Dans son fief de Biscuiterie où il a très récemment largement mobilisé en faisant rallier au Pds près de trois cents personnes, Abdel Kader Sow est incontournable politiquement. Dans l’entretien qu’il nous accordé, en marge des éclairages apportés sur la fermeture de la mutuelle de Biscuiterie qu’il avait initiée, le responsable politique libéral, ancien ministre d’Etat, ancien directeur de Cabinet du président Wade a abordé énormément de questions prégnantes. De la nécessaire ouverture du Pds à d’autres horizons. Du cas Idrissa Seck. Du problème sérieux du Pds à Dakar. Des solutions idoines pour y remédier. De Pape Diop qui passe son temps à plagier ses trouvailles bref, lisez, vous ne serez pas du tout déçu…
Abdel Kader Sow : Je ne sais pas si je dois répondre à votre question. Parce que, moi, je suis un homme qui ne cache pas ses sentiments. Je suis désolé de le dire, je condamne fermement de pareils comportements de responsables. De surcroît, au-delà même de leurs responsabilités politiques, ont été des responsables au niveau des institutions de la république. C’est le président de la république qui a été élu. C’est lui qui dispose du pouvoir de nomination aux fonctions civiles et militaires. Donc, si, on lui fait confiance au point de l’avoir élu en 2000 et en 2007, laissons lui le soin de choisir ses collaborateurs. S’il estime que telle personne doit sortir du gouvernement, cette personne là doit se ranger et se mettre à la disposition du parti. Elle doit attendre que le parti ou l’état ait encore besoin de ses compétences. Encore une fois, je condamne avec la plus grande fermeté de telles attitudes. Pour vous dire, que depuis que j’ai quitté le gouvernement, que je ne suis plus ministre d’Etat, à mon insu, mes partisans ont voulu à maintes reprises sortir dans la rue. Mais, à chaque fois, j’ai pu venir et les en dissuader ! Finalement, ils ont compris que moi, je ne tiens pas à un poste sur la base d’une pression dans la rue ! Sur la base de la recommandation d’un marabout ! Sur la base de lobby ! J’ai ma compétence, je reste à la disposition du parti et de son secrétaire général…C’est l’occasion de demander un peu plus de fermeté au président de la république à l’endroit de ces formes de pressions qui n’honorent pas le parti ! Qui n’honorent pas notre régime ! Puisque nous allons vers ces élections de 2012, les gens nous observent et analysent les travers de notre gestion. Il ne faudrait pas qu’on en rajoute. Ce qui compliquera davantage les problèmes auxquels nous serons confrontés. Je crois qu’il faut que le président de la république revienne à une plus grande fermeté vis-à-vis des responsables politiques démis. D’ailleurs, certains de ceux-là qui agissent ainsi ne peuvent revendiquer aucun cursus dans le parti ! Quand je vois certains qu’on a vu après l’alternance, dès qu’on les sorte du gouvernement, parfois même, dès qu’on les change de position, ils sont dans la rue ! Je ne peux pas comprendre cette manière d’agir, et encore moins tolérer ce genre de pression sur le président de la république.
Reparlons de votre fief politique de Biscuiterie. Parce que certains observateurs avertis restent être convaincus que l’Apr ou, même, le Ps avec, notamment un mohican comme Doudou Issa Niasse pourrait vous créer des problèmes. Partagez-vous leur avis ?
