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Keur Samba Laobé craint des représailles

APRÈS L’INCARCÉRATION DE CHEIKH BÉTHIO THIOUNE

Une semaine après le double meurtre perpétré sur Bara Sow et Ababacar Diagne par des Thiantacounes à Madinatou Salam, c’est toujours la tristesse et l’émoi au sein de la population de ce village, fief de Cheikh Béthio Thioune. C’est à travers un reportage qu’EnQuête revient sur ce triste évènement, retraçant au passage les liens entre les victimes et le Cheikh, non sans parler de cette terre où ont eu lieu ces tueries macabres.


Rédigé par leral.net le Jeudi 3 Mai 2012 à 03:17 | | 1 commentaire(s)|

Keur Samba Laobé craint des représailles
Situé en plein coeur de Keur Samba Laobé Diop, dans la communauté rurale de Malicounda, une collectivité locale du département de Mbour, Madinatou Salam a une population estimée à près de 1500 habitants. Dans ce fief qui compte un lotissement de 650 autres parcelles affectées par Cheikh Béthio Thioune, difficile de décrocher des témoignages chez les populations de cette bourgade naguère calme.

Les liens entre Ababacar Diagne et Cheikh Béthio Thioune

Ici, nombreuses sont les personnes qui en savent beaucoup sur le meurtre de Bara Sow et Ababacar Diagne qui vénéraient Cheikh Béthio Thioune qu’ils considéraient comme leur protecteur sur cette terre et dans l’au delà. Une vénération qui, selon les témoignages, leur a valu de perdre la vie, s’étant rendus à Madinatou Salam, dans le seul but de renouveler leur allégeance à leur guide spirituel.

Aux environs du quartier général des “Thiantacounes”, si certaines personnes ne veulent pas en parler, de peur de représailles de la part des inconditionnels de Cheikh Béthio Thioune qui, selon eux, continuent de proférer des menaces à l’endroit de tout individu qui oserait parler à la presse ou aux forces de l’ordre, d’autres, par contre, ont accepté de livrer leurs témoignages à EnQuête sous le sceau de l’anonymat.

Très proche de la famille de Cheikh Béthio et d’Ababacar Diagne, D.A, appelons-le ainsi, renseigne que les relations entre les familles de Cheikh Béthio et d’Ababacar Diagne datent d’avant même la naissance de Béthio et de Mame Samba Diagne, père d’Ababacar Diagne. “C’est l’arrièregrand- père de Pape Diagne (l’autre nom de Ababacar Diagne) qui avait accueilli et logé le grand-père du cheikh chez lui, à Tassette. C’est d’ailleurs le petit-frère de Béthio, le nommé Ameth Dièye Thioune qui a élevé le père d’Ababacar Diagne.

C’est lui-même qui lui a appris un métier avant de sceller le mariage entre les deux parents d’Ababacar Diagne”, explique-t-elle. “Ce sont certainement ces relations ancestrales qui ont fait qu’Ababacar Diagne s’était attaché au guide des Thiantacounes qu’il considérait comme un guide, même s’il était connu pour être un disciple modéré”, souligne un autre témoin qui a préféré garder l’anonymat.

Le séjour carcéral de Bara Sow

Revenant sur les faits qui ont coûté la vie aux deux Thiantacounes, aussi bien à Keur Samba Laobé Diop qu’à Mbour commune, beaucoup de témoins soutiennent que la mort de Bara Sow ne les surprend pas. Car, depuis un certain temps, il n’était plus en odeur de sainteté auprès de son guide et d’une bonne partie de ses condisciples comme Cheikh Faye, le chambellan de Cheikh Béthio. “Bara Sow a toujours considéré Cheikh Béthio comme étant sa seule raison d’être.

Il arrivait qu’on lui interdise l’accès ou tout simplement qu’on l’expulse de force, sur ordre du Cheikh, parce qu’il tenait des propos du genre “Yow yàllà nga” (vous êtes un dieu). Ce qui ne plaisait pas du tout au Cheikh qui avait donné l’ordre de lui interdire l’accès au fief, par tous les moyens possibles. Mais à chaque fois, Bara revenait sur ses pas, non pas par désobéissance, mais parce qu’il avait un amour fou pour celui qu’il a toujours considéré comme son guide”, témoigne un Thiantacoune préférant taire son identité pour on ne sait quelle raison.

Du côté de la Petite Côte, on renseigne que le dimanche 22 avril dernier, Bara Sow, sorti de prison en fin mars dernier, à la suite d’un séjour carcéral consécutif à une plainte déposée par Cheikh Béthio, est allé voir son ami et condisciple Ababacar Diagne pour lui demander de l’accompagner à Madinatou Salam, tenant à s’excuser auprès de son guide et à lui renouveler son allégeance. Pour convaincre Ababacar Diagne qui n’avait plus remis les pieds à Madinatou Salam, Bara lui explique que des personnes mal intentionnées et proches du Cheikh ont raconté des contrevérités à son sujet, raison de sa disgrâce. Alors que lui a l’obligation de tirer tout cela au clair, pour que les choses reviennent à la normale avec son guide.

