Tournée en France et en Inde
«J’étais à Paris dans le cadre de la deuxième édition du Forum économique franco- phone. Je vous rappelle que la première édition avait lieu à Dakar aux lendemains du sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Car, pour nous, la Francophonie, ce n’est pas seulement la langue commune, un moyen de partage des valeurs universelles de la démocratie, de la liberté, de la diversité culturelle...Nous pensons que la Francophonie est un espace assez importante sur le plan économique puisqu’elle regroupe 20% des échanges mondiaux.
C’est donc un marché important qu’il faut organiser et c’est la raison pour laquelle Dakar a abrité le premier Forum. Paris devrait donc reprendre le relai. D’où cette rencontre qui a eu lieu en ma présence mais aussi à celle des Présidents gabonais et malgaches, du Secrétaire général de la Francophonie et bien sûr en présence des membres du secteur privé de nos pays respectifs. Nous avons beaucoup échangé sur les moyens à mettre en œuvre pour que cette Francophonie économique soit une réalité. Il fallait donc parler d’abord de la question de la mobilité pour que les hommes d’affaires, les étudiants bref les gens qui ont des choses à échanger puissent circuler librement dans tout l’espace francophone. Nous avons eu des engagements profonds du gouvernement français à travers son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ils portent sur des mesures nouvelles pour l’allègement de l’octroi des visas. Je pense que nous sommes bien partis pour donner une vocation nouvelle à la Francophonie.»
«En marge de ce Forum, nous avons rencontré plusieurs entrepreneurs présents au Sénégal ou intéressés d’y investir. Il s’agit notamment de Vincent Bolloré, du Directeur général par intérim du groupe Eiffage qui est déjà très présent chez nous. Vincent Bolloré va venir très rapidement au Sénégal pour y développer un grand projet de construction de salles de spectacle.»
«A Dehli, nous avons participé au troisième sommet Inde-Afrique. La deuxième édition de ce rendez-vous très important s’était tenue en 2011 à Addis Abéba. Nous avons noté, lors de cette troisième édition, une présence appréciable de Chefs d’Etat. Ce qui montre l’importance que nous accordons à cette coopération Sud-Sud. L’Inde est un pays qui a eu un parcours similaire au nôtre. Malgré ses 1,2 milliard d’habitants, ce pays exporte aujourd’hui une partie de sa production. L’Inde, c’est aussi une industrie extrêmement puissante avec de grands groupes connus mondialement, de grandes entreprises productrices d’énergie etc.»
«Le gouvernement indien, à travers son Premier ministre (Narendra Modi), s’est engagé à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards de dollars sur les cinq prochaines années. Et ce, en plus des lignes de crédit qui sont déjà en cours d’exécution. Elle va aussi mettre une ligne de 600 millions de dollars destinée à des secteurs comme la Santé. Avec cette ligne de 10 mil- liards, les pays concernés pourront mettre en place des projets qui pourront aider au développement du continent.»
«L’avantage avec l’Inde, c’est que notre partenariat n’est pas contraignant, un partenariat sans préjugé. D’ailleurs, j’ai été reçu par le Premier ministre indien et nous avons vraiment de très belles perspectives.»
Mécanisation de l’Agriculture
«L’Agriculture, comme vous le savez, est le fer de lance même du Plan Sénégal émergent (Pse). Le premier acte du Pse est la transformation structurelle de notre économie qui passe d’abord par plus de production. Et nous avons déjà eu dans le cadre du Plan d’autosuffisance en riz un financement indien de 60 millions de dollars qui est en cours d’exécution. J’ai d’ailleurs demandé au Premier ministre indien, lors de notre audience, d’activer la deuxième phase et même la troisième. Concernant l’Agriculture, nous avons à peu près 150 millions de dollars de l’Inde en plus de ce que l’Etat lui-même va mettre pour la mécanisation de l’Agriculture et l’évolution des semences, entre autres.»
«Le ministre de l’Agriculture l’a déjà rappelé. Par rapport à l’Inde, nous avons des rendements supérieurs en riz dans la vallée. Maintenant, il nous faut disposer d’unités de transformation, de matériels etc. pour avoir un produit extrêmement compétitif d’autant que notre riz ne coûte pas cher. Là où nous sommes, il coûte 460 Fcfa le kilo par exemple, l’Inde est à 1000 Fcfa. Il y a vrai- ment une perspective très importante pour notre secteur rizicole. Mais nous n’allons pas seulement nous arrêter sur la riziculture.»
«Nous allons aussi développer l’horticulture. L’année dernière, nous étions à 86.000 tonnes et cette année, nous tendons vers les 100.000. L’Agriculture sénégalaise est aujourd’hui en train de faire sa révolution tranquillement. Pour l’arachide, nous avons atteint nos objectifs fixés dans le Pse en une année. Et j’ai félicité le ministre de l’Agriculture et tous les producteurs car, cette année 2014-2015, nous avons exporté 150.000 tonnes d’arachide en Chine. Et nous allons augmenter nos objectifs puisque nous les avons déjà atteints. Nous allons mettre les moyens qu’il faut pour accroître cette performance agricole.»
