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Karim Wade, de l'antichambre du Palais à la barre!

Détenu dans une prison dakaroise depuis 13 mois, Karim Wade, le fils de l'ancien président sénégalais, sera jugé le 31 juillet prochain pour enrichissement illicite. Cruel destin pour cet ancien courtier à Londres, inconnu des Sénégalais quand son père accédait au pouvoir en 2000, et qui, il y a moins de trois ans, était encore susceptible de lui succéder à la présidence.


Rédigé par leral.net le Jeudi 29 Mai 2014 à 12:51 | | 0 commentaire(s)|

Karim Wade, de l'antichambre du Palais à la barre!
Coupable ? Victime ? Le 31 juillet prochain, on commencera à voir un peu plus clair sur le dossier judiciaire qui tient en haleine tous les Sénégalais depuis plus d'un an : l'affaire d'enrichissement illicite de Karim Wade. Annoncé en juin, la date du procès du fils d'Abdoulaye Wade, l'ancien président sénégalais, est finalement fixé à cette date, soit deux jours après la fête de la korité, qui marque la fin du mois de ramadan. C'est en tout cas ce qu'annonce la presse sénégalaise, qui se fonde sur des sources judicaires.
C'est le 17 avril 2013 que Karim Wade a été inculpé pour enrichissement illicite puis placé sous mandat de dépôt. Depuis 13 mois et 12 jours, il attend son sort dans à la prison de Rebeus, un quartier de Dakar. La loi sur la Cour de la répression de l'enrichissement illicite (Crei) lui donnait alors 6 mois pour justifier l'origine de la fortune qu'on lui prête. À l'expiration de ce délai en octobre 2013, le fils d'Abdoulaye Wade fut renvoyé devant la Crei suite à une seconde mise en demeure. À la fin de ce nouveau délai de 6 mois, il n'a toujours pas justifié l'origine de la fortune, conformément à la loi.
Une affaire de milliards
Le procès devient alors inéluctable, pour démêler le vrai du faux. Car depuis cette traque des biens supposés mal acquis de Karim Wade, des chiffres mirobolants sont quotidiennement prêtés au fils d'Abdoulaye Wade. Au début, certains ont parlé de plus de 1000 milliards Francs CFA. Mais ce chiffre a progressivement fait pschitt pour tomber en dessous de la barre des 700 milliards Francs CFA.
Entre autres, il a tour à tour été reproché à Karim Wade d'être le propriétaire de sociétés établies au Sénégal, en Afrique et au Moyen-Orient : Dubaï Port World (estimé à 391 milliards de francs CFA, la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), AHS Sénégal, AHS Niger, AHS Jordanie, AHS Ghana, de l'aéroport de Malabo (Guinée-Équatoriale), le groupe de presse CD Média géré par son désormais ancien ami, Cheikh Diallo, qui l'a balancé le mois dernier, après avoir passé quelques mois en prison, à ses côtés.

Il était soupçonné avec son père de préparer une dévolution monarchique du pouvoir

Le 31 juillet, soit un mois après les élections locales du 29 juin, les Sénégalais vont ainsi assister à un procès inédit, où le prévenu à la barre ne sera personne d'autre qu'un fils d'un ancien Président de la République, à qui, à une certaine époque, on prêtait l'intention de succéder à son père, avant que le projet ne tombât à l'eau. L'on a encore en mémoire cette fameuse journée du 23 juin 2011 où des milliers de Sénégalais se sont massés devant les grilles de l'Assemblée nationale pour protester contre le vote d'un projet constitutionnel perçu comme étant un arrangement taillé par Abdoulaye Wade pour son fils Karim. Ce dispositif instituait en effet un ticket présidentiel à l'américaine (élection d'un président et d'un vice-président), en vue de la présidentielle de 2012, lors de laquelle le projet prévoyait également que le ticket qui obtiendrait 25 % des suffrages au premier tour serait déclaré vainqueur de la présidentielle.
Au terme d'une journée de tensions et de débats à l'intérieur comme à l'extérieur de l'hémicycle, mais aussi d'affrontements entre manifestants de l'opposition et de la société civile et forces de l'ordre, la pression finira par amener Abdoulaye Wade à céder et retirer son projet.
L'échec de ce projet intervient deux ans après celui de Karim Wade aux élections locales. Il était candidat sur la liste de son parti, le Pds, dirigée par le maire sortant Pape Diop. L'opposition battra campagne sur le thème : « si vous votez pour la liste de Karim, vous lui offrez en même temps le Palais sur un plateau ». Cet alibi de l'opposition n'auara pas de difficulter pour faire tilt dans la tête des habitants de la capitale. D'autant que depuis quelques années déjà, des soupçons de dévolutions monarchiques pesaient sur la famille présidentielle ; ce qui d'ailleurs était à l'origine de leur brouille avec les anciens Premiers ministres Idrissa Seck et Macky Sall (l'un après l'autre), qui caressait la même ambition présidentielle. Résultat : la liste du maire de Dakar sortant est battue, Karim Wade avec.
A jamais dans les annales de l'histoire

Qu'à cela ne tienne, au remaniement ministériel qui suit (le 30 avril 2009), Karim Wade, inconnu des Sénégalais quand son père accédait au pouvoir en 2000, sera promu. Ainsi, pour la première fois, Wade-fils fait son entrée dans un gouvernement. Jusque-là, il présidait le Conseil de surveillance de l'ANOCI (agence nationale pour l'Organisation de la Conférence Islamique) avec un budget de 432 milliards Francs CFA. Comme lot de consolation, le fils du Président est nommé ministre d'État, ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. Un statut qui lui a valu le surnom de « ministre du ciel et de la terre ».
C'est dire donc que le prévenu qui se présentera à la barre, fin juillet, ne sera pas à la place qu'il aurait voulu être, ou qu'on aurait voulu qu'il soit. À ce titre, il va sans dire que ce procès restera dans les annales de l'histoire politico-judiciaire du Sénégal, et de l'Afrique plus généralement.

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