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Justice en mode Fast-track/ Après s’être fait ridiculiser: L’Etat perd encore la face, avec la libération-expulsion de Branco

L’avocat franco-espagnol Juan Branco, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice de notre pays, avait pourtant réussi à entrer dans notre pays au nez et à la barbe de la police des frontières, avant de s’inviter par surprise à la conférence de presse que tenaient les avocats de l’opposant Ousmane Sonko. C’était le dimanche 30 juillet dernier. Depuis, toutes les forces de défense et de sécurité du pays, y compris les services de renseignements, étaient à sa recherche. Mais, il était demeuré introuvable, se payant même le luxe de poster des selfies pour les narguer.


Rédigé par leral.net le Mardi 8 Août 2023 à 18:05 | | 0 commentaire(s)|

La traque de l’avocat Juan Branco s’est achevée samedi, lorsqu’il a été arrêté par des policiers à Rosso Mauritanie, avant d’être remis aux autorités sénégalaises. Autrement dit, l’avocat du leader de Pastef, Ousmane Sonko, interdit d’entrer au Sénégal, a quand même pu franchir les frontières de notre pays, s’y déplacer pendant au moins cinq jours, avant d’en ressortir comme il était venu, puisque son arrestation a été le fait de policiers mauritaniens et en Mauritanie ! Ce qui veut dire que l’Etat a tout bonnement perdu la face avec cette arrestation express, suivie d’une libération-expulsion de l’espiègle avocat franco-espagnol, qui a réussi son coup, à savoir ridiculiser et les forces de défense et de sécurité et la justice de notre pays !

« Le ministre de l’Intérieur informe l’opinion publique qu’une mesure d’expulsion du territoire de la République du Sénégal a été prononcée à l’encontre du nommé Juan Paulo Lopez-Branco, né le 26/08/1989 à Estepona (Espagne) et titulaire du passeport numéro XDD300063, par arrêté ministériel numéro 026291 du 07 août 2023, pour violation de la réglementation sur les conditions d’admission et de séjour des étrangers au Sénégal ». Ce communiqué du ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, sonne comme l’épilogue de ce qui rassemble à un scénario d’un navet hollywoodien.

D'après "Le Temoin", l’Etat n’a pas pu résister aux pressions qui se sont exercées sur lui, à la suite de l’arrestation de l’avocat franco-espagnol Juan Branco. Comme une patate chaude, le jeune avocat de 32 ans a vu son affaire traitée en mode fast-track par la justice de notre pays, qui s’est empressée de lui notifier son inculpation pour une série de délits, en principe gravissimes, avant de l’expulser aussitôt vers la France ! Or, un Sénégalais, surtout s’il est un opposant, poursuivi pour les mêmes chefs d’accusation, aurait moisi en prison, avant même de faire face à un juge d’instruction !

Seulement voilà, Juan Branco est non seulement un citoyen franco-espagnol,, mais encore c’est un avocat inscrit au barreau de Paris. Il s’y ajoute que de son interpellation en territoire mauritanien à son expulsion hier, il a observé une diète totale, refusant de manger et de boire. Lorsqu’il s’est présenté l’autre dimanche à la conférence de presse du pool d’avocats d’Ousmane Sonko, il s’était défoulé sur le procureur de la République, taclant la République, les Institutions et les tenants du pouvoir.

Avec verve et panache, avec insolence même, pourrait-on dire, il avait défié toutes les autorités de la République. Après sa sortie incendiaire, il s’était éclipsé avant de se volatiliser dans la nature. Sa venue et son séjour dans notre pays, ont été mal appréciés par beaucoup de Sénégalais, défenseurs des valeurs de la République et de la souveraineté nationale du pays.

L’Etat bombe le torse avant de… se dégonfler

C’est donc samedi, en pleine séance plénière de l’Assemblée nationale où il défendait un projet de modification du Code électoral, que le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a annoncé l’arrestation de Juan Branco à Rosso, en territoire mauritanien. Il a été aussitôt remis à un détachement de policiers sénégalais, qui l’ont ramené sous bonne escorte à Dakar, où, après un passage dans les locaux de la DIC, il a été conduit à la prison de Rebeuss.

Après cet épisode, des Sénégalais ont montré une certaine forme d’acquiescement de cette arrestation. Selon eux, ils s’attendaient à ce que l’Etat se montre plus fort, dans la mesure où, estiment-ils, le Sénégal est un pays indépendant et souverain. Une souveraineté qu’il aurait dû faire valoir dans cette affaire face à la France, afin que d’autres cas de défiance à l’endroit de notre justice, ne puissent plus se reproduire.

Mais hélas, Juan Branco a montré les limites de notre autorité étatique. En effet, envoyé en prison, il a d’abord décliné toute assistance de la part de ses confrères sénégalais et aussi refusé de répondre aussi bien aux questions des policiers qu’à celles de magistrats. En plus de cette défiance, il a refusé de manière catégorique de s’alimenter. Malgré les lourdes charges retenues contre lui, dont des actes criminels , Juan Branco, après 48 heures d’emprisonnement, a bénéficié d’une liberté conditionnelle, avant d’être expulsé vers son pays, la France.

Face à la presse, hier, le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a rappelé que l’arrestation de Me Branco est la résultante d’une exécution du mandat d’arrêt international, émis par le Parquet en juillet dernier. Après son arrestation, l’avocat franco-espagnol a donc été envoyé en prison puis présenté à un juge d’instruction du Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar. Lequel juge a pris la décision de le placer sous contrôle judiciaire. Selon le Garde des Sceaux, le procureur de la République était libre de faire appel pour faire annuler la décision. Mais, en attendant, le ministre de l’Intérieur a pris une décision administrative d’expulser Juan Branco. Ismaïla Madior Fall garantit que l’avocat de Ousmane Sonko pourrait être jugé et condamné à une peine qui serait exécutée, grâce à la collaboration judiciaire entre le Sénégal et la France.

En attendant ce jour lointain, pour ne pas dire ces calendes grecques, les Sénégalais se demandent quel sort sera réservé aux autres personnes arrêtées dans cette affaire. Ces dernières, des Sénégalais, accusées de complicité, ne bénéficient évidemment pas du même traitement que l’avocat toubab. Aux dernières nouvelles, il a été annoncé la libération de Me Babacar Ndiaye et du maire de Sangalkam, Pape Sow, poursuivis pour complicité dans l’entrée et le séjour irrégulier de Me Juan Branco dans notre pays.

Le Sénégal devra montrer dorénavant, beaucoup plus d’équité dans la gestion des dossiers judiciaires, impliquant à la fois des nationaux et des Occidentaux. En effet, l’iniquité du traitement d’affaires judiciaires impliquant des Occidentaux, a été toujours manifeste. Régulièrement, constate-t-on, ces étrangers sont libérés, alors que des complices nationaux, incarcérés avec eux dans le cadre de mêmes affaires, continuent de croupir en prison. C’est le cas par exemple, dans les affaires de méga saisies de drogue opérées ces dernières années, au port de Dakar ou au large de nos côtes. Tous les Européens arrêtés ont été libérés et ont pu regagner leurs pays, tandis que leurs comparses sénégalais sont toujours en prison.

Ousmane Wade