Coopération avec l’Inde dans le secteur de l’Energie
«Vous aurez constaté que ce matin, avant de quitter New Dehli, j’ai pu rencontrer, grâce à la facilitation de la Banque mondiale, toutes les entreprises indiennes qui interviennent dans le domaine solaire. Sur ce plan, l’Inde a réalisé des choses tout à fait exceptionnelles puisqu’elle est passée de 5 mégawatts il y’a cinq ans à 5000 méga- watts, soit une augmentation de 5 giga-watts en cinq ans.»
«Je suis vraiment sorti, de cette rencontre avec les producteurs indiens, reconverti et adepte à 100% des énergies renouvelables. Ces entreprises vont nous permettre d’atteindre des niveaux de performance historiques et de créer une révolution énergétique. Et mon ambition d’amener l’électricité dans tout le milieu rural sera même atteint plutôt que prévu grâce à la rapidité des installations solaires puisqu’il sera possible d’avoir des mini centrales qui seront connectées aux réseaux déjà existants. J’ai beaucoup d’espoir.»
«Haro sur les intermédiaires »
«C’est une expression pour blaguer en fait. J’ai voulu parler de tous ceux-là qui, au lieu de travailler sérieusement, font de l’intermédiation pour soutirer de l’argent. Souvent, je reçois des reproches de certains partenaires qui me disent que cela fait plusieurs mois que leur dossier n’avance pas. Parfois, c’est à cause de ces intermédiaires mais il arrive aussi que cela soit dû à des lenteurs indues.»
«J’ai dit à nos partenaires de ne pas prêter attention à ces types d’arguments. Vous savez, un investisseur privé n’a pas besoin de rencontrer le Chef de l’Etat pour faire avancer son dossier dans un pays qui se veut un modèle de développement. La portée d’entrée, c’est l’Apix. Vous pouvez investir dans le pays, produire, sans jamais rencontrer le Président de la République ou un ministre. Il faut qu’on arrive à cela.»
«Pour en revenir à tous ses coupeurs de route, j’ai tenu à leur envoyer un message très clair. Nous connaissons parfaitement leur identité. Nous savons exactement qui sont ces personnes qui s’adonnent à ce jeu.»
Lutte contre la corruption
«Il faut reconnaître que dans grands efforts ont été faits pour instaurer la transparence au Sénégal et lutter contre la corruption. On ne peut pas dire que tout a été fait parce que c’est un processus continu. Il faut donc maintenir le cap et maintenir la pression. C’est à dire faire en sorte que les performances du Sénégal qui ont été saluées par différentes institutions, ne soient pas vaines. L’ensemble des agents de notation, en particulier l’Indice Mo Ibrahim qui est la référence mais aussi le Doing Business qui a confirmé notre statut de pays réformateur. C’est une très bonne chose mais nous n’allons pas nous en arrêter là. Nous allons tout faire pour raccourcir encore les délais concernant les autorisations de construire. Il faut qu’on aille plus de l’avant. On ne peut se contenter seulement des résultats que nous avons.»
«Nous allons également poursuivre la lutte contre la corruption. Nous avons déjà adopté plusieurs lois dans ce sens notamment la loi sur la transparence budgétaire, la loi sur la déclaration de patrimoine, la création de l’Ofnac...Tout cela contribue à donner un contenu concret à notre code de conduite nationale.
Ce qui renforce la bonne gouvernance au Sénégal dans un état de droit où les citoyens sont égaux devant la loi, libres mais dans le respect des autres individus et des institutions. Car liberté ne veut pas dire anarchie. Il faut que l’on soit très clair sur ce plan. Personne ne peut faire ou dire ce qu’il veut.
On ne peut pas bafouer les règlements et lois du pays au nom de sa liberté. Il y a des choses qu’on fait chez nous, on ne peut pas imaginer faire la moitié aux Etats Unis ou en France. Il y’a chez nous des gens qui pas- sent tout le temps à vouloir ternir l’image des institutions. Quelque soit le jeu de l’adversité politique, il y’a des limites qu’on ne peut pas franchir.»
Suneor
«Nous avons essayé depuis plusieurs années de trouver une solution. Nous sommes arrivés à la conclusion, d’accord parties, qu’il fallait se séparer à l’amiable. Il ne s’agit pas là de diaboliser le repreneur, qui est un privé. Nous avons tous fait le constat à savoir que ça ne marchait pas. L’arachide a tellement d’importance dans notre pays que l’Etat ne pouvait pas rester les bras croisés. Chaque année, nous mettons des milliards pour que les campagnes arachidières soient couronnées de succès.»
«Nous avons donc décidé, compte tenu des difficultés, de nous séparer à l’amiable pour que la Suneor reprenne ses activités. Evidemment, l’Etat verra avec Abass Jaber dans quelles conditions nous allons tout régler et cela se faire dans un esprit ouvert, calme et convivial. Nous n’allons pas nous précipiter pour trouver un repreneur. Nous allons voir tout ça avec l’accompagnement de nos partenaires notamment la Banque mondiale.»
