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L'ASL installe son état-major en Syrie

Rédigé par leral.net le Lundi 24 Septembre 2012 à 12:35 | | 0 commentaire(s)|

Le commandement de la rébellion annonce son transfert de Turquie dans les zones syriennes libérées.


L'ASL installe son état-major en Syrie
Dans une vidéo diffusée samedi sur Internet, le colonel Riad el-Assaad a annoncé la «bonne nouvelle à l'héroïque» peuple syrien, qui lutte depuis dix-huit mois pour renverser le régime de Bachar el-Assad: «Le commandement de l'Armée syrienne libre est entré dans les régions libérées» du pays. Jusqu'à maintenant, la direction de l'ASL, composée de déserteurs et de volontaires ayant pris les armes, était stationnée en Turquie, dans un camp non loin de la frontière syrienne, placé sous un étroit contrôle des services de renseignements militaires turcs.

Le colonel Assaad - sans lien de parenté avec le président el-Assad - n'a pas précisé où serait désormais situé son commandement, mais selon des sources concordantes, sa nouvelle base serait les provinces d'Alep ou d'Idleb, frontalières de la Turquie, où les insurgés contrôlent de nombreuses villes. Ce transfert a été possible après «des arrangements» avec les chefs rebelles locaux, a précisé le patron de l'ASL. Son supérieur, le général Moustapha Cheikh, à la tête du Conseil révolutionnaire qui chapeaute l'Armée syrienne libre, estime que ce «déplacement permettra au commandement d'être plus proche des combattants».

L'influence croissante des radicaux
Ce nouveau développement s'inscrit dans les grandes manœuvres, entamées il y a deux mois sous pression occidentale, pour restructurer l'ASL, née en juin 2011 peu après le début du soulèvement, mais qui n'est plus guère aujourd'hui qu'un label sous lequel de multiples groupes armés combattent le régime syrien. L'Armée libre, qui compte environ 40 000 combattants, est minée par les divisions internes. Ses brigades sur le terrain n'ont souvent pas le même agenda politique - si ce n'est la chute du régime - et l'absence de commandement unifié affaiblit leur lutte face à une armée régulière, bien mieux équipée que les rebelles.

«Comme la plupart des chefs de l'ASL, Riad el-Assaad a reçu beaucoup d'argent de certains pays arabes, affirme un combattant près d'Idleb, joint dimanche par Skype. Il était censé savoir qui à l'intérieur travaille réellement pour la chute du régime et envoyer à ces combattants de l'argent et des armes. Or, jusqu'à maintenant, il ne l'a fait qu'aux groupes qui se sont formés en son nom, sous son propre logo. Bref, il s'est créé ses propres miliciens à l'intérieur de la Syrie», regrette cet activiste.

En rentrant dans son pays, «Riad el-Assaad veut se placer dans la lutte pour le pouvoir au sein de l'ASL dans la perspective de l'après-Bachar», analyse, de son côté, un observateur syrien à Damas. «Il a été l'un des premiers à initier le mouvement de défection au sein de l'armée régulière, mais aujourd'hui, les autres chefs de l'ASL à l'intérieur de la Syrie ont beaucoup plus d'hommes en armes que lui. L'importance de Riad el-Assaad s'est réduite» au fil des mois, souligne cet expert.

Alors que sur le terrain, la répression des opposants est toujours aussi cruelle, «cela ne va hélas pas changer grand-chose», estime Abdel Majid Manjouneh, un opposant d'Alep qui participait dimanche à une conférence autorisée par le régime à Damas, réunissant une vingtaine d'organisations à l'appel de la Coordination nationale pour le changement démocratique, un des principaux groupes de l'opposition. «Ils peuvent toujours annoncer ce qu'ils veulent, beaucoup de factions armées font ce qu'elles veulent sur le terrain, déplore Abdel Majid Manjouneh. Pourquoi, voici deux jours par exemple, une katiba (brigade) est venue faire exploser un centre des finances à Alep? C'est dans l'intérêt de qui?», se demande cet activiste, qui s'alarme de l'influence croissante des radicaux islamistes, locaux et étrangers, parmi les rebelles armés. Or ces combattants intégristes n'obéissent pas ou peu à l'ASL, ce qui inquiète également les pays occidentaux, qui soutiennent les rebelles syriens.




Par Georges Malbrunot