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LISTES « BENNO SIGGIL SENEGAL » AUX ÉLECTIONS LOCALES : Le choix des candidats à l’épreuve des critères

Les partis membres de la Coalition « Benno Siggil Senegal » opposés au régime actuel constitueront une liste unique aux élections locales de mars 2009. Cette alliance doit s’effectuer sur des bases solides pour faciliter les investitures. Mais déjà, certains partis estiment que les données chiffrées de la dernière élection ne peuvent servir de baromètre pour choisir les candidats dans les différentes localités. Leur argument, l’opposition avait rejeté les résultats de la dernière élection présidentielle et boycotté les législatives du 03 juin. Alors que d’autres pensent le contraire, au moment où une grande majorité milite en faveur du consensus.


Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Janvier 2009 à 04:25 | | 0 commentaire(s)|

LISTES « BENNO SIGGIL SENEGAL » AUX ÉLECTIONS LOCALES : Le choix des candidats à l’épreuve des critères
Nombreux sont les observateurs qui pariaient déjà sur une implosion du Front Siggil Sénégal, la structure regroupant les formations politiques qui avaient boycotté les élections législatives du 03 juin dernier 2007. L’épineuse question du leadership de l’opposition justifiait de telles positions. Mais les leaders ont pu « arrondir » les angles en mettant en avant « l’intérêt » du Sénégal. D’où la mise sur pied de la Coalition « Benno Siggil Sénégal » pour les élections locales. Cette entité compte également en son sein des partis de l’opposition parlementaire et des personnalités de la Société civile.

Cependant, les responsables de l’opposition ne semblent pas être au bout de leur processus. Et pour cause, ils doivent vider la question des investitures à ces joutes. Si en mai 2002, à travers la liste unique présentée par le Cadre permanent de concertation (Cpc), ils avaient réussi à ficeler leurs listes sans contestations majeures, tel ne semble le cas pour mars 2009, même si leur unité d’antan leur avait fait remporter une dizaine de collectivités locales dont les communes de Tambacounda, Ziguinchor, Kédougou, Yoff, Malicounda, Yenne et les régions de Kaolack et Tambacounda, etc.

La tache paraît plus difficile pour les prochaines élections. En effet, en 2002, même s’il y a eu des concertations entre les différents responsables locaux, la Coalition de l’opposition disposait de bases de données sur lesquelles, le choix des personnalités devant défendre les listes pouvait se faire. Il s’agit des résultats des élections législatives de 2001. Cette compétition avait permis d’établir le poids des partis politiques, deux ans après l’alternance du 19 mars 2000. Le Parti socialiste (Ps) arrivait en tête, du point de vue des voix engrangées, avec 325.979.

Cependant, même s’il était en avance sur l’Afp qui avait 303.012 voix, les progressistes avaient obtenu 11 sièges, soit un député de plus que les socialistes qui avaient 10 postes au Parlement. Moustapha Niasse et ses camarades avaient gagné le département de Nioro. Le Rnd, l’Urd, le Pit et le Jëf-Jël avaient respectivement 130.279 (0, 71 %), 68.956 (3.67 %), 10.845 (0,58) et 15.041 voix (0, 80 %). La Ligue démocratique s’était alliée au Parti démocratique sénégalais (Pds).

La situation est différente pour les prochaines locales, malgré la dernière élection présidentielle. Laquelle a placé le Ps devant les autres partis du Front Siggil Sénégal. D’après les résultats officiels, le Parti socialiste (Ps) a obtenu 464.287 voix, soit 13, 56 % des électeurs tandis que les candidats Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Talla Sylla obtenaient respectivement 203.129 (5, 93 %), 75.797 (2, 21 %) et 18.022 voix soit 0, 53 % des votants.

Rejet des résultats de la présidentielle de 2007

La présidentielle du 25 février peut-elle être un critère de choix pour confectionner les listes de la Coalition Benno Siggil Sénégal ? Les partisans et alliés de Moustapha Niasse, candidat de la Coalition Alternative 2007 pensent que cela est impensable.

« La dernière présidentielle ne saurait constituer un baromètre pour établir les listes de la coalition. Nous avons rejeté cette élection. C’est ce refus qui a été à l’origine de la création du Front Siggil Sénégal », souligne le Secrétaire général du Mouvement des jeunes de l’Alliance des forces de progrès (Afp), Mbaye Dione. Pour le jeune progressiste, le consensus doit prévaloir sur toutes les lignes et le choix se fera à la base. « Les états-majors n’ont aucun mot d’ordre à donner à la base. Il n’y a aucun critère qui permet de dire que tel parti a tant de militants », fait-il remarquer. Dans la même lancée, Massène Niang du Mouvement pour le socialisme et l’unité (Msu), allié de l’Afp à la présidentielle de 2007, soutient dans les colonnes de nos confrères du « Populaire » que le choix des candidats ne peut pas se faire suivant les résultats de la dernière présidentielle. « Ces élections ont été volées », laisse-t-il entendre. Mbaye Dione rappelle qu’une circulaire élaborée par 20 partis membres du Fss a demandé aux militants à la base de constituer une coalition des instances des partis pour des négociations.

Engagement et détermination

Dans cette correspondance, renseigne-t-il, « le Fss invite les responsables à prendre conscience de la nécessité de l’unité et de confection les listes sur la base du consensus ». Il poursuit que la lettre demande une « ouverture à une large coalition qui va inclure la Société civile et toutes les autres sensibilités exceptés le Parti démocratique sénégalais et ses alliés ». Le responsable des cadres de la Ligue démocratique (Ld), Moussa Sarr, est en phase avec le jeune progressiste. Pour lui, les critères de choix des candidats doivent être laissés à l’appréciation des militants à la base.