«Pour Transrail, le même constat a été fait que pour Suneor. Sauf que là, c’est entre les gouvernements maliens et sénégalais. Nous travaillons avec l’opérateur (ndlr, Abass Jaber) pour une sortie honorable afin de reprendre le dialogue avec les partenaires financiers qui pourront financer la réhabilitation du chemin de fer avec un schéma de concession qui va permettre de donner une seconde vie aux rails.»
Senegalairlines
«Senegal airlines est un cas différent parce que l’Etat et les privés s’étaient engagés dans le développement d’une compagnie aérienne. Or, ce secteur est extrêmement concurrentiel pour ne pas dire que le marché est féroce. La société a été sous capitalisée. Ce qui a fait que dès la première année d’activité, elle a perdu 11 milliards de F Cfa. Mais cela ne nous a pas découragé à notre arrivée. Il faut maintenant que des mesures fortes soient prises pour sauver cette compagnie avec les privés et nos partenaires. Nous sommes dans des discussions très avancées et certainement une solution devrait être trouvée d’ici fin novembre.»
Aibd
«Vous avez constaté qu’il y’a plusieurs sociétés en difficultés. Aibd, Suneor, Transport, Fraport un peu...Cela montre que lorsque l’Etat s’engage, il doit d’abord se prémunir de garanties pour éviter ces situations que nous constatons. Avec Aibd, ce qui se passe c’est que l’aéroport devrait être livré déjà en 2013 et là nous sommes en fin 2015 même si les travaux ont été faits à 85%. Nous avons eu plusieurs séances de discussions avec Ben Ladin group, les auto- rités saoudiennes, les bailleurs de fonds... Nous avons déjà dépensé 300 milliards et cet aéroport doit être livré. Imaginez que tous les travaux qui doivent accompagner cet aéroport sont déjà terminés. Nous avons demandé à l’opérateur de terminer les travaux, où de dégager. Le gouvernement travaille là dessus et avant fin novembre nous aurons une réponse définitive.» «Mais je dois dire qu’avec certains projets que nous avons hérité, nous avons pu approfondir la collaboration. C’est le cas de Dubai Port Word avec qui nous avons signé un mémorandum pour le Port de Bargny.»
Le Sénégal, parmi les 25 pays les plus pauvres au monde ?
«Ce n’est même pas la peine que je com- mente ça d’autant qu’il y’a eu pas mal de réactions et le Gouvernement a déjà apporté les éclairages nécessaires. Ça n’a même pas de sens quand on voit la position économique du Sénégal, notamment ses revenus, ses moyens d’intervention etc. Même en Afrique, on ne peut pas être vingt-cinquième, à fortiori dans le monde. Avec la lecture des chiffres et des paramètres différents, le résultat est autre. Au même moment où on évoque ce classement, nous avons eu une bonne nouvelle venant de la Banque mondiale avec le classement Doing Business, les félicitations du Président Barack Obama sur l’action diplomatique du Sénégal au Burkina...»
Projet de loi des finances 2016
«Je confirme le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan : le Sénégal a été installé sur les rails de l’indépendance économique avec ce projet de budget adopté en Conseil des ministres. Pour la première fois, le budget du Sénégal va franchir la barre des 3000 milliards de F Cfa. Pour la première fois aussi, le budget consolidé d’investissement qui va permettre de satisfaire les besoins des populations en matière de routes, d’électricité, d’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’éducation etc, est de 1048 milliards de F Cfa. Cela montre que nous sommes sur la voie de notre souveraineté budgétaire d’autant que 58% des ressources sont financés par le budget national. Mon ambition est qu’on puisse totalement se passer de l’aide.»
«Mais il faut savoir que ces résultats ne vont pas de pair avec le gaspillage. C’est pour- quoi, nous avons réduit sensiblement le budget de fonctionnement. Nous allons poursuivre la réduction du train de vie de l’Etat. La compression des agences et certaines directions va se poursuivre et nous faisons tout pour maîtriser les charges de fonctionnement, c’est-à-dire tout ce qui est logement, téléphone, dépenses en eau... Et les gains qui vont découler ce cette série de mesures vont être exportés vers l’investissement et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes capables aujourd’hui d’engager des dépenses pour construire des universités, entre autres projets.»
Recours abusifs devant l’Armp
«Nous avons parfois beaucoup de retards dans l’exécution de certains marchés. C’est vrai que nous avons mis en place un code des marchés contraignant pour garantir une transparence dans les marchés publics. Mais, il ne faut que des concurrents privés utilisent ces mécanismes pour alourdir davantage les procédures de passation de marchés. Nous avons vécu ces recours abusifs dans des marchés financée par la coopération indienne. Aujourd’hui, on saisit l’Armp et quand on n’a pas un avis favorable, on dépose un recours devant la Cour suprême...Il se trouve que les projets pour lesquels des appels d’offres ont été lancés attendent au moins deux ans pour pouvoir démarrer. Ce qui n’est pas acceptable. Nous sommes en train de réfléchir avec tous les acteurs pour éviter l’usage abusif des dispositions du Code des marchés. Ce n’est pas parce qu’on est pas satisfait à la suite d’une adjudication provisoire que l’on doit bloquer un projet. Le Gouvernement travaille avec l’Armp pour voir pour faite sauter ces goulots d’étranglement.»