Abdel Kader Sow : Peut-être que la presse n’a pas relayé correctement le sens de mon meeting du 29 Mai dernier. D’abord, c’était un meeting de ralliement. Nous avons eu près de trois cents (300) éléments qui ont quitté le parti socialiste. Des éléments qui étaient, soit, des partisans de Niasse, l’actuel maire. Ou, des partisans de feu Madia Diop. Donc, voilà des gens qui ont quitté le parti socialiste pour rallier le Pds à travers ma personne. Ces ralliements concernent également l’Apr de mon ami Macky Sall. C’était des gens mécontents du Pds. Finalement, ils sont revenus. Pour la petite histoire, quand j’avais fixé la date du 29 Mai, je pense que l’Apr devait faire un meeting à Biscuiterie. Mais, ils se sont ravisés et ont annulé ce meeting. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore reçu l’information qu’ils (Apr) vont faire ce meeting. Dans le contexte qui prévaut, le Pds est fortement déployé sur le terrain pour montrer ce qu’il représente là-bas. D’ailleurs, après le meeting, j’ai reçu des responsables de très haut rang du parti socialiste. Ils sont venus pour me dire qu’ils vont m’appuyer. Pour le moment, je leur ai demandé de faire un travail politique auprès de leurs frères de parti. Je ne peux pas pour le moment dévoiler leurs identités. Mais, ce qui est sûr, au niveau de Biscuiterie, pour ce qui s’agit du parti socialiste, il ne reste plus grand-chose. Le parti de Moustapha Niasse, l’Afp, n’y est pas très bien représenté. Et, encore moins la Ld. Ou, le Pit. Donc, les deux seuls partis qui pouvaient nous créer des problèmes, à savoir le Ps et l’Apr, ont été affaiblis par le travail politique que nous avons mené sur le terrain.
M. le ministre, le Pds rencontre de sérieux problèmes à Dakar. Or, gagner à Dakar, c’est gagner au Sénégal. Dakar a été perdu par Pape Diop qui fut votre tête de liste lors des locales. Le seul qui a eu à sauver la mise aux libéraux a été M. Modibo Diop, ex Dg de l’Aser. Donc, il y’a vraiment problème pour le Pds à Dakar. Est-ce vous pouvez nous dire ce qui se passe à ce niveau ?
Abdel Kader Sow : C’est vrai, il y’a un problème. J’aime porter sur la place publique des débats qui devaient être menés au sein de nos instances. Mais, je me vois dans l’obligation de dire un certain nombre de choses. On n’a pas réussi à mobiliser correctement notre électorat à Dakar. A cela, s’est ajouté de mauvaises investitures. Même au niveau de Biscuiterie il s’est passé des choses. J’étais là, devant le maire Pape Diop, pour le dénoncer. Mais, malgré tout, il laissé faire les manipulations de la liste de Biscuiterie. Ces manipulations ont concerné pratiquement toutes les listes ici à Dakar ou ailleurs. Donc, il y’a un problème d’organisation qui se pose au niveau des structures du parti à Dakar. A cela, on ne s’est pas réellement battu. Puisque j’ai vu l’organisation de la campagne. Tenir des meetings dans les communes d’arrondissements, ce n’est pas ça qui fait gagner des élections. Les moyens, également, n’ont pas suivi. Ou, s’ils ont suivi, ils n’ont pas été judicieusement distribués à ceux qui sont porteurs de voix au niveau de Dakar. Donc, il y’a un problème de leadership qui se pose à Dakar. Il faut avoir le courage et l’honnêteté de le dire. Parmi les facteurs qui expliquent cette absence de leadership, il y’a le fait que Pape Diop exclut lui-même certains responsables de Dakar des tâches de mobilisation ou d’organisation du parti. Récemment, j’ai entendu Pape Diop Dire que j’ai reçu tous les responsables de Dakar pour voir comment relever le défi à Dakar. Mais, moi, j’ai tenu mon meeting, et j’ai mobilisé. Comment se fait-il qu’il ne se soit pas donné la peine de venir me voir et me parler ? Donc, la première de reconquête de Dakar consiste en un travail de réunification des responsables de Dakar. Sans exclusif, sans discrimination. On ne peut pas se tailler à Dakar des responsables à sa mesure…Il faut rassembler tout le monde. Je dois honnêtement que Pape Diop n’est pas un homme à rassembler. Au vu de ce qui se passe, ce qui le préoccupe actuellement, c’est son propre repositionnement. C’est tout ce qui l’intéresse. Je ne crois pas que la perspective des échéances décisives de 2012 soit sa préoccupation. Je