Leral.net - S'informer en temps réel

L'AFRIQUE ET L’EUROPE FACE AUX DÉFIS DU XXIEME SIÈCLE

Rédigé par leral.net le Lundi 24 Novembre 2025 à 00:15 | | 0 commentaire(s)|

EXCLUSIF SENEPLUS - Le VIIème sommet UA-UE de Luanda doit prouver que le vieux couple afro-européen est encore capable de proposer un modèle de partenariat crédible, loin des postures paternalistes et des promesses sans lendemain

Enjeux et portée du sommet de Luanda (AU-EU 2025)                                                                                      

Le VIIème sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne qui se tient les 24 et 25 novembre 2025 à Luanda en Angola s’annonce comme une halte décisive dans la longue marche d’un partenariat façonné par un quart de siècle de dialogue. Cet événement éclot dans un monde bouleversé par la montée des rivalités géopolitiques par la persistance des foyers d’insécurité par la recherche planétaire d’un nouvel horizon énergétique et par la volonté affirmée des peuples africains d’obtenir davantage de souveraineté de justice et d’équité au sein de l’ordre international.`

Pour l’Union européenne l’Afrique demeure un horizon stratégique où se jouent des questions vitales touchant à l’énergie à la sécurité aux migrations et à la prospérité économique. Pour l’Afrique, l’Union européenne reste une partenaire déterminante une source essentielle de financements de coopération technique et d’appui institutionnel. Ces dynamiques croisées révèlent l’ampleur des défis qui unissent les deux continents dans ce siècle en mouvement.

Le sommet de Luanda s’impose ainsi comme un moment où peuvent être réimaginées les voies de la coopération où se renforce l’esprit du multilatéralisme où s’affinent les pratiques de gouvernance et où se consolident les efforts de paix et de sécurité. Il ouvre également la perspective d’un élan nouveau pour le développement l’industrialisation et l’investissement durable tout en offrant un espace de confrontation féconde entre aspirations de renouveau et critiques issues de l’héritage historique et des logiques extractives qui continuent de susciter l’interrogation. Dans ce contexte se dessine une question essentielle car il s’agit de comprendre comment le rendez-vous de Luanda pourrait offrir l’occasion de refonder les relations entre l’Afrique et l’Europe sur des bases plus justes plus ouvertes et mieux ajustées aux défis contemporains.

Ainsi émerge la problématique suivante qui éclaire notre démarche. Le sommet de Luanda peut-il être considéré comme un moment fondateur pour repenser et renouveler le partenariat entre l’Afrique et l’Europe et quels sont les enjeux majeurs qui orientent ce dialogue politique face aux défis du XXIème siècle. Pour y répondre nous explorerons d’abord les racines et la transformation progressive du partenariat entre les deux organisations dans un paysage historique en recomposition. Nous examinerons ensuite les grands défis mis en lumière à Luanda qu’il s’agisse de sécurité de gouvernance de développement ou de souveraineté. Cette analyse nous conduira enfin vers la réflexion d’un modèle réinventé qui en révèle les opportunités les limites et les horizons pour un partenariat véritablement renouvelé.

I. Les fondements et l’évolution du partenariat UA UE un cadre historique en recomposition 

Les relations entre l’Union africaine et l’Union européenne prennent racine dans un héritage institutionnel ancien et mouvant porté par des dynamiques qui n’ont cessé de se transformer au fil des décennies. Depuis le début des années 2000 ce partenariat s’est étendu et affermi pour répondre aux défis que partagent les deux continents tout en s’efforçant de dépasser les traces persistantes de l’asymétrie qui a longtemps marqué les rapports euro africains

La naissance de l’Union africaine en 2002 expressions affirmée d’une volonté d’intégration politique et économique a ouvert la voie à un dialogue plus dense plus structuré et plus ambitieux avec l’Union européenne.

Parallèlement l’Union européenne consciente des mutations de son environnement géopolitique a perçu dans le rapprochement avec l’Afrique une occasion de consolider la paix d’encourager le développement et d’affirmer plus fortement sa présence sur la scène internationale. Ainsi s’est façonné un espace de coopération en constante recomposition porté par l’espoir d’un partenariat capable d’unir les deux rives dans une vision plus équilibrée plus durable et plus solidaire.