Enjeux du Pudc
«Après les premières polémiques, tout le monde est d’accord aujourd’hui que le Pudc est un modèle réussi de politique de développement. Je rappelle que le Pudc est le produit de mes tournées économiques que j’ai faites avant mon élection comme Président de la République. Trois années et demi de tournées qui m’ont conduit au cœur du Sénégal des profondeurs. Et le Pudc est la compilation de toutes les doléances que j’avais reçues. L’accès à l’eau, aux pistes rurales, à l’électrification, l’allègement des travaux des femmes à travers l’accès aux machines... Tout a été pris en compte par le Pudc, grâce au soutien du Pnud. C’est un programme de 400 milliards de F Cfa sur lesquels nous avons déjà engagé la première phase qui est de 113 milliards de F Cfa sur deux mois.
Et justement, nous avons confié ce programme au Pnud pour éviter que les recours abusifs viennent nous perturber. Je veux raccourcir les délais, accélérer la cadence pour que ce qu’on devait faire dans dix ans, on puisse l’accomplir par exemple dans quatre ans. Voilà le rythme dans lequel je travaille. La transparence est quasi importante mais il faut qu’on travaille plus rapidement. Il faut pré- ciser que le Pnud n’est que l’entité qui exécute, qui organise les marchés et les entreprises qui postulent sont, pour l’essentiel, sénégalaises. Même l’armée est impliquée dans l’exécution du programme.
A côté du Pudc, nous avons aussi lancé le Promo ville qui, comme son nom l’indique, est destiné à la promotion des villes. Il va intervenir dans l’électrification des villes pour lutter contre l’insécurité surtout, mais aussi dans la construction de voiries.» «Pour taquiner mes parents de Foudiougne, prenez une ville comme Gossas où la commune n’a pas les moyens de faire la voirie. Nous allons donner à chacune des communes concernées les moyens pour réaliser des voiries, faire l’assainissement... Et ce programme évalué à 80 milliards de F Cfa qui sera le pendant urbain du Pudc, va être confié à Ageroute. Aussi, nous allons avoir un développement équilibré.»
«Aller vite et bien» : Macky Sall, un homme pressé ?
«Je suis très loin d’être un homme pressé. Je considère juste que le sous-développement n’est pas une fatalité. Et nous ne pouvons pas rester très longtemps avant d’atteindre un certain niveau de développement. Ce n’est pas une question d’être pressé. Si vous voyez le Pse, l’horizon est 2017. Encore que nous pourrons obtenir les objectifs en 2015 si le rythme actuel est maintenu. Ce n’est pas mon bilan qui est en jeu, il s’agit d’amorcer les pratiques, les bonnes politiques pour que le Sénégal sorte de l’ornière. Nous avons vu ça avec beaucoup de pays, comme la Corée (du Sud), qui ont fait un bon qualificatif. Nous y sommes presque et on le voit déjà dans l’arachide, dans le riz. On est passé au- jourd’hui de 400 à 900.000 tonnes, pour vous dire. Regardez aussi tout ce que nous sommes en train de faire dans l’enseignement supérieur. Donc, il faut se mettre au travail. Le seul combat qui vaille et qui mérite notre énergie, c’est le développement du Sénégal. Nous devons nous battre pour le développement et le bien être des populations.»
Le Sénégal émergent, selon le Président
«A mes yeux, le Sénégal émergent, c’est lorsque, dans une dizaine ou une quinzaine d’années, les enfants qui seront nés en 2030 soient des citoyens d’un pays où chacun pourra réaliser sa «légende personnelle» pour reprendre Paolo Coelho que je lis souvent (Ndlr : un exemplaire de la dernière publication du célèbre auteur était à côté du Président). Un Sénégal émergent, c’est aussi quand le pays aura les moyens nécessaires de satisfaire ses citoyens sans distinction, un pays qui compte dans le concert des Nations par son économie et sa diplomatie. Et par la grâce de Dieu, nous avons des indices très probants surtout avec nos ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz. Vous voyez que je n’ai pas beaucoup abordé ce sujet parce que je préfère toujours avoir de belles surprises plutôt que de communiquer sur des hypothèses. La perspective peut être extrêmement positive si on se concentre sur l’essentiel. Nous devons être optimiste.»
«J’ai dit aux investisseurs indiens «kou yekh niakk», parce que l’Afrique est la prochaine frontière du développement, ça c’est indéniable. Nous avons un marché puissant. C’est maintenant qu’il faut se positionner et non pas attendre que l’Afrique soit une puissance pour venir se bousculer.»