crois que, au-delà même de la personne de Pape Diop, de nos propres personnes en tant que responsables, c’est la direction du parti, le secrétaire général, qui doit définir dans les circonstances actuelles, les orientations, choisir les hommes et dresser les plans de reconquête !.. Allez demander à Pape Diop s’il a un plan de reconquête de Dakar ? Si, vous l’interrogez là-dessus, il ne pourra absolument rien vous dire ! Puisqu’il n’y pense même pas ! Si je le dis, promptement, il va rafistoler par ici, par là, pour dire, voilà mon plan !...A l’heure actuelle, je suis certain qu’il n’a pas un plan de reconquête de Dakar. Lors de mon meeting du 29 Mai dernier, j’ai lancé le mouvement ‘’Génération 90’’, parce que c’est cette génération qui va structurer le corps électoral qui va réélire le président de la république de 2012. Notre slogan est de dire ; ‘’Nous ferons la différence !’’. Donc, il faut un travail politique intensif à mener vers ce segment de notre électorat. Depuis que je l’ai dit, partout où, il va, il parle des gens nés entre 1990 et 1994 qu’il faut mettre sur les listes électorales. Auparavant, il n’y pensait jamais !...Lors de ce meeting, j’ai eu à dire que ce qui paie, c’est le travail de proximité. Que la réussite de mon meeting, c’est un travail de longue haleine que j’ai mené. Il l’a également répété ! En l’écoutant parler, j’ai comme l’impression, qu’en reprenant les idées des uns, des autres, qu’il n’a pas effectivement un véritable plan de reconquête de Dakar. Donc, il appartient maintenant à la direction du parti de réfléchir sur le sort de Dakar. Puisque comme vous l’aviez si bien dit, qui gagne Dakar, gagnera le Sénégal. Dakar est le poumon électoral de notre parti. Il est impensable qu’on l’ait perdu en 2009. Donc, c’est le moment ou jamais, si, réellement on veut gagner les élections, que le parti prenne en main la problématique de réorganisation au sein de la région et du département de Dakar. Moi, je suis partisan d’un leadership éclaté à Dakar. C'est-à-dire un groupe qui va diriger le parti à Dakar. Et, entre ce groupe et les responsables à base, au niveau des différentes sections, il y’a également un autre maillon qui manque. C’est ce que j’ai dit, le maillon manquant à la chaîne de commandement à Dakar au niveau du parti. Il permet d’avoir un encadrement de proximité un peu plus serré par rapport à notre électorat, par rapport aux populations de Dakar. J’ai des idées, si, on me met à contribution, je les donnerai. Mais, malheureusement, si je ne suis associé à rien du tout, je me contenterai de faire mon travail à Biscuiterie. Mais, gagner à Biscuiterie ne suffit pas pour gagner Dakar et le Sénégal.
M.le Ministre, lors des élections de 2000 qui ont consacré sa défaite, l’ancien Président Abdou Diouf a eu à avouer qu’il a été isolé et qu’il a manqué de certaines informations essentielles. Ne pensez-vous pas que c’est ce qui est arrivé aujourd’hui au Président Abdoulaye Wade ?
Abdel Kader Sow : Je ne crois pas qu’il manque d’informations. Au contraire, je crois que ce qui est arrivé au président Abdou Diouf ne risque pas d’arriver au président Abdoulaye Wade. Il y’a des sources d’informations qui arrivent aux président Abdoulaye Wade. Mais, le problème, c’est de pouvoir les disséquer, pour que n’arrivent au président Wade que des informations vérifiées et vérifiables. Sinon, si, on a une masse critique d’informations qui s’avèrent fausses, la décision qu’on va prendre ne peut être qu’erronée. Je crois que c’est cela qui est arrivé au secrétaire général national du parti. Peut-être, qu’il faudrait créer auprès de lui, une structure qui lui force la bonne information. C’est le rôle de ses collaborateurs directs. Depuis quelques temps, je crois que Pape Samba Mboup, Mme Aminata Tall, d’autres encore que j’ignore, s’évertuent à lui donner la bonne information. Mais, cela ne suffit pas. Il faut structurer tout cela pour que le président puisse disposer d’informations plus correctes pour prendre les bonnes mesures qui s’imposent.
Partagez-vous les analyses de certains observateurs qui décryptent à travers la cooptation de certains fidèles du secrétaire de Rewmi, la volonté du président Wade d’isoler davantage celui-ci ?