“Mieux, Bara a même pris le soin d’appeler chez Cheikh Béthio, pour signaler qu’il comptait venir s’excuser auprès du Cheikh et en profiter pour renouveler son allégeance. C’est ainsi qu’on lui a dit que ses amis et lui seront les bienvenus. Fort de cela, en compagnie d’Ababacar et de 23 autres condisciples, ils se sont rendus à Madinatou Salam, mais c’était sans compter avec la détermination de certaines personnes toujours prêtes à lui faire la fête”, déclare un autre témoin. Si, après cette affaire, d’aucuns ont parlé de bataille rangée entre Thiantacounes, certaines personnes indiquent le contraire, parce que d’après leur témoignage, les 25 personnes composant le groupe de Bara Sow n’étaient pas armées. En se rendant chez leur guide, elles n’avaient pas l’intention d’en découdre avec qui que ce soit, précise-t-on.

“L’entourage du Cheikh va être assaini”

Quand, à leur arrivée, Bara Sow et compagnie ont voulu se signaler à travers l’intonation de chants propres aux Thiantacounes, d’autres condisciples sont allés informer le maître des lieux de leur présence. Entre temps, Ababacar Diagne qui ne maîtrise pas les chansons des Thiantacounes est allé s’accroupir à côté, en attendant d’être reçus par leur guide. “Cheikh Béthio lui a donné l’ordre de sortir immédiatement de son territoire et de ne plus y mettre les pieds. Mais Bara n’a pas voulu capituler. C’est ainsi que le marabout a donné l’ordre de l’expulser par tous les moyens.

Et puisque Bara, qui avait apparemment la nostalgie de son guide, tenait à être reçu par ce dernier, il a reçu un coup de coupe-coupe qui l’a envoyé par terre”, rapporte-t-on. “Ababacar Diagne qui n’était pas loin du théâtre des opérations, apercevant son compagnon de fortune couché par terre et gisant dans son sang, est allé auprès de lui pour essayer de le sauver et l’extirper des mains de ses bourreaux. Il lui a demandé de faire un effort pour quitter les lieux. Mais c’était trop tard, comme le lui a fait savoir Bara Sow déjà gravement atteint sur plusieurs parties du corps, notamment sur la tête fendue par un coup de machette. Avant qu’il ne puisse se relever, Ababacar Diagne a reçu des coups de barres de fer et de coupe-coupe”, renseignent encore des témoins. Selon eux, “quand Ababacar a voulu s’échapper, Pape Faye (le chambellan de Cheikh Béthio Thioune) a donné l’ordre de l’achever”.

Certains Thiantacounes renseignent que “Cheikh Faye, qui connaît Cheikh Béthio mieux que quiconque, avait fini par s’imposer dans le cercle restreint de l’entourage du marabout. C’est à lui qu’il faut s’adresser quand on a besoin de quoi que ce soit auprès du Cheikh”. Selon une vieille connaissance de Cheikh Faye “l’homme aux cinq femmes et à la trentaine de progénitures”, “c’est parce que Cheikh Béthio a accepté de s’entourer de gens qui sont loin d’être des modèles qu’il en est arrivé à cette situation et à être emprisonné.

Pour ceux qui ont connu Cheikh Faye du temps où il exerçait le métier d’antiquaire à Saly, ils se souviendront encore de l’homme qu’il était. Avec son compagnonnage avec le Cheikh, beaucoup avait cru qu’il allait changer, mais ce n’était pas vrai. Il a gardé les mêmes habitudes et cette affaire dans laquelle il est entièrement impliqué en est une parfaite illustration”.

D’ailleurs, venu présenter ses condoléances à la famille d’Ababacar Diagne, Khadim Thioune, un des fils du guide des “Thiantacounes”, après avoir regretté ce qui est arrivé, a révélé samedi dernier à Mbour que l’entourage de son père sera assaini.

Le silence “inexplicable” de la famille de Serigne Saliou Mbacké

Des personnes rencontrées à Keur Samba Laobé rendu célèbre par le guide des “Thiantacounes” qui y a érigé son quartier général depuis le début des années 2000, en le baptisant Madinatou Salam, demandent que la lumière soit faite sur des cimetières qui y seraient érigés. Histoire de voir s’il n’y a pas d’autres cas similaires à ceux de Bara Sow et Ababacar Diagne. Certaines sont même allées jusqu’à proposer l’exhumation, par les services compétents, des corps pour voir dans quel état ils ont été ensevelis.

Le frère cadet d’Ababacar Diagne, Abdoulaye Diagne, un fervent disciple de Cheikh Béthio Thioune, qui faisait partie du groupe de “Thiantacounes” qui avait accompagné Bara Sow à Madinatou Salam, s’est dit étonné du silence “inexplicable” de la famille de Serigne Saliou Mbacké, cinquième Khalife général des mourides et marabout de Cheikh Béthio Thioune, depuis que cette affaire a éclaté.


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1.Posté par YAZIDE le 03/05/2012 09:36 | Alerter
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LE SILENCE DE LA FAMILLE DE SERIGNE SAALIOU NEST RIEN DAUTRE QUE CE BETHIO A MONTER UNE HISTOIRE DE TOUTE PIECE A VEC LEUR PERE ET IL LE SAVENT BIEN. AUCUN DES FILS DE S SAALIOU NE COOPERE AVEC BETHIO .

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