Libération
«J’étais à Paris dans le cadre de la deuxième édition du Forum économique franco- phone. Je vous rappelle que la première édition avait lieu à Dakar aux lendemains du sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Car, pour nous, la Francophonie, ce n’est pas seulement la langue commune, un moyen de partage des valeurs universelles de la démocratie, de la liberté, de la diversité culturelle...Nous pensons que la Francophonie est un espace assez importante sur le plan économique puisqu’elle regroupe 20% des échanges mondiaux.
C’est donc un marché important qu’il faut organiser et c’est la raison pour laquelle Dakar a abrité le premier Forum. Paris devrait donc reprendre le relai. D’où cette rencontre qui a eu lieu en ma présence mais aussi à celle des Présidents gabonais et malgaches, du Secrétaire général de la Francophonie et bien sûr en présence des membres du secteur privé de nos pays respectifs. Nous avons beaucoup échangé sur les moyens à mettre en œuvre pour que cette Francophonie économique soit une réalité. Il fallait donc parler d’abord de la question de la mobilité pour que les hommes d’affaires, les étudiants bref les gens qui ont des choses à échanger puissent circuler librement dans tout l’espace francophone. Nous avons eu des engagements profonds du gouvernement français à travers son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ils portent sur des mesures nouvelles pour l’allègement de l’octroi des visas. Je pense que nous sommes bien partis pour donner une vocation nouvelle à la Francophonie.»
«En marge de ce Forum, nous avons rencontré plusieurs entrepreneurs présents au Sénégal ou intéressés d’y investir. Il s’agit notamment de Vincent Bolloré, du Directeur général par intérim du groupe Eiffage qui est déjà très présent chez nous. Vincent Bolloré va venir très rapidement au Sénégal pour y développer un grand projet de construction de salles de spectacle.»
«A Dehli, nous avons participé au troisième sommet Inde-Afrique. La deuxième édition de ce rendez-vous très important s’était tenue en 2011 à Addis Abéba. Nous avons noté, lors de cette troisième édition, une présence appréciable de Chefs d’Etat. Ce qui montre l’importance que nous accordons à cette coopération Sud-Sud. L’Inde est un pays qui a eu un parcours similaire au nôtre. Malgré ses 1,2 milliard d’habitants, ce pays exporte aujourd’hui une partie de sa production. L’Inde, c’est aussi une industrie extrêmement puissante avec de grands groupes connus mondialement, de grandes entreprises productrices d’énergie etc.»
«Le gouvernement indien, à travers son Premier ministre (Narendra Modi), s’est engagé à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards de dollars sur les cinq prochaines années. Et ce, en plus des lignes de crédit qui sont déjà en cours d’exécution. Elle va aussi mettre une ligne de 600 millions de dollars destinée à des secteurs comme la Santé. Avec cette ligne de 10 mil- liards, les pays concernés pourront mettre en place des projets qui pourront aider au développement du continent.»
«L’avantage avec l’Inde, c’est que notre partenariat n’est pas contraignant, un partenariat sans préjugé. D’ailleurs, j’ai été reçu par le Premier ministre indien et nous avons vraiment de très belles perspectives.»
Mécanisation de l’Agriculture
«L’Agriculture, comme vous le savez, est le fer de lance même du Plan Sénégal émergent (Pse). Le premier acte du Pse est la transformation structurelle de notre économie qui passe d’abord par plus de production. Et nous avons déjà eu dans le cadre du Plan d’autosuffisance en riz un financement indien de 60 millions de dollars qui est en cours d’exécution. J’ai d’ailleurs demandé au Premier ministre indien, lors de notre audience, d’activer la deuxième phase et même la troisième. Concernant l’Agriculture, nous avons à peu près 150 millions de dollars de l’Inde en plus de ce que l’Etat lui-même va mettre pour la mécanisation de l’Agriculture et l’évolution des semences, entre autres.»
«Le ministre de l’Agriculture l’a déjà rappelé. Par rapport à l’Inde, nous avons des rendements supérieurs en riz dans la vallée. Maintenant, il nous faut disposer d’unités de transformation, de matériels etc. pour avoir un produit extrêmement compétitif d’autant que notre riz ne coûte pas cher. Là où nous sommes, il coûte 460 Fcfa le kilo par exemple, l’Inde est à 1000 Fcfa. Il y a vrai- ment une perspective très importante pour notre secteur rizicole. Mais nous n’allons pas seulement nous arrêter sur la riziculture.»
«Nous allons aussi développer l’horticulture. L’année dernière, nous étions à 86.000 tonnes et cette année, nous tendons vers les 100.000. L’Agriculture sénégalaise est aujourd’hui en train de faire sa révolution tranquillement. Pour l’arachide, nous avons atteint nos objectifs fixés dans le Pse en une année. Et j’ai félicité le ministre de l’Agriculture et tous les producteurs car, cette année 2014-2015, nous avons exporté 150.000 tonnes d’arachide en Chine. Et nous allons augmenter nos objectifs puisque nous les avons déjà atteints. Nous allons mettre les moyens qu’il faut pour accroître cette performance agricole.»