A. Un partenariat fondé sur des objectifs communs

Le cadre fondateur de la coopération entre l’Union africaine et l’Union européenne s’élève sur un ensemble de principes qui ont guidé leurs premiers pas communs. Il s’agit de promouvoir la paix et la sécurité d’accompagner le développement durable de renforcer la gouvernance et d’encourager le commerce ainsi que l’intégration régionale. Le premier sommet tenu en 2000 à l’échelle des deux continents ainsi que l’adoption de la Stratégie commune Afrique Europe en 2007 ont constitué deux jalons décisifs. Ces moments témoignent d’une volonté de bâtir un partenariat inspiré par l’égalité et par la reconnaissance d’intérêts réciproques.

La stratégie convenue reposait sur des domaines essentiels parmi lesquels la paix la sécurité la gouvernance démocratique le commerce la migration l’énergie et l’éducation et elle a longtemps offert une ossature claire aux relations intercontinentales.

Sur le plan institutionnel cette relation a pris vie à travers des dialogues politiques constants des programmes thématiques de coopération et divers mécanismes de soutien financier. Certains dispositifs tels que le Fonds européen de développement ou plus récemment les instruments de la Global Gateway ont joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre de projets majeurs sur le continent africain. Ainsi s’est affirmée une architecture de coopération nourrie de visions communes et façonnée par les nécessités du temps.

A.   Le bilan contrasté des sommets précédents

Les sommets réunissant l’Union africaine et l’Union européenne à intervalles réguliers ont consolidé l’espace de dialogue entre dirigeants africains et européens. Pourtant leur bilan demeure nuancé. Ces rencontres ont certes produit des engagements politiques importants et favorisé l’élaboration de cadres stratégiques conjoints concernant notamment la sécurité ou la gouvernance. Toutefois la traduction concrète de ces engagements s’est heurtée à des divergences d’intérêts à des contraintes institutionnelles ou à des ressources jugées insuffisantes.

De nombreuses voix africaines ont exprimé leurs réserves en rappelant la persistance d’un sentiment de déséquilibre l’écart entre les discours de partenariat égalitaire et la réalité des actions la lenteur de certaines initiatives européennes ou encore la tendance à lier l’aide à des réformes perçues comme intrusives. Dans ces conditions certains sommets ont été ressentis comme de grandes cérémonies diplomatiques plus éclairées par la symbolique que par un véritable pouvoir de transformation structurelle.

C. Un cadre géopolitique en profonde mutation

Au cours de la dernière décennie le monde a connu des bouleversements rapides qui ont remodelé les priorités et les attentes des deux institutions. L’Afrique traverse une période intense marquée par une croissance démographique fulgurante par des fragilités économiques persistantes par l’émergence de menaces sécuritaires multiples et par des impacts environnementaux de plus en plus lourds. Dans le même mouvement le continent est devenu un espace où se croisent les ambitions de puissances globales comme la Chine les États Unis la Russie la Turquie ou encore les pays du Golfe.                     

Pour l’Union européenne ces transformations portent à la fois des promesses et des incertitudes. L’Europe voit en l’Afrique un partenaire essentiel pour la stabilité régionale pour la transition énergétique pour la gestion des migrations et pour la diversification de ses ressources stratégiques. Elle doit cependant composer avec l’arrivée de nouveaux acteurs influents et avec l’affirmation résolue des États africains qui réclament plus de souveraineté de justice économique et de respect réciproque.

Dans cet univers en constante évolution le partenariat entre les deux organisations doit trouver un souffle nouveau afin de conserver son sens et sa pertinence. Le sommet de Luanda s’inscrit pleinement dans cette dynamique car il cherche à réactualiser l’héritage historique de la coopération et à l’accorder aux aspirations africaines d’aujourd’hui tout en répondant aux impératifs stratégiques qui traversent l’espace européen.

II. Les grands enjeux du sommet de Luanda sécurité gouvernance développement et souveraineté

Le sommet de Luanda s’annonce comme un moment décisif où convergent une multitude d’enjeux politiques économiques et sociaux qui définiront l’avenir du partenariat entre l’Union africaine et l’Union européenne. L’importance de ces enjeux réside dans le fait qu’ils touchent le cœur même du développement du continent tout en conditionnant la capacité de l’Europe à demeurer une voix influente sur la scène internationale. Trois axes dominent cette étape cruciale car ils englobent la paix et la sécurité le développement économique et les investissements ainsi que les aspirations profondes liées à la gouvernance à la justice et à la souveraineté.