Abdel Kader Sow : Avant d’aller dans le vif du sujet, il y’a deux préalables à prendre en considération. Le premier, c’est les nominations relèvent de la compétence exclusive du président de la république. Il est libre de nommer qui il veut aux fonctions civiles et militaires. C’est de sa compétence. On ne peut lui contester cette prérogative qu’il tient de la Constitution. Donc, moi, je ne peux pas me prononcer par rapport à cela. Le deuxième, est éminemment politique. On est venu au parti, mais, il nous faut ouvrir le parti, le renforcer, pour avoir des chances de gagner les prochaines échéances électorales. De ce point de vue, je suis tout à fait d’accord à l’ouverture vers d’autres horizons. Des gens venus d’autres partis. Des gens qui n’étaient pas jusqu’ici impliquées en politique, et que le parti réussit à amener à militer. Je pense que c’est un travail politique qui nous revient à tous. Cependant, je considère qu’il ne faut pas oublier ceux qui étaient là et qui se sont battus pour porter le parti au pouvoir. Je pense qu’il faut trouver le juste milieu entre ceux qui viennent d’arriver et ceux qui étaient là. C’est pour qu’il y’ait une dynamique qui pourrait nous permettre de conserver longtemps le pouvoir au Sénégal.
M.Idrissa Seck s’est emmuré dans un silence assourdissant. Cependant que certains de ses fidèles font l’objet de commentaires et de rumeurs les plus hardis, il continue à se taire. Après tout ce qui s’est passé, et que tout le monde sait, pensez-vous qu’au plan électoral, M. Idrissa Seck puisse être d’un apport substantiel pour le président Abdoulaye Wade ?
Abdel Kader Sow : Moi, personnellement, en politique averti, je dirai qu’il ne faut négliger aucun apport. Ne serait-ce que s’il s’agit d’une dizaine de voix. Puisque nous savons comment fonctionne l’électorat au Sénégal. A la fois, c’est une histoire de famille, de relations et autres. Dès qu’un membre de la famille exerce une activité politique, c’est toute la famille, tous les proches qui s’y mettent. Quoi qu’on dise, et c’est vrai que M. Idrissa Seck a perdu une partie de son électorat à Thiès, mais, cette ville reste être son bastion électoral. C’est incontestable. Egalement, un peu partout au Sénégal, il a des gens qui lui sont fidèles. Dans la perspective de 2012, je crois que si on peut rassembler toute la famille libérale, y compris même l’Apr de Macky Sall, d’autres partis qui étaient de la mouvance présidentielle, je crois que c’est tout bénéfique pour le candidat du Pds. Donc, il ne faut négliger personne. Ayons la souplesse qu’il faut pour rassembler tout le monde pour la réélection du président Abdoulaye Wade. Il reste quand même vrai que M. Idrissa Seck a perdu une bonne partie de son électorat. Mais, encore une fois, il existe toujours des gens qui lui sont proches. En cela, et par rapport à la joute électorale décisive de 2012, je pense qu’il ne faut pas négliger M.Idrissa Seck. Donc, il faut s’ouvrir vers ces gens là. Il faut s’ouvrir vers Macky Sall ; S’ouvrir vers d’autres horizons. Puisqu’il faut, je pèse mes mots, il nous faut impérativement accepter de faire des sacrifices pour gagner les élections de 2012.
M.le Ministre, et si on vous demandait de conclure cet entretien à votre guise, que diriez-vous ?
Abdel kader Sow : Je dirai que l’espoir est encore là. Contrairement à l’opinion couramment distillée, surtout, dans certains médias, où, on a l’impression que le président Wade ne rassemble plus. Moi, j’ai été surpris quand je faisais le travail au niveau de la base. De voir des jeunes reconnaître que le président Wade a beaucoup fait pour le Sénégal. Qu’il a beaucoup travaillé, et que c’est visible. Tous ces jeunes sont confrontés à un problème d’emploi. Ils n’ont jamais eu de cesse de le dire. Et, il faut penser à beaucoup faire à ce niveau pour gagner à notre cause, la cause de notre parti et de son candidat, tous ces jeunes là…Juste, que je peux émettre quelques inquiétudes. 2012 est déjà là. Il nous faut nous organiser pour l’aborder. Il ne faut pas attendre le dernier moment. Partout, il y’a des problèmes ! Il faut aller vers les responsables pour voir comment aplanir les difficultés pour que la famille libérale puisse reporter le président Wade à la tête de l’état du Sénégal. C’est en ce moment seulement que les jeux seront ouverts pour parler de sa succession. Puisque ce sera son dernier mandat. Mais, pour le moment, ce n’est ni le moment, ni le lieu d’exprimer des ambitions personnelles. Donc, c’est le dernier mot. C’est à la fois, un mot d’espoir et d’alerte. En restant convaincu que nous aurions la force nécessaire d’affronter toutes les difficultés qui s’amoncellent à l’horizon. Que nous pourrons les transcender pour gagner les élections !