Coopération avec l’Inde dans le secteur de l’Energie
«Vous aurez constaté que ce matin, avant de quitter New Dehli, j’ai pu rencontrer, grâce à la facilitation de la Banque mondiale, toutes les entreprises indiennes qui interviennent dans le domaine solaire. Sur ce plan, l’Inde a réalisé des choses tout à fait exceptionnelles puisqu’elle est passée de 5 mégawatts il y’a cinq ans à 5000 méga- watts, soit une augmentation de 5 giga-watts en cinq ans.»
«Je suis vraiment sorti, de cette rencontre avec les producteurs indiens, reconverti et adepte à 100% des énergies renouvelables. Ces entreprises vont nous permettre d’atteindre des niveaux de performance historiques et de créer une révolution énergétique. Et mon ambition d’amener l’électricité dans tout le milieu rural sera même atteint plutôt que prévu grâce à la rapidité des installations solaires puisqu’il sera possible d’avoir des mini centrales qui seront connectées aux réseaux déjà existants. J’ai beaucoup d’espoir.»
«Haro sur les intermédiaires »
«C’est une expression pour blaguer en fait. J’ai voulu parler de tous ceux-là qui, au lieu de travailler sérieusement, font de l’intermédiation pour soutirer de l’argent. Souvent, je reçois des reproches de certains partenaires qui me disent que cela fait plusieurs mois que leur dossier n’avance pas. Parfois, c’est à cause de ces intermédiaires mais il arrive aussi que cela soit dû à des lenteurs indues.»
«J’ai dit à nos partenaires de ne pas prêter attention à ces types d’arguments. Vous savez, un investisseur privé n’a pas besoin de rencontrer le Chef de l’Etat pour faire avancer son dossier dans un pays qui se veut un modèle de développement. La portée d’entrée, c’est l’Apix. Vous pouvez investir dans le pays, produire, sans jamais rencontrer le Président de la République ou un ministre. Il faut qu’on arrive à cela.»
«Pour en revenir à tous ses coupeurs de route, j’ai tenu à leur envoyer un message très clair. Nous connaissons parfaitement leur identité. Nous savons exactement qui sont ces personnes qui s’adonnent à ce jeu.»
Lutte contre la corruption
«Il faut reconnaître que dans grands efforts ont été faits pour instaurer la transparence au Sénégal et lutter contre la corruption. On ne peut pas dire que tout a été fait parce que c’est un processus continu. Il faut donc maintenir le cap et maintenir la pression. C’est à dire faire en sorte que les performances du Sénégal qui ont été saluées par différentes institutions, ne soient pas vaines. L’ensemble des agents de notation, en particulier l’Indice Mo Ibrahim qui est la référence mais aussi le Doing Business qui a confirmé notre statut de pays réformateur. C’est une très bonne chose mais nous n’allons pas nous en arrêter là. Nous allons tout faire pour raccourcir encore les délais concernant les autorisations de construire. Il faut qu’on aille plus de l’avant. On ne peut se contenter seulement des résultats que nous avons.»
«Nous allons également poursuivre la lutte contre la corruption. Nous avons déjà adopté plusieurs lois dans ce sens notamment la loi sur la transparence budgétaire, la loi sur la déclaration de patrimoine, la création de l’Ofnac...Tout cela contribue à donner un contenu concret à notre code de conduite nationale.
Ce qui renforce la bonne gouvernance au Sénégal dans un état de droit où les citoyens sont égaux devant la loi, libres mais dans le respect des autres individus et des institutions. Car liberté ne veut pas dire anarchie. Il faut que l’on soit très clair sur ce plan. Personne ne peut faire ou dire ce qu’il veut.
On ne peut pas bafouer les règlements et lois du pays au nom de sa liberté. Il y a des choses qu’on fait chez nous, on ne peut pas imaginer faire la moitié aux Etats Unis ou en France. Il y’a chez nous des gens qui pas- sent tout le temps à vouloir ternir l’image des institutions. Quelque soit le jeu de l’adversité politique, il y’a des limites qu’on ne peut pas franchir.»
Suneor
«Nous avons essayé depuis plusieurs années de trouver une solution. Nous sommes arrivés à la conclusion, d’accord parties, qu’il fallait se séparer à l’amiable. Il ne s’agit pas là de diaboliser le repreneur, qui est un privé. Nous avons tous fait le constat à savoir que ça ne marchait pas. L’arachide a tellement d’importance dans notre pays que l’Etat ne pouvait pas rester les bras croisés. Chaque année, nous mettons des milliards pour que les campagnes arachidières soient couronnées de succès.»
«Nous avons donc décidé, compte tenu des difficultés, de nous séparer à l’amiable pour que la Suneor reprenne ses activités. Evidemment, l’Etat verra avec Abass Jaber dans quelles conditions nous allons tout régler et cela se faire dans un esprit ouvert, calme et convivial. Nous n’allons pas nous précipiter pour trouver un repreneur. Nous allons voir tout ça avec l’accompagnement de nos partenaires notamment la Banque mondiale.»
