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L’économie courtisane de Madiambal Diagne - Par Mamadou Sy Tounkara


Rédigé par leral.net le Vendredi 10 Juillet 2015 à 21:42 | | 27 commentaire(s)|

L’économie courtisane de Madiambal Diagne - Par Mamadou Sy Tounkara



Madiambal Diagne n’est pas bien placé pour « parler économie sous Macky Sall » pour deux raisons. La première est qu’il n’est pas économiste, ni de formation ni dans la pratique, et la seconde est qu’il est un courtisan du président de la République et de son épouse dont il réclame l’amitié et qu’il encense à longueur de colonnes, ce qui lui vaut des faveurs directes et indirectes.

L’économie est la science qui s’occupe de la création, la consommation et la distribution des richesses en quatre secteurs, (primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire). Elle n’est jamais neutre car sa pratique est toujours issue d’une vision du monde (idéologie et foi essentiellement). C’est ainsi qu’on parlera de capitalisme ou socialisme, prêt à intérêt ou pas (l’économie islamique bannit l’intérêt, par exemple). C’est pour cette raison que l’on parle de système économique.

C’est parce que Madiambal n’est pas économiste que son « parler économie avec Macky Sall » fait totalement abstraction des deux horizons essentiels de l’économie que sont le travail et la monnaie. C’est le travail qui enclenche le cercle vertueux : revenu-consommation-épargne-investissement-travail. L’émergence, le décollage et l’effervescence économiques passent par ce chemin. Il faut un modèle économique pour enclencher et soutenir cette dynamique. Or, le Sénégal est dépourvu de modèle économique, à ce jour. Nous sommes toujours dans le sillage d’une économie de traite extravertie (nous importons tout à des prix faramineux et vendons nos produits à vil prix) telle que dessinée par la colonisation depuis 1816. Le catastrophique taux chômage (près de 50%) et le sous-emploi sont les lourds tributs à payer pour un pays pourtant gâté par la nature (océan, mers, trois fleuves, intelligence et force de travail, terres fertiles, richesses minières, sites paradisiaques, ensoleillement permanent).

La souveraineté de la monnaie permet d’élaborer sa propre politique monétaire comme levier incitatif à plusieurs niveaux : financement, investissement, consommation, endettement. Nous n’avons pas ce privilège car soumis au CFA créé par la puissance coloniale en 1945. Le Président Macky Sall lui-même a clamé qu’il était grand temps « de passer à l’indépendance économique », le 4 avril dernier.

Madiambal a aligné de belles statistiques (certaines fausses comme les 25h de coupure d’électricité) mais c’est une économie qui est en retard d’une génération car on sait, depuis les dévastatrices politiques d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale, que les belles statistiques peuvent signifier paupérisation et souffrances pour nos peuples : entreprises qui ferment (376 en 2012, selon le Conseil national du patronat) et pauvres qui augmentent (Oxfam nous renseigne que le nombre de pauvres est passé de 5,7 en 2008 à 6,8 millions en 2012.)

Ce que Madiambal veut démontrer, en réalité, qu’il plante au milieu de son texte, c’est que « pris individuellement, chaque Sénégalais s’est enrichi » parce que la circulation fiduciaire s’est accrue. Pour faire plaisir au président. Or, cette assertion est manipulatoire dans un contexte d’accaparement politicien comme le nôtre (les nombreux rapports des corps de contrôle révèlent des milliards et des milliards détournés). Mais, à ne point en douter, les proches courtisans du président de la République, pris individuellement ou collectivement, se sont tous enrichis.

Parler économie en faisant fi du travail et de la monnaie, juste pour faire plaisir au couple présidentiel, est tout simplement de la courtisanerie et non de l’économie.

Mamadou Sy Tounkara