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Abdel Kader Sow : Je ne sais pas si je dois répondre à votre question. Parce que, moi, je suis un homme qui ne cache pas ses sentiments. Je suis désolé de le dire, je condamne fermement de pareils comportements de responsables. De surcroît, au-delà même de leurs responsabilités politiques, ont été des responsables au niveau des institutions de la république. C’est le président de la république qui a été élu. C’est lui qui dispose du pouvoir de nomination aux fonctions civiles et militaires. Donc, si, on lui fait confiance au point de l’avoir élu en 2000 et en 2007, laissons lui le soin de choisir ses collaborateurs. S’il estime que telle personne doit sortir du gouvernement, cette personne là doit se ranger et se mettre à la disposition du parti. Elle doit attendre que le parti ou l’état ait encore besoin de ses compétences. Encore une fois, je condamne avec la plus grande fermeté de telles attitudes. Pour vous dire, que depuis que j’ai quitté le gouvernement, que je ne suis plus ministre d’Etat, à mon insu, mes partisans ont voulu à maintes reprises sortir dans la rue. Mais, à chaque fois, j’ai pu venir et les en dissuader ! Finalement, ils ont compris que moi, je ne tiens pas à un poste sur la base d’une pression dans la rue ! Sur la base de la recommandation d’un marabout ! Sur la base de lobby ! J’ai ma compétence, je reste à la disposition du parti et de son secrétaire général…C’est l’occasion de demander un peu plus de fermeté au président de la république à l’endroit de ces formes de pressions qui n’honorent pas le parti ! Qui n’honorent pas notre régime ! Puisque nous allons vers ces élections de 2012, les gens nous observent et analysent les travers de notre gestion. Il ne faudrait pas qu’on en rajoute. Ce qui compliquera davantage les problèmes auxquels nous serons confrontés. Je crois qu’il faut que le président de la république revienne à une plus grande fermeté vis-à-vis des responsables politiques démis. D’ailleurs, certains de ceux-là qui agissent ainsi ne peuvent revendiquer aucun cursus dans le parti ! Quand je vois certains qu’on a vu après l’alternance, dès qu’on les sorte du gouvernement, parfois même, dès qu’on les change de position, ils sont dans la rue ! Je ne peux pas comprendre cette manière d’agir, et encore moins tolérer ce genre de pression sur le président de la république.
Reparlons de votre fief politique de Biscuiterie. Parce que certains observateurs avertis restent être convaincus que l’Apr ou, même, le Ps avec, notamment un mohican comme Doudou Issa Niasse pourrait vous créer des problèmes. Partagez-vous leur avis ?
Abdel Kader Sow : Peut-être que la presse n’a pas relayé correctement le sens de mon meeting du 29 Mai dernier. D’abord, c’était un meeting de ralliement. Nous avons eu près de trois cents (300) éléments qui ont quitté le parti socialiste. Des éléments qui étaient, soit, des partisans de Niasse, l’actuel maire. Ou, des partisans de feu Madia Diop. Donc, voilà des gens qui ont quitté le parti socialiste pour rallier le Pds à travers ma personne. Ces ralliements concernent également l’Apr de mon ami Macky Sall. C’était des gens mécontents du Pds. Finalement, ils sont revenus. Pour la petite histoire, quand j’avais fixé la date du 29 Mai, je pense que l’Apr devait faire un meeting à Biscuiterie. Mais, ils se sont ravisés et ont annulé ce meeting. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore reçu l’information qu’ils (Apr) vont faire ce meeting. Dans le contexte qui prévaut, le Pds est fortement déployé sur le terrain pour montrer ce qu’il représente là-bas. D’ailleurs, après le meeting, j’ai reçu des responsables de très haut rang du parti socialiste. Ils sont venus pour me dire qu’ils vont m’appuyer. Pour le moment, je leur ai demandé de faire un travail politique auprès de leurs frères de parti. Je ne peux pas pour le moment dévoiler leurs identités. Mais, ce qui est sûr, au niveau de Biscuiterie, pour ce qui s’agit du parti socialiste, il ne reste plus grand-chose. Le parti de Moustapha Niasse, l’Afp, n’y est pas très bien représenté. Et, encore moins la Ld. Ou, le Pit. Donc, les deux seuls partis qui pouvaient nous créer des problèmes, à savoir le Ps et l’Apr, ont été affaiblis par le travail politique que nous avons mené sur le terrain.