«Pour Transrail, le même constat a été fait que pour Suneor. Sauf que là, c’est entre les gouvernements maliens et sénégalais. Nous travaillons avec l’opérateur (ndlr, Abass Jaber) pour une sortie honorable afin de reprendre le dialogue avec les partenaires financiers qui pourront financer la réhabilitation du chemin de fer avec un schéma de concession qui va permettre de donner une seconde vie aux rails.»
Senegalairlines
«Senegal airlines est un cas différent parce que l’Etat et les privés s’étaient engagés dans le développement d’une compagnie aérienne. Or, ce secteur est extrêmement concurrentiel pour ne pas dire que le marché est féroce. La société a été sous capitalisée. Ce qui a fait que dès la première année d’activité, elle a perdu 11 milliards de F Cfa. Mais cela ne nous a pas découragé à notre arrivée. Il faut maintenant que des mesures fortes soient prises pour sauver cette compagnie avec les privés et nos partenaires. Nous sommes dans des discussions très avancées et certainement une solution devrait être trouvée d’ici fin novembre.»
Aibd
«Vous avez constaté qu’il y’a plusieurs sociétés en difficultés. Aibd, Suneor, Transport, Fraport un peu...Cela montre que lorsque l’Etat s’engage, il doit d’abord se prémunir de garanties pour éviter ces situations que nous constatons. Avec Aibd, ce qui se passe c’est que l’aéroport devrait être livré déjà en 2013 et là nous sommes en fin 2015 même si les travaux ont été faits à 85%. Nous avons eu plusieurs séances de discussions avec Ben Ladin group, les auto- rités saoudiennes, les bailleurs de fonds... Nous avons déjà dépensé 300 milliards et cet aéroport doit être livré. Imaginez que tous les travaux qui doivent accompagner cet aéroport sont déjà terminés. Nous avons demandé à l’opérateur de terminer les travaux, où de dégager. Le gouvernement travaille là dessus et avant fin novembre nous aurons une réponse définitive.» «Mais je dois dire qu’avec certains projets que nous avons hérité, nous avons pu approfondir la collaboration. C’est le cas de Dubai Port Word avec qui nous avons signé un mémorandum pour le Port de Bargny.»
Le Sénégal, parmi les 25 pays les plus pauvres au monde ?
«Ce n’est même pas la peine que je com- mente ça d’autant qu’il y’a eu pas mal de réactions et le Gouvernement a déjà apporté les éclairages nécessaires. Ça n’a même pas de sens quand on voit la position économique du Sénégal, notamment ses revenus, ses moyens d’intervention etc. Même en Afrique, on ne peut pas être vingt-cinquième, à fortiori dans le monde. Avec la lecture des chiffres et des paramètres différents, le résultat est autre. Au même moment où on évoque ce classement, nous avons eu une bonne nouvelle venant de la Banque mondiale avec le classement Doing Business, les félicitations du Président Barack Obama sur l’action diplomatique du Sénégal au Burkina...»
Projet de loi des finances 2016
«Je confirme le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan : le Sénégal a été installé sur les rails de l’indépendance économique avec ce projet de budget adopté en Conseil des ministres. Pour la première fois, le budget du Sénégal va franchir la barre des 3000 milliards de F Cfa. Pour la première fois aussi, le budget consolidé d’investissement qui va permettre de satisfaire les besoins des populations en matière de routes, d’électricité, d’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’éducation etc, est de 1048 milliards de F Cfa. Cela montre que nous sommes sur la voie de notre souveraineté budgétaire d’autant que 58% des ressources sont financés par le budget national. Mon ambition est qu’on puisse totalement se passer de l’aide.»
«Mais il faut savoir que ces résultats ne vont pas de pair avec le gaspillage. C’est pour- quoi, nous avons réduit sensiblement le budget de fonctionnement. Nous allons poursuivre la réduction du train de vie de l’Etat. La compression des agences et certaines directions va se poursuivre et nous faisons tout pour maîtriser les charges de fonctionnement, c’est-à-dire tout ce qui est logement, téléphone, dépenses en eau... Et les gains qui vont découler ce cette série de mesures vont être exportés vers l’investissement et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes capables aujourd’hui d’engager des dépenses pour construire des universités, entre autres projets.»
Recours abusifs devant l’Armp
«Nous avons parfois beaucoup de retards dans l’exécution de certains marchés. C’est vrai que nous avons mis en place un code des marchés contraignant pour garantir une transparence dans les marchés publics. Mais, il ne faut que des concurrents privés utilisent ces mécanismes pour alourdir davantage les procédures de passation de marchés. Nous avons vécu ces recours abusifs dans des marchés financée par la coopération indienne. Aujourd’hui, on saisit l’Armp et quand on n’a pas un avis favorable, on dépose un recours devant la Cour suprême...Il se trouve que les projets pour lesquels des appels d’offres ont été lancés attendent au moins deux ans pour pouvoir démarrer. Ce qui n’est pas acceptable. Nous sommes en train de réfléchir avec tous les acteurs pour éviter l’usage abusif des dispositions du Code des marchés. Ce n’est pas parce qu’on est pas satisfait à la suite d’une adjudication provisoire que l’on doit bloquer un projet. Le Gouvernement travaille avec l’Armp pour voir pour faite sauter ces goulots d’étranglement.»
