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L'Administration, la Justice, deux Alliés de haut rang, cibles du Tera meeting : Diomaye Faye va-t-il céder ?

Si Ousmane Sonko tenait, par le tera-meeting, à mesurer sa popularité, son pari a été réussi. Une foule immense a afflué au Stade Léopold Sédar Senghor, samedi, à Dakar, à l’appel du président de PASTEF, Ousmane Sonko. La justice, l’administration, les alliés et le régime de Macky Sall, ont été au centre d’un discours de feu d'Ousmane Sonko. Organisé par le parti Pastef, ce samedi 8 novembre 2025, l'événement a tenu toutes ses promesses.


Rédigé par leral.net le Lundi 10 Novembre 2025 à 15:25 | | 0 commentaire(s)|

Le rassemblement animé par Ousmane Sonko (président du parti au pouvoir et Premier ministre), a été un succès retentissant en termes de mobilisation. Des dizaines de milliers de militants et sympathisants venus de tous les coins du Sénégal, en bus pour l’essentiel (Dakar, Ziguinchor, Saint-Louis, Kolda, Sédhiou, etc.), ont convergé vers le stade Léopold Sédar Senghor, pour répondre à l’appel de leur leader, Ousmane Sonko. “Parce que beaucoup de gens disent que la jeunesse a délaissé ce parti, nous avons pris la décision de rassembler à nouveau tous les patriotes, pour en montrer la force et prouver que ce n'est pas vrai”, explique ainsi Cheikh Diop, un militant ravi de cette démonstration de force.

Le parking du stade Léopold Sédar Senghor de Dakar, pris d'assaut dès les premières heures de la matinée, pour une manifestation prévue à 17 heures, était plein comme un œuf. D’ailleurs, trois à quatre jours avant l’événement, une ambiance de carnaval a prévalu sur les lieux durant les soirées, donnant à l’événement une allure festive. Arborant des drapeaux et écharpes aux couleurs du Sénégal, les partisans d'Ousmane Sonko affichent leur enthousiasme et leur détermination à renouveler leur engagement à leur leader, malgré le retard à l’allumage constaté dans la conduite du ‘’projet’’. Une Giga démonstration de force à nulle autre pareille, qui a servi de tribune au Premier ministre, pour solder ses comptes avec l’opposition, au premier chef, l’ancien président de la République Macky Sall, mais également, pour envoyer une volée de bois vert à certains alliés à la loyauté douteuse, ainsi qu’à certains magistrats de la Cour suprême.

Dans un discours incendiaire, Ousmane Sonko-qui fait face avec son gouvernement à l’équation d’une économie mal en point- a abordé la question de la « dette cachée ». Il s’en est pris aux négateurs de cette « dette cachée » qui, selon lui, devraient être envoyés en prison. Il a, de même, demandé la dissolution de l’Alliance pour la République (APR), un conglomérat de criminels et prévaricateurs des deniers publics, à l’en croire.

D’après Ousmane Sonko, c’est ce lourd héritage légué par Macky Sall, qui a mis le pays au bord de l'asphyxie financière, avec une dette réévaluée à plus de 130% du PIB. Une situation qui a d’ailleurs suscité la mise en place du Plan de redressement économique et social (PRES), lancé l’année dernière. Revenant de manière plus détaillée sur les mesures du PRES basées sur des efforts collectifs, Ousmane Sonko souligne qu’elles consistent en la taxation de services qui n’ont pas un impact direct sur la vie des Sénégalais : les jeux de hasard, le tabac et les boissons alcoolisées. Embrayant sur la question de la redevabilité et de la justice, le leader de Pastef et chef du gouvernement a accédé à la demande des milliers de militants, qui réclament l’accélération des enquêtes relatives au dossier des évènements politiques (2021- 2024) ayant fait plus de 80 morts. « Si justice n’est pas faite, que personne ne paie d’impôt », lance-t-il.

Sur les fonds politiques, Ousmane Sonko a balayé d’un revers de main les rumeurs selon lesquelles, il bénéficierait d’une « caisse noire » estimée 9 milliards de francs Cfa. Il a aussi renvoyé ses pourfendeurs au programme de campagne de Diomaye-Président sur la question de la suppression des fonds politiques, justifiant ainsi que le régime reste fidèle à ses promesses. Certains alliés de la coalition “Diomaye-Président” n’ont pas été épargnés par le réquisitoire de feu du président de Pastef. « Un allié qui cherche à manipuler pour séparer Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, n'a rien à faire dans le gouvernement. Il n'est pas un allié sincère », a-t-il martelé faisant allusion au ministre de l’Environnement, Abdourahmane Diouf, qui avait appelé dans une récente sortie à éviter « une justice des vainqueurs ».

«Des cas de surfacturation ont été découverts dans un ministère. J’ai donc demandé au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, de muter le ministre concerné dans un autre département, en attendant que toute la lumière soit faite sur cette affaire », révèle Ousmane Sonko, qui évoque également le cas d’un autre allié épinglé par un rapport de l'Ige, pour 2 milliards de francs Cfa (Aminata Touré, ancienne présidente du CESE).