M. le ministre, le Pds rencontre de sérieux problèmes à Dakar. Or, gagner à Dakar, c’est gagner au Sénégal. Dakar a été perdu par Pape Diop qui fut votre tête de liste lors des locales. Le seul qui a eu à sauver la mise aux libéraux a été M. Modibo Diop, ex Dg de l’Aser. Donc, il y’a vraiment problème pour le Pds à Dakar. Est-ce vous pouvez nous dire ce qui se passe à ce niveau ?
Abdel Kader Sow : C’est vrai, il y’a un problème. J’aime porter sur la place publique des débats qui devaient être menés au sein de nos instances. Mais, je me vois dans l’obligation de dire un certain nombre de choses. On n’a pas réussi à mobiliser correctement notre électorat à Dakar. A cela, s’est ajouté de mauvaises investitures. Même au niveau de Biscuiterie il s’est passé des choses. J’étais là, devant le maire Pape Diop, pour le dénoncer. Mais, malgré tout, il laissé faire les manipulations de la liste de Biscuiterie. Ces manipulations ont concerné pratiquement toutes les listes ici à Dakar ou ailleurs. Donc, il y’a un problème d’organisation qui se pose au niveau des structures du parti à Dakar. A cela, on ne s’est pas réellement battu. Puisque j’ai vu l’organisation de la campagne. Tenir des meetings dans les communes d’arrondissements, ce n’est pas ça qui fait gagner des élections. Les moyens, également, n’ont pas suivi. Ou, s’ils ont suivi, ils n’ont pas été judicieusement distribués à ceux qui sont porteurs de voix au niveau de Dakar. Donc, il y’a un problème de leadership qui se pose à Dakar. Il faut avoir le courage et l’honnêteté de le dire. Parmi les facteurs qui expliquent cette absence de leadership, il y’a le fait que Pape Diop exclut lui-même certains responsables de Dakar des tâches de mobilisation ou d’organisation du parti. Récemment, j’ai entendu Pape Diop Dire que j’ai reçu tous les responsables de Dakar pour voir comment relever le défi à Dakar. Mais, moi, j’ai tenu mon meeting, et j’ai mobilisé. Comment se fait-il qu’il ne se soit pas donné la peine de venir me voir et me parler ? Donc, la première de reconquête de Dakar consiste en un travail de réunification des responsables de Dakar. Sans exclusif, sans discrimination. On ne peut pas se tailler à Dakar des responsables à sa mesure…Il faut rassembler tout le monde. Je dois honnêtement que Pape Diop n’est pas un homme à rassembler. Au vu de ce qui se passe, ce qui le préoccupe actuellement, c’est son propre repositionnement. C’est tout ce qui l’intéresse. Je ne crois pas que la perspective des échéances décisives de 2012 soit sa préoccupation. Je crois que, au-delà même de la personne de Pape Diop, de nos propres personnes en tant que responsables, c’est la direction du parti, le secrétaire général, qui doit définir dans les circonstances actuelles, les orientations, choisir les hommes et dresser les plans de reconquête !.. Allez demander à Pape Diop s’il a un plan de reconquête de Dakar ? Si, vous l’interrogez là-dessus, il ne pourra absolument rien vous dire ! Puisqu’il n’y pense même pas ! Si je le dis, promptement, il va rafistoler par ici, par là, pour dire, voilà mon plan !...A l’heure actuelle, je suis certain qu’il n’a pas un plan de reconquête de Dakar. Lors de mon meeting du 29 Mai dernier, j’ai lancé le mouvement ‘’Génération 90’’, parce que c’est cette génération qui va structurer le corps électoral qui va réélire le président de la république de 2012. Notre slogan est de dire ; ‘’Nous ferons la différence !’’