A.   Paix sécurité et multilatéralisme stabiliser un environnement fragilisé 

La sécurité demeure l’un des piliers les plus sensibles du dialogue entre l’Afrique et l’Europe. Le continent africain affronte des crises multiples qui se manifestent par des insurrections djihadistes dans le Sahel et la Corne de l’Afrique, par la succession de coups d’État récents par des tensions frontalières persistantes, et par des conflits communautaires aggravés par les déséquilibres climatiques. Face à ces défis l’Union africaine a mis en place des mécanismes de gestion des crises tels que l’Architecture africaine de paix et de sécurité mais l’efficacité de ces outils demeure entravée par des moyens limités et par des capacités opérationnelles insuffisantes.

L’Union européenne cherche à accompagner ces efforts grâce à des instruments comme l’European Peace Facility dont l’objectif est de renforcer les opérations africaines de maintien de la paix. Le sommet de Luanda doit offrir l’occasion de préciser ce soutien dans un moment où les interventions internationales traditionnelles connaissent une remise en question profonde. Le renforcement des capacités militaires et civiles africaines le soutien aux forces régionales et la prévention des conflits comptent parmi les priorités les plus pressantes.                                                                                       

Au-delà des aspects techniques se déploie un enjeu plus vaste qui touche au devenir du multilatéralisme. Les deux organisations affirment leur volonté de défendre des approches collectives face à la fragmentation géopolitique mais leur collaboration dépendra de leur aptitude à définir des méthodes partagées qui respectent la souveraineté africaine et valorisent la coresponsabilité.

B.   Développement économique transition énergétique et investissements construire un partenariat durable

Le développement économique occupe une place essentielle dans les discussions du sommet à un moment où l’Afrique aspire à consolider son industrialisation à transformer en profondeur ses structures productives et à approfondir son intégration régionale. L’Europe demeure un partenaire commercial de premier plan mais les échanges restent encore marqués par un modèle fondé sur l’exportation de matières premières africaines et l’importation de produits manufacturés européens ce qui perpétue une asymétrie ancienne.

Le sommet de Luanda représente une opportunité pour repenser en profondeur ce schéma. L’initiative Global Gateway portée par l’Union européenne ambitionne de financer des infrastructures durables et stratégiques dans les domaines du transport de l’énergie de la connectivité numérique ou de l’agriculture. Néanmoins des interrogations persistent quant à l’ampleur réelle de ces financements à leur rythme de déploiement et à la capacité des pays africains à en tirer un bénéfice à long terme.

La transition énergétique émerge comme l’un des champs de coopération les plus prometteurs. L’Afrique possède des ressources considérables telles que l’énergie solaire la puissance hydraulique l’hydrogène vert ou les minerais stratégiques et l’Europe cherche à sécuriser ses approvisionnements en énergie propre comme en minéraux critiques.

Cette dynamique soulève une question essentielle qui touche à la justice énergétique car il s’agit de déterminer si la transition doit avant tout répondre aux besoins des populations africaines ou aux exigences européennes. Le sommet devra éclairer ces interrogations afin d’éviter la reproduction de logiques extractives et favoriser la création de chaînes de valeur ancrées dans les territoires africains.   

L’économie numérique, l’éducation la formation professionnelle ,la santé et l’innovation s’imposent également comme des champs où un partenariat renouvelé peut produire des avancées rapides et inclusives. Ces domaines sont particulièrement essentiels pour la jeunesse africaine qui constitue la majorité de la population et représente une force créatrice déterminante pour l’avenir du continent.

C.    Gouvernance, migrations et souveraineté répondre aux aspirations des sociétés africaines                                                                    

Les enjeux de gouvernance et de souveraineté prennent aujourd’hui une importance centrale dans les relations entre l’Union africaine et l’Union européenne. De nombreux États africains ainsi que des voix issues de la société civile soulignent que le partenariat demeure encore trop marqué par des déséquilibres par des conditionnalités qui suscitent la réserve et par des pratiques ressenties comme paternalistes ou insuffisamment soucieuses de l’autonomie africaine. Le sommet de Luanda doit permettre de répondre à ces critiques en affirmant une approche plus horizontale fondée sur le respect mutuel et la gestion partagée des priorités.

