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Justice sénégalaise : L'heure des choix, le temps de l'action

Après l’immense espoir suscité par la convocation des Assises de la Justice, le pouvoir actuel marque le pas, laissant le peuple en attente des actes de rupture qu'il était en droit d'espérer. Ce retard, qui apparaît de plus en plus comme délibéré, crée un vide dangereux. La sortie tonitruante de Maître Ciré Clédor Ly, appelant à une justice transformée en « lance de fer », vient occuper cet espace, non comme un dérapage isolé, mais comme l'expression de la volonté réelle d'un régime aux tendances fortement répressives.


Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Octobre 2025 à 19:39 | | 1 commentaire(s)|

Le Piège de la Justice - Vengeance

Justice sénégalaise : L'heure des choix, le temps de l'action
“Face à ce qui ressemble à une stratégie de l'attente, deux visions s'affrontent. D'un côté, celle portée par ceux qui, assoiffés de vengeance, plaident pour que la justice devienne le « bras armé » du nouveau pouvoir. Mais qu'ils ne s'y trompent pas : les tenants, nombreux, d'une justice saine et indépendante, refuseront de jouer le rôle servile que l'on cherche à leur faire jouer.

Cette conception, qui pervertit l'idée même de droit, est une impasse mortifère pour notre démocratie. Je refuse de concevoir que la politique puisse rimer avec l'asservissement des citoyens ou l'assouvissement d'une soif inextinguible de vengeance, pour continuer à se servir et à sévir dans une farandole d’amateurs caracolant au son aigu des gyrophares qui leur ouvrent les entrailles du peuple. Une telle justice ne serait que le miroir inversé de celle qu’ils ont prétendu combattre.

Les Assises : Une feuille de route délibérément ignorée ?

De l'autre côté, il y a la voie de la construction d'un État de droit, incarnée par les recommandations consensuelles des Assises. Le paradoxe est saisissant : le pouvoir dispose d'une feuille de route plébiscitée pour refonder la justice, mais sur le terrain, les vieilles pratiques que l’on affirmait avoir combattu, perdurent : arrêter et emprisonner, encore arrêter et emprisonner, toujours arrêter et emprisonner. C’est ce qui inquiète et déçoit profondément. L'absence de mise en œuvre des réformes clés – Cour constitutionnelle, Juge des libertés, indépendance du CSM – n'est plus crédible comme un simple retard administratif. Elle prend l'allure d'un choix politique.

L'impératif de l'action face à la trahison

La véritable révolution, celle qui rassurera durablement les justiciables et les défenseurs des libertés, ne consiste pas à remplacer une instrumentalisation par une autre. Elle consiste, comme le disait si justement Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum, à « instaurer une justice juste, qui fera de l’injustice un ennemi à abattre ». La force de la justice ne réside pas dans sa capacité à servir un régime, mais dans son impartialité à protéger chaque citoyen, y compris contre l’État.

Le pouvoir est face à un choix historique. Continuer dans cette inaction calculée, c’est légitimer les appels à une justice expéditive et confirmer les craintes d'une dérive autoritaire. La seule voie digne de la confiance que les électeurs ont placée en lui, est d'engager, sans plus attendre, les réformes institutionnelles issues des Assises. Il est temps de bâtir une justice qui soit la gardienne de notre démocratie et non le fer de lance d'un pouvoir.”






Talla Sylla
Président de JËF JËL / JÀMM AK NAATANGE

Ousseynou Wade