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L'armée régulière en déroute, la rébellion gagne du terrain

Rédigé par leral.net le Vendredi 14 Novembre 2008 à 00:52 | | 0 commentaire(s)|

Malgré un relatif retour au calme, des milliers de civils congolais continuent de fuir vers l'Ouganda voisin pour échapper à la progression des rebelles de Nkunda, aux portes de Kanyabayonga, une ville stratégique du Nord-Kivu.


La rébellion de Laurent Nkunda a progressé d'au moins 20 km dans l'est de la République démocratique du Congo, à la faveur de pillages et d'un nouveau revers de l'armée congolaise, et se trouvait jeudi aux portes d'une ville stratégique de la province du Nord-Kivu.

"Nous sommes à l'entrée de Kanyabayonga", à 100 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, a affirmé le porte-parole du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP, rébellion), Bertrand Bisimwa.

Selon des sources concordantes, les rebelles étaient plus précisément à une dizaine de kilomètres en périphérie sud de Kanyabayonga, verrou stratégique vers lequel convergent les principales routes du Nord-Kivu et qui contrôle l'accès à toute la partie nord de la province.

La Mission des Nations unies en RDC (Monuc), qui dispose d'une base à Kanyabayonga, n'était pas joignable jeudi pour commenter ces informations.

Les casques bleus avaient pourtant renforcé en début de semaine leur dispositif sur place pour prévenir toute avancée rebelle, facilitée par les pillages à grande échelle auxquels se sont livrés dans toute la région des éléments de l'armée régulière.

Mécontents et paniqués par un redéploiement opérationnel, ces soldats ont pillé sur leur passage, en s'enfuyant vers le nord, au moins trois villes et plusieurs villages en début de semaine, malgré les tentatives de miliciens pro-gouvernementaux Maï-Maï de stopper ces violences.

Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Gabriel Amisi, et le commandant de la Monuc, le général sénégalais Babacar Gaye, s'étaient rendus mercredi à Kanyabayonga afin de ramener le calme et essayer de réorganiser quelques unités fiables de l'armée pour éviter que la ville ne tombe aux mains de la rébellion, selon une source onusienne.

Après l'humiliante défaite du 29 octobre à Goma, et alors que les rebelles campent depuis lors aux portes nord de cette ville d'un demi-million d'habitants, l'armée congolaise connaît ainsi un nouveau revers qui laisse la Monuc en première ligne.

La progression du CNDP vers Kanyabayonga s'est faite sans combat d'envergure, les soldats de l'armée régulière ayant déjà fui, selon le porte-parole de la rébellion.

En deux jours, les rebelles se sont emparé pratiquement sans combattre d'au moins trois localités (Nyanzale, Kikuku et Kibirizi) qui marquaient jusqu'alors la ligne de front, faisant une percée vers le nord d'une vingtaine de kilomètres, selon le CNDP et deux sources indépendantes.

"La situation est calme. Nous constatons que l'adversaire est encore en train de fuir", a ironisé à ce propos Bertrand Bisimwa, qui a refusé de préciser si le CNDP avait l'intention de prendre Kanyabayonga.

Lundi, le chef rebelle Laurent Nkunda avait réaffirmé respecter le cessez-le-feu décrété unilatéralement fin octobre par son mouvement, assurant ne faire que riposter aux attaques de l'armée.

Sur le front situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma, la situation était calme jeudi matin.

Pour des raisons de sécurité, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) envisage d'organiser le transfert d'environ 20.000 déplacés du camp de Kibati, trop proche de la ligne de front et qui compte au total 65.000 personnes.

Ces déplacés seront réinstallés "dès que possible" à Mgungu dans un camp aménagé par le HCR au sud-ouest de Goma, en retrait de la zone des combats, selon un porte-parole de l'agence, David Nthengwe.

L'ONG Caritas a par ailleurs indiqué poursuivre son évaluation des besoins des déplacés à Rutshuru et Kiwanja (80 km au nord de Goma).

Cette nouvelle a poussé les déplacés massés autour de la base de la Monuc à Kiwanja à retourner dans leurs anciennes habitations, selon Caritas.

La veille, l'ONU s'était dit inquiète de ce départ, craignant un possible retour forcé organisée par la rébellion, qui contrôle la localité.