raconte : « Je suis venu de France et j’ai mis toutes mes économies dedans. Une fois que j’ai rejoint le camp du Pds, le Président a donné à Mamour Cissé l’ordre de me rembourser mes frais et de m’aider à battre campagne. Il m’a alors fixé rv, une demi-douzaine de fois mais, n’en a pas tenus un seul. Et quand, en désespoir de cause, je me suis décidé à faire le pied de grue devant son bureau, comme de nombreux députés que j’ai trouvés sur place, il n’était même pas sur les lieux. Plus tard, il fermera carrément son portable, pour désamorcer toute tentative de lui mettre la main dessus. Depuis, je cours derrière ». Il n’y aurait pas que le seul ex-candidat des technocrates qui se sentirait ainsi bluffé, cependant. Matabara Diop, le Secrétaire général du SPD qui voulait reconquérir la banlieue, les responsables féminines Astou Kane et Ndoye de Yeumbeul et une fournée entière de députés libéraux qui attendaient une aide promise par Wade, pour aller à l’assaut des hommes de Macky, auraient connu le même sort. Il se dit même que la subvention destinée aux militants d’Espagne et qui avait été rognée par Mamour Cissé, pour ne plus faire qu’un tout petit million, n’aurait jamais été décaissée. Peut-être que c’est là, l’explication d’une partie de la déroute du Pds. Mais, à la manière du peuple sénégalais qui a soldé ses comptes avec le Président sortant, les victimes de Mamour Cissé attendent que Wade en fasse de même, avec son argentier. Sinon, elles promettent de lui faire la peau, à l’occasion.

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