Enjeux du Pudc
«Après les premières polémiques, tout le monde est d’accord aujourd’hui que le Pudc est un modèle réussi de politique de développement. Je rappelle que le Pudc est le produit de mes tournées économiques que j’ai faites avant mon élection comme Président de la République. Trois années et demi de tournées qui m’ont conduit au cœur du Sénégal des profondeurs. Et le Pudc est la compilation de toutes les doléances que j’avais reçues. L’accès à l’eau, aux pistes rurales, à l’électrification, l’allègement des travaux des femmes à travers l’accès aux machines... Tout a été pris en compte par le Pudc, grâce au soutien du Pnud. C’est un programme de 400 milliards de F Cfa sur lesquels nous avons déjà engagé la première phase qui est de 113 milliards de F Cfa sur deux mois.
Et justement, nous avons confié ce programme au Pnud pour éviter que les recours abusifs viennent nous perturber. Je veux raccourcir les délais, accélérer la cadence pour que ce qu’on devait faire dans dix ans, on puisse l’accomplir par exemple dans quatre ans. Voilà le rythme dans lequel je travaille. La transparence est quasi importante mais il faut qu’on travaille plus rapidement. Il faut pré- ciser que le Pnud n’est que l’entité qui exécute, qui organise les marchés et les entreprises qui postulent sont, pour l’essentiel, sénégalaises. Même l’armée est impliquée dans l’exécution du programme.
A côté du Pudc, nous avons aussi lancé le Promo ville qui, comme son nom l’indique, est destiné à la promotion des villes. Il va intervenir dans l’électrification des villes pour lutter contre l’insécurité surtout, mais aussi dans la construction de voiries.» «Pour taquiner mes parents de Foudiougne, prenez une ville comme Gossas où la commune n’a pas les moyens de faire la voirie. Nous allons donner à chacune des communes concernées les moyens pour réaliser des voiries, faire l’assainissement... Et ce programme évalué à 80 milliards de F Cfa qui sera le pendant urbain du Pudc, va être confié à Ageroute. Aussi, nous allons avoir un développement équilibré.»
«Aller vite et bien» : Macky Sall, un homme pressé ?
«Je suis très loin d’être un homme pressé. Je considère juste que le sous-développement n’est pas une fatalité. Et nous ne pouvons pas rester très longtemps avant d’atteindre un certain niveau de développement. Ce n’est pas une question d’être pressé. Si vous voyez le Pse, l’horizon est 2017. Encore que nous pourrons obtenir les objectifs en 2015 si le rythme actuel est maintenu. Ce n’est pas mon bilan qui est en jeu, il s’agit d’amorcer les pratiques, les bonnes politiques pour que le Sénégal sorte de l’ornière. Nous avons vu ça avec beaucoup de pays, comme la Corée (du Sud), qui ont fait un bon qualificatif. Nous y sommes presque et on le voit déjà dans l’arachide, dans le riz. On est passé au- jourd’hui de 400 à 900.000 tonnes, pour vous dire. Regardez aussi tout ce que nous sommes en train de faire dans l’enseignement supérieur. Donc, il faut se mettre au travail. Le seul combat qui vaille et qui mérite notre énergie, c’est le développement du Sénégal. Nous devons nous battre pour le développement et le bien être des populations.»
Le Sénégal émergent, selon le Président
«A mes yeux, le Sénégal émergent, c’est lorsque, dans une dizaine ou une quinzaine d’années, les enfants qui seront nés en 2030 soient des citoyens d’un pays où chacun pourra réaliser sa «légende personnelle» pour reprendre Paolo Coelho que je lis souvent (Ndlr : un exemplaire de la dernière publication du célèbre auteur était à côté du Président). Un Sénégal émergent, c’est aussi quand le pays aura les moyens nécessaires de satisfaire ses citoyens sans distinction, un pays qui compte dans le concert des Nations par son économie et sa diplomatie. Et par la grâce de Dieu, nous avons des indices très probants surtout avec nos ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz. Vous voyez que je n’ai pas beaucoup abordé ce sujet parce que je préfère toujours avoir de belles surprises plutôt que de communiquer sur des hypothèses. La perspective peut être extrêmement positive si on se concentre sur l’essentiel. Nous devons être optimiste.»
«J’ai dit aux investisseurs indiens «kou yekh niakk», parce que l’Afrique est la prochaine frontière du développement, ça c’est indéniable. Nous avons un marché puissant. C’est maintenant qu’il faut se positionner et non pas attendre que l’Afrique soit une puissance pour venir se bousculer.»
Libération