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L'An deux de Macky Sall: Entre Déception et Désespoir en attendant la rupture - Par Daouda Badji

Le bilan dressé, après deux années de Macky Sall à la tête du Sénégal, n’est pas du tout reluisant.


Rédigé par leral.net le Jeudi 27 Mars 2014 à 00:18 | | 0 commentaire(s)|

 L'An deux de Macky Sall: Entre Déception et Désespoir en attendant la rupture - Par Daouda Badji
Beaucoup d’observateurs et même certains de ses alliés disent ne pas percevoir la rupture annoncée depuis la chute d’ Abdoulaye Wade, le 25 mars 2012. En effet, «la rupture tant attendue n’est que chimères et belles paroles, on assiste à une gestion basée sur la gabegie, le népotisme, le clientélisme, incarné par un Macky Sall plus soucieux de l’encrage de son parti que de l’éclosion de la patrie». Cela est d’autant plus inquiétant que la transhumance (phénomène animalier) est encouragée au plus haut sommet de l’Etat et du parti présidentiel à coups d’audiences et de nominations, cela est aux antipodes des valeurs de rupture et de gestion vertueuse.

Si on doit objectivement présenter le bilan de cette seconde alternance, il peut se résumer en ces mots :

Deux ans de pouvoir et un pays qui attend toujours les réformes de fond. Deux ans que le pays est plongé dans une campagne électorale permanente pour la réélection du Président. Deux ans consacrés à débaucher et à accueillir des transhumants. Deux ans de népotisme et de clientélisme. Deux ans de pilotage à vue. Deux ans où aucun bien mal acquis n’a été recouvré. Deux ans de jeu de cache-cache avec la constitution. Deux ans où la sécurité des biens et des personnes s’est dégradée (recrudescence des cambriolages, meurtres à Tambacounda, délinquance dans les banlieues dakaroises, etc.).

Ce n’est surtout pas sa police de proximité (assimilée à une milice privée par certains) qui va résoudre ces problèmes Deux ans où les conflits sociaux n’ont jamais été aussi nombreux et le dialogue social aussi absent. Deux ans pour nous proposer un PSE incohérent et à échéance problématique. Tous les actes posés par ce régime se sont dilués dans cet environnement d’errements et de désespérance. Créer une agence de sécurité et de proximité était la meilleure manière de décrédibiliser une police nationale déjà engluée dans des scandales et en perte de repères. Mener une politique volontariste sur le logement (en réformant le foncier bâti et non bâti pour rendre les terrains accessibles, en incitant les privés locaux à se lancer massivement dans la construction de logements sociaux, réduire les taxes sur les intrants) est une solution plus efficace que la baisse insignifiante des loyers. Deux ans qui ont rendu le peuple perplexe et extrêmement dubitatif sur la capacité du capitaine à mener le bateau Sénégal à bon port. Les fondations (matérielles et morales) du pays sont en ruine et il est très difficile de construire dans ces conditions. Monsieur le Président de la République, ayez le courage de rompre avec les pratiques qui ont plongé ce pays dans un état de déliquescence indescriptible et sapé la cohésion sociale et la solidarité nationale (pendant qu’il est encore temps). Face à ce tableau sombre, l’espoir que l’actuel pouvoir a suscité le 25 mars 2012 se transforme en déception, désespoir et même regret (allusion au mouvement rethiou), la jeunesse doit prendre ses responsabilités en sanctionnant le régime pour les pousser à satisfaire les besoins pour lesquels il a été élu. Ce tableau s’assombrit d’avantage lorsqu’on se rend dans les régions naturelles de Casamance en général et de Sédhiou particulièrement. Depuis deux ans qu’est-ce que ce régime a fait très concrètement dans cette ville et sa région ? Sinon que de tenter de débaucher des militants alimentaires en cherche de strapontins, encore la transhumance, beaucoup de transhumance, toujours la transhumance !!!!Pourtant au même moment, les infrastructures routières et sanitaires sont dans un débat piteux, indigne d’une ville, capitale régionale. On est accueilli par la poussière, les déchets des animaux domestiques, les poubelles, j’en passe des meilleurs. Ni à Sédhiou intra muros, ni les axes principaux (Sédhiou –Madina Wandifa ; Sédhiou-Tanaff ; Sédhiou- Bambaby ; Sédhiou- Marsassoum ; etc.) ne sont praticables puisque ces routes n’ont jamais connu de bitume depuis plus dune décennie. La jeunesse (digne) de Sédhiou doit se lever pour défendre les intérêts des populations car toutes les villes qui ont connu de gros investissements d’un pouvoir étatique ont été gérées par l’opposition (Jacques Chirac à Paris en 1995 face à François Mitterrand ; Bloomberg à New-York face à Bill Clinton ; Bertrand Delanoë en 2001 face à Jacques Chirac et 2007 face à Nicolas Sarkozy, Idrissa Seck à Thiès face Abdoulaye Wade et Macky Sall à Fatick en 2009 face à Abdoulaye Wade, etc.). Ces exemples illustrent bien que les populations de Sédhiou doivent prendre toutes leurs responsabilités pour exiger que leurs préoccupations immenses soient prises en compte par le pouvoir puisqu’elles ont largement contribué aux victoires de Macky Sall, il ne s’agit pas de partage de gâteau mais de répondre concrètement et objectivement aux besoins de la localité en investissant dans le désenclavement de la ville et de sa région. Sédhiou est un cas d’école pour le régime actuel puisque tout est à refaire. S’engager dans la voie de gros investissements ne peut-être que bénéfiques pour le pouvoir, au cas contraire, cela ouvrirait la voie à sa perte et à sa chute aux prochaines élections locales puis présidentielles. La situation de Sédhiou exemplaire, est à l’image de la presque totalité des villes de la région du Sud, où le bilan en frôlant la catastrophe reste véritablement négatif en deux de gouvernance. Reste encore deux ans pour espérer que ce cri de cœur trouve écho auprès des responsables étatiques mais aussi des jeunes, femmes, et populations de Sédhiou : on peut continuer toujours à espérer même si les signes n’annoncent rien de nouveau sous le ciel du Sénégal en général et de Sédhiou précisément !
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Daouda BADJI Enseignant –Chercheur au Groupe de Recherche sur la Sécurité et la Gouvernance(GRSG) – Institut d’Etudes Politiques (IEP) à l’Université Toulouse 1 Capitole.