. Donc, il faut un travail politique intensif à mener vers ce segment de notre électorat. Depuis que je l’ai dit, partout où, il va, il parle des gens nés entre 1990 et 1994 qu’il faut mettre sur les listes électorales. Auparavant, il n’y pensait jamais !...Lors de ce meeting, j’ai eu à dire que ce qui paie, c’est le travail de proximité. Que la réussite de mon meeting, c’est un travail de longue haleine que j’ai mené. Il l’a également répété ! En l’écoutant parler, j’ai comme l’impression, qu’en reprenant les idées des uns, des autres, qu’il n’a pas effectivement un véritable plan de reconquête de Dakar. Donc, il appartient maintenant à la direction du parti de réfléchir sur le sort de Dakar. Puisque comme vous l’aviez si bien dit, qui gagne Dakar, gagnera le Sénégal. Dakar est le poumon électoral de notre parti. Il est impensable qu’on l’ait perdu en 2009. Donc, c’est le moment ou jamais, si, réellement on veut gagner les élections, que le parti prenne en main la problématique de réorganisation au sein de la région et du département de Dakar. Moi, je suis partisan d’un leadership éclaté à Dakar. C'est-à-dire un groupe qui va diriger le parti à Dakar. Et, entre ce groupe et les responsables à base, au niveau des différentes sections, il y’a également un autre maillon qui manque. C’est ce que j’ai dit, le maillon manquant à la chaîne de commandement à Dakar au niveau du parti. Il permet d’avoir un encadrement de proximité un peu plus serré par rapport à notre électorat, par rapport aux populations de Dakar. J’ai des idées, si, on me met à contribution, je les donnerai. Mais, malheureusement, si je ne suis associé à rien du tout, je me contenterai de faire mon travail à Biscuiterie. Mais, gagner à Biscuiterie ne suffit pas pour gagner Dakar et le Sénégal.
M.le Ministre, lors des élections de 2000 qui ont consacré sa défaite, l’ancien Président Abdou Diouf a eu à avouer qu’il a été isolé et qu’il a manqué de certaines informations essentielles. Ne pensez-vous pas que c’est ce qui est arrivé aujourd’hui au Président Abdoulaye Wade ?
Abdel Kader Sow : Je ne crois pas qu’il manque d’informations. Au contraire, je crois que ce qui est arrivé au président Abdou Diouf ne risque pas d’arriver au président Abdoulaye Wade. Il y’a des sources d’informations qui arrivent aux président Abdoulaye Wade. Mais, le problème, c’est de pouvoir les disséquer, pour que n’arrivent au président Wade que des informations vérifiées et vérifiables. Sinon, si, on a une masse critique d’informations qui s’avèrent fausses, la décision qu’on va prendre ne peut être qu’erronée. Je crois que c’est cela qui est arrivé au secrétaire général national du parti. Peut-être, qu’il faudrait créer auprès de lui, une structure qui lui force la bonne information. C’est le rôle de ses collaborateurs directs. Depuis quelques temps, je crois que Pape Samba Mboup, Mme Aminata Tall, d’autres encore que j’ignore, s’évertuent à lui donner la bonne information. Mais, cela ne suffit pas. Il faut structurer tout cela pour que le président puisse disposer d’informations plus correctes pour prendre les bonnes mesures qui s’imposent.
Partagez-vous les analyses de certains observateurs qui décryptent à travers la cooptation de certains fidèles du secrétaire de Rewmi, la volonté du président Wade d’isoler davantage celui-ci ?
Abdel Kader Sow : Avant d’aller dans le vif du sujet, il y’a deux préalables à prendre en considération. Le premier, c’est les nominations relèvent de la compétence exclusive du président de la république. Il est libre de nommer qui il veut aux fonctions civiles et militaires. C’est de sa compétence. On ne peut lui contester cette prérogative qu’il tient de la Constitution. Donc, moi, je ne peux pas me prononcer par rapport à cela. Le deuxième, est éminemment politique. On est venu au parti, mais, il nous faut ouvrir le parti, le renforcer, pour avoir des chances de gagner les prochaines échéances électorales. De ce point de vue, je suis tout à fait d’accord à l’ouverture vers d’autres horizons. Des gens venus d’autres partis. Des gens qui n’étaient pas jusqu’ici impliquées en politique, et que le parti réussit à amener à militer. Je pense que c’est un travail politique qui nous revient à tous. Cependant, je considère qu’il ne faut pas oublier ceux qui étaient là et qui se sont battus pour porter le parti au pouvoir. Je pense qu’il faut trouver le juste milieu entre ceux qui viennent d’arriver et ceux qui étaient là. C’est pour qu’il y’ait une dynamique qui pourrait nous permettre de conserver longtemps le pouvoir au Sénégal.