La question migratoire constitue un autre enjeu particulièrement sensible. L’Europe souhaite renforcer la gestion des frontières lutter contre les réseaux de trafic et créer des mécanismes de retour et de réadmission. L’Afrique met davantage l’accent sur la mobilité légale sur la facilitation des visas sur la reconnaissance des diplômes et sur la valorisation des diasporas. Il importe de trouver un équilibre capable de faire de la mobilité un levier de développement plutôt qu’un foyer de tensions diplomatiques.

Les aspirations liées à la justice sociale à la souveraineté économique et à la participation citoyenne occupent un espace de plus en plus important notamment parmi les jeunesses africaines dont la voix devient incontournable. Le forum de la jeunesse et de la société civile organisé en marge du sommet témoigne de cette volonté de prendre part à la définition des orientations futures du partenariat et d’inspirer des décisions qui répondent réellement aux réalités vécues par les populations.

III. Vers un nouveau modèle de coopération Opportunités limites et perspectives pour un partenariat rénové 

Le sommet de Luanda ne se présente pas comme une simple rencontre diplomatique car il aspire à devenir un moment fondateur capable de redonner souffle et direction au partenariat entre l’Union africaine et l’Union européenne. À l’heure où les deux continents traversent des bouleversements profonds l’enjeu ne se limite pas à l’adoption de nouvelles résolutions mais consiste à réinventer la relation à corriger ses déséquilibres et à intégrer les aspirations qui émergent des sociétés africaines et européennes. Trois dimensions se distinguent alors par leur importance car elles incarnent les opportunités de renouveau les limites qui pourraient entraver l’élan du sommet et les perspectives qui pourraient éclairer l’avenir du partenariat.

A. Des opportunités réelles pour refonder le partenariat UA UE

Le sommet ouvre un espace singulier qui offre la possibilité de repenser les fondements mêmes du dialogue entre les deux unions. La convergence d’intérêts entre l’Afrique et l’Europe dans les domaines de la sécurité de l’énergie du commerce des migrations ou encore de la transition numérique crée un terrain fécond pour bâtir une coopération stratégique plus affirmée. À cela s’ajoutent les transformations institutionnelles du continent africain dont la Zone de libre-échange continentale africaine qui dessine les contours d’un espace économique plus intégré et moins fragmenté.                         

La volonté politique exprimée de part et d’autre constitue une autre source d’espoir. Le 20eme anniversaire du partenariat représente un moment symbolique propice au renouvellement des engagements et au renforcement des mécanismes de suivi. Les initiatives de l’Union européenne telles que celles inspirées par la Global Gateway peuvent offrir un appui déterminant si elles se caractérisent par la cohérence la transparence et la constance nécessaires à l’accompagnement des projets structurants africains.

Enfin la montée en puissance des jeunes, de la société civile, du secteur privé et des diasporas ouvre la voie à un partenariat plus inclusif et sensible aux réalités quotidiennes des populations. Cette dynamique contribue à orienter la coopération vers une relation vivante et ancrée dans les aspirations concrètes de la société.

B.   Des limites et obstacles susceptibles de freiner la portée du sommet

Malgré les opportunités certaines limites pourraient restreindre l’ambition du renouveau souhaité. La persistance des asymétries de pouvoir constitue l’une des principales entraves car l’Union européenne dispose de ressources financières technologiques et institutionnelles nettement supérieures ce qui entretient un déséquilibre structurel parfois difficile à dépasser. Ce déséquilibre peut nourrir les critiques portant sur la domination européenne et sur l’insuffisante prise en compte des priorités africaines.

S’ajoutent les défis liés à la cohérence interne des deux unions. Du côté africain la diversité des intérêts nationaux tout comme les instabilités politiques rendent complexe la formulation de positions unifiées. Du côté européen les divergences entre États membres en particulier sur les questions de migration et de sécurité peuvent entraver l’élaboration d’une stratégie vraiment commune.                       

À ces difficultés institutionnelles se greffent des obstacles opérationnels tels que la lenteur des financements les contraintes administratives la coordination imparfaite et parfois un manque de volonté politique pour transformer les déclarations en actions véritablement tangibles. Dans un monde caractérisé par une compétition géopolitique accrue demeure également le risque que les engagements pris à Luanda soient influencés par des calculs extérieurs plutôt que par une réflexion centrée sur les besoins des deux continents. La confiance elle-même reste fragile. Les critiques africaines à propos du caractère extractif de certains projets ainsi que les perceptions négatives que suscitent certaines politiques migratoires européennes continuent de peser sur la possibilité d’un partenariat équilibré et sincère.