D'après le journal "Point Actu", le Premier ministre s’est enfin exprimé sur sa relation avec le chef de l'État, Bassirou Diomaye Faye, qui, selon les rumeurs, serait très tendue. « Il y a certains qui pensent que ma relation avec le président Bassirou Diomaye Faye va se détériorer. En tout cas, tout peut arriver dans la vie ! Sachez que ce qui mettra fin à notre relation, ne viendra pas de moi. Et, j’ai l’espoir que cela ne viendra pas, non plus, du Président Bassirou Diomaye Faye », a-t-il soutenu. Face à une foule nombreuse rassemblée samedi 8 novembre 2025, Ousmane Sonko a consacré une partie de son meeting à la question de la justice, appelant à des réformes rapides et à la mise en cause de responsables, qu’il accuse d’avoir « vendu » les ressources pétrolières et gazières du pays.

Le leader de Pastef a rappelé que, selon lui, la justice n’appartient pas aux seuls magistrats mais au peuple sénégalais. « Il faut traquer les personnes coupables d’avoir vendu le pétrole et le gaz du Sénégal, afin qu’elles répondent de leurs actes », a-t-il déclaré, en demandant des poursuites et une reddition des comptes sur ces dossiers sensibles. Sonko a exprimé ses regrets sur la persistance, selon lui, d’un « système » profondément ancré dans l’administration et la magistrature. « Le système qu’on a combattu est toujours présent dans la justice, dans l’administration… Tant que ces mêmes personnes seront là, elles annuleront toujours le fruit de notre travail. Leur seul problème s’appelle Ousmane Sonko. Il est temps de faire un nettoyage », clame-t-il.

Par ailleurs, il rappelle qu’il a été le premier à prôner une tolérance zéro concernant les insulteurs. Néanmoins, il dénonce un constat qui est le suivant selon lui : « Ceux qui sont dans la justice, ont des agissements contre nous, car ceux qui insultent Ousmane Sonko, ne sont jamais inquiétés ». Ce dernier de poursuivre. « Il faut que la justice soit juste et fasse son travail ». Il a également rappelé que même ses propres partisans ne seront pas épargnés. « Si un membre de Pastef détourne des fonds, qui qu’il soit, il ira en prison ». Sur la question du maintien de l’ordre et de la liberté d’expression, il a rappelé qu’il prône une « tolérance zéro » envers les insultes, tout en dénonçant ce qu’il présente comme une application inégale de la loi : « Ceux qui insultent Ousmane Sonko, ne sont jamais inquiétés », a-t-il déploré, appelant la justice à être impartiale et efficace.

Fidèle à son discours sur l’éthique, il a par ailleurs averti que la lutte contre la corruption ne ferait pas de « cadeaux » jusque dans ses propres rangs. « Si un membre de Pastef détourne des fonds, qui qu’il soit, il ira en prison », a-t-il martelé, affirmant que la discipline interne et la transparence seraient exigées sans exception. Le ton du meeting, empreint de fermeté, illustre sa détermination à placer la justice et la lutte contre l’impunité au cœur de son action politique. Ses appels à la « traque » et au « nettoyage » relanceront sans doute le débat sur l’indépendance de la justice, la responsabilité des élites et les modalités d’une réforme institutionnelle, que réclament de nombreux Sénégalais. La crise politique au sein de la coalition au pouvoir a atteint un point de rupture.

Dans une lettre ouverte au ton particulièrement ferme adressée au Président Bassirou Diomaye Faye, la députée Pastef, Fatou Cissé Goudiaby, a posé un ultimatum sans précédent concernant le ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, Dr. El Hadji Abdourahmane Diouf. Mme Goudiaby a déclaré le ministre « non grata dans notre gouvernement » et a exigé son limogeage ou sa démission immédiate. La députée justifie cette demande par plusieurs griefs majeurs. M. Diouf, dit-elle, est ciblé pour des « soupçons de détournement », auxquels il « doit répondre ».

La députée invoque, également, le principe : « ku kheekh sunu leader politique Ousmane Sonko, ma kheekh laa » (celui qui combat notre leader politique Ousmane Sonko, je le combats). Elle estime que le Premier ministre Ousmane Sonko ne peut plus être le supérieur hiérarchique de celui qui le défie politiquement. Elle souligne enfin que le maintien de M. Diouf, déstabilise le tandem Sonko-Diomaye, essentiel pour la mise en œuvre du projet de gouvernance, rappelant au passage le slogan « Sonko moy Diomaye ».

L'ultimatum se concrétise par une menace de sanction parlementaire directe. Le mardi 11 novembre 2025, Fatou Cissé Goudiaby s'abstiendra de voter le budget du Ministère de l'Environnement, si Abdourahmane Diouf n'est pas limogé d'ici là. Elle annonce qu'elle votera contre ce budget, si le ministre est toujours en poste pour le défendre en plénière au mois de décembre. La députée conclut sa missive en affirmant que l'ère du « politiquement correct » est révolue et que la défense « primordiale et non négociable » des droits et du respect d'Ousmane Sonko, guidera désormais l'action des représentants du peuple Pastef, marquant un durcissement de la ligne du parti après le Téra-Meeting du 8 novembre 2025.

Ousseynou Wade