M.Idrissa Seck s’est emmuré dans un silence assourdissant. Cependant que certains de ses fidèles font l’objet de commentaires et de rumeurs les plus hardis, il continue à se taire. Après tout ce qui s’est passé, et que tout le monde sait, pensez-vous qu’au plan électoral, M. Idrissa Seck puisse être d’un apport substantiel pour le président Abdoulaye Wade ?
Abdel Kader Sow : Moi, personnellement, en politique averti, je dirai qu’il ne faut négliger aucun apport. Ne serait-ce que s’il s’agit d’une dizaine de voix. Puisque nous savons comment fonctionne l’électorat au Sénégal. A la fois, c’est une histoire de famille, de relations et autres. Dès qu’un membre de la famille exerce une activité politique, c’est toute la famille, tous les proches qui s’y mettent. Quoi qu’on dise, et c’est vrai que M. Idrissa Seck a perdu une partie de son électorat à Thiès, mais, cette ville reste être son bastion électoral. C’est incontestable. Egalement, un peu partout au Sénégal, il a des gens qui lui sont fidèles. Dans la perspective de 2012, je crois que si on peut rassembler toute la famille libérale, y compris même l’Apr de Macky Sall, d’autres partis qui étaient de la mouvance présidentielle, je crois que c’est tout bénéfique pour le candidat du Pds. Donc, il ne faut négliger personne. Ayons la souplesse qu’il faut pour rassembler tout le monde pour la réélection du président Abdoulaye Wade. Il reste quand même vrai que M. Idrissa Seck a perdu une bonne partie de son électorat. Mais, encore une fois, il existe toujours des gens qui lui sont proches. En cela, et par rapport à la joute électorale décisive de 2012, je pense qu’il ne faut pas négliger M.Idrissa Seck. Donc, il faut s’ouvrir vers ces gens là. Il faut s’ouvrir vers Macky Sall ; S’ouvrir vers d’autres horizons. Puisqu’il faut, je pèse mes mots, il nous faut impérativement accepter de faire des sacrifices pour gagner les élections de 2012.
M.le Ministre, et si on vous demandait de conclure cet entretien à votre guise, que diriez-vous ?
Abdel kader Sow : Je dirai que l’espoir est encore là. Contrairement à l’opinion couramment distillée, surtout, dans certains médias, où, on a l’impression que le président Wade ne rassemble plus. Moi, j’ai été surpris quand je faisais le travail au niveau de la base. De voir des jeunes reconnaître que le président Wade a beaucoup fait pour le Sénégal. Qu’il a beaucoup travaillé, et que c’est visible. Tous ces jeunes sont confrontés à un problème d’emploi. Ils n’ont jamais eu de cesse de le dire. Et, il faut penser à beaucoup faire à ce niveau pour gagner à notre cause, la cause de notre parti et de son candidat, tous ces jeunes là…Juste, que je peux émettre quelques inquiétudes. 2012 est déjà là. Il nous faut nous organiser pour l’aborder. Il ne faut pas attendre le dernier moment. Partout, il y’a des problèmes ! Il faut aller vers les responsables pour voir comment aplanir les difficultés pour que la famille libérale puisse reporter le président Wade à la tête de l’état du Sénégal. C’est en ce moment seulement que les jeux seront ouverts pour parler de sa succession. Puisque ce sera son dernier mandat. Mais, pour le moment, ce n’est ni le moment, ni le lieu d’exprimer des ambitions personnelles. Donc, c’est le dernier mot. C’est à la fois, un mot d’espoir et d’alerte. En restant convaincu que nous aurions la force nécessaire d’affronter toutes les difficultés qui s’amoncellent à l’horizon. Que nous pourrons les transcender pour gagner les élections !
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