C. Des perspectives pour un partenariat renouvelé plus équitable et plus durable

Malgré ces limites des perspectives prometteuses émergent et dessinent les contours d’un partenariat en voie de transformation. Pour que le renouveau soit véritable les deux unions devront faire preuve d’innovation et de pragmatisme dans la construction de mécanismes adaptés. Une telle transformation pourrait passer par la codécision dans la définition des priorités par une transparence accrue dans la mise en œuvre des projets ou encore par des programmes conjoints de formation et de coopération technologique.

Sur le plan économique de nouvelles trajectoires pourraient voir le jour à travers la création de chaînes de valeur à l’échelle régionale et continentale permettant de réduire la dépendance aux exportations de matières premières et de soutenir une industrialisation africaine durable. Une collaboration renforcée dans les secteurs de l’énergie verte et du numérique pourrait accompagner des transitions inclusives fondées sur l’innovation africaine et les technologies européennes.

En matière de sécurité une approche centrée sur la consolidation des capacités africaines sur la prévention des conflits et sur la prise en compte des causes profondes de l’instabilité telles que les inégalités le chômage des jeunes ou les pressions climatiques pourrait accroître l’efficacité des actions communes.

Enfin l’attention accordée aux aspirations citoyennes et aux dynamiques sociales en particulier celles portées par la jeunesse africaine demeure une condition essentielle pour donner légitimité et profondeur au partenariat. Un dialogue renouvelé entre gouvernements société civile et secteur privé pourrait ancrer ce partenariat dans les réalités vécues par les peuples et en renforcer la portée historique.

Conclusion générale

Le VIIIème sommet de Luanda apparaît comme un moment d’une portée exceptionnelle dans l’évolution du partenariat unissant l’Afrique et l’Europe. À l’heure où les deux unions célèbrent le 20eme anniversaire de leur coopération institutionnelle elles se trouvent placées devant l’exigence pressante de repenser les fondements de leur relation afin de l’accorder aux transformations géopolitiques économiques et sociales qui façonnent le monde du début du vingt et unième siècle. L’étude du parcours historique révèle que malgré des avancées notables dans le dialogue politique la sécurité et le développement le partenariat demeure marqué par des asymétries persistantes et par la difficulté récurrente à convertir les engagements en réalités tangibles.                                                                     

Le sommet de Luanda condense ainsi des défis essentiels qui touchent à la stabilisation sécuritaire à la transition énergétique à l’industrialisation africaine à la gestion des migrations au renforcement de la gouvernance et à l’affirmation de la souveraineté. Ces défis aux visages multiples convergent pourtant vers une même nécessité car il s’agit de façonner une coopération plus équilibrée plus inclusive et plus attentive aux aspirations qui s’expriment de part et d’autre de la Méditerranée. Les opportunités ne manquent pas grâce aux initiatives d’investissement à la consolidation institutionnelle de l’Union africaine et à la participation accrue des jeunes des diasporas et de la société civile qui insufflent une énergie nouvelle à la dynamique partenariale.

Cependant les limites demeurent bien présentes. Les divergences internes les contraintes financières les héritages de méfiance et la compétition géopolitique risquent d’entraver la portée des engagements pris à Luanda. La réussite du sommet dépendra donc de la capacité des deux unions à dépasser les logiques anciennes à nourrir une confiance véritable et à mettre en place des mécanismes de suivi capables de donner force et continuité aux décisions adoptées.

En définitive, le sommet de 2025 ne se réduit pas à une rencontre diplomatique car il peut devenir un tournant historique susceptible de tracer la voie d’un partenariat renouvelé authentiquement stratégique et durable. S’il parvient à unir ambition politique réalisme économique et respect mutuel il offrira l’occasion de refonder la relation entre l’Afrique et l’Europe pour l’ajuster aux exigences du monde contemporain et répondre aux attentes d’une nouvelle génération d’Africains et d’Européens qui aspire à un avenir partagé plus juste plus stable et plus prometteur.

M. El Hadji Amadou Niang est ancien fonctionnaire international a l’Organisation de l’Unité Africaine et au secrétariat général de l’ONU, ancien Ambassadeur du Sénégal et consultant international de haut niveau.

Primary Section: 
Secondary Sections: 
Archive setting: 
Unique ID: 
Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/lafrique-et-leur...