« Les militants se connaissent dans les localités. Ils peuvent à eux seuls choisir leurs candidats », dit-il. Toutefois, les « Jallarbistes » pensent que les camarades et alliés de l’opposition doivent choisir des candidats engagés et déterminés dans la recherche de solutions aux problèmes des Sénégalais.

Selon M. Sarr, les directions devraient tout simplement encadrer le processus de choix des personnalités qui, selon lui, peuvent être de la Société civile. Tout comme Massène Niang du Msu et Mbaye Dione de l’Afp, Moussa Sarr souligne que la dernière élection présidentielle ne peut pas servir de critère pour déterminer les candidats. « Nous avons rejeté cette élection. Nous ne pouvons pas nous baser sur les résultats de la présidentielle pour confectionner les listes », affirme-t-il. La dernière compétition locale qui a eu lieu en 2002 ne peut pas non plus servir de base de données, selon le chef de file des cadres de la Ld. « En 2002, bon nombre de partis du Front Siggil Sénégal étaient en coalition dans le Cpc. La Ld était en coalition avec le Pds. Ces différentes coalitions n’existent plus », fait-il remarquer. C’est pourquoi Moussa Sarr invite les responsables à la base à faire preuve de « responsabilité », en prônant le consensus et l’ouverture afin de permettre à la Coalition de réussir son objectif qui est de gagner les élections locales.

Quant au Secrétaire général de la Fédération démocratique des écologistes du Sénégal (Fdes), Ali Haïdar, il rappelle que la conférence des leaders a décidé de laisser aux bases le choix de confectionner leurs listes. « Il y a des divergences, parce que certains partis pensent qu’ils sont plus représentatifs que les autres. Mais les bases savent qui est qui, qui représente quoi. C’est aux militants à la base de faire le choix des candidats devant défendre les couleurs de notre coalition aux élections locales », déclare-t-il.

M. Haïdar précise que les listes ne sont pas seulement ouvertes aux partis du Front Siggil Sénégal. A l’en croire, les personnalités de la Société civile y ont leur place. « Nous avions choisi d’aller ensemble, il faut qu’on s’ouvre aux autres pour atteindre l’objectif », lance-t-il. Ali Haïdar estime également que l’élection présidentielle peut servir de base pour confectionner les listes si les militants à la base l’admettent. « Même si nous savons que ces élections ont été truquées, elles peuvent servir de bases de données. », explique-t-il. « Dans les bases, les gens se connaissent. Les militants savent ce que pèsent les différents partis en lice », ajoute-t-il, avant de conclure : « le travail doit se faire dans l’union des cœurs et la générosité. L’objectif est le même, redresser notre pays. ».

Qui était à la présidentielle ?, s’interroge de son côté, Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) qui précise que ce sont les candidats des collectivités locales qui seront sur les listes. « Pourquoi prendre la présidentielle comme critère ? Les candidats dans les régions et les communes n’étaient pas des candidats à la présidentielle. Qui va accepter d’être classé par rapport à des résultats auxquels tu n’as pas participé. Ce n’est pas pensable », tranche-t-il. Même son de cloche du côté de Cheikh Sarr, leader du Parti Niaxx Jarinu. « On ne peut pas utiliser les résultats issus de la dernière élection présidentielle pour choisir ces candidats. Nous considérons qu’il n’y a pas eu d’élection. Il y a eu une parodie d’élection. Nous ne pouvons pas donc nous baser sur ces résultats pour confectionner les listes », dit-il.

Faire prévaloir le consensus

De l’avis des acteurs de la coalition « Benno Siggil Sénégal », le consensus doit prévaloir dans le processus de confection des listes.

Le consensus. C’est le maître-mot dans la Coalition « Benno Siggil Sénégal ». De l’avis du leader du Parti Niaxx Jarinu, Mouvement pour l’alternance générationnelle, le consensus sera au cœur du processus de confection des listes de la Coalition. A son avis, c’est pour cette raison que les leaders vont mettre sur pied une commission nationale pour faciliter le travail à la base.

« Il n’y a pas un autre critère plus important que le consensus. Quels que soient les rapports de force sur le terrain, les responsables ont reçu instruction de mettre l’accent sur le dialogue et la concertation. Nous avons pris la décision de mettre en place un comité national qui peut servir de facilitateur. Cette commission n’aura pas une mission d’injonction, mais de faciliter la recherche du bon choix dans les différentes localités. Nous sommes en train de travailler sur la mise en place de cet organe dans lequel il y aura des sous-commissions qui auront des taches biens établies », explique Cheikh Sarr qui fait confiance à l’esprit de dépassement des responsables et surtout de la prise en compte de l’intérêt du Sénégal.

« Nous sommes conscients qu’il va y avoir des problèmes, mais si tout le monde comprend les enjeux, nous allons nous en sortir. Que chaque militant ou responsable comprenne que les élections locales constituent une étape pour reconquérir le pouvoir. Tout le monde doit donc faire fi des considérations personnelles pour mettre en avant les intérêts du pays », affirme M. Sarr.

A en croire, le responsable du Pit, c’est pourquoi, les leaders du Front Siggil Sénégal sont fermes dans le choix des candidats. « Nous avons la volonté d’aller ensemble. Il faut que cette volonté se matérialisée dans les collectivités locales ». M. Sène poursuit : « nous veillerons que ça soit ainsi. Le consensus, sinon ce n’est pas possible. Et nous veillerons à ce qu’il y ait un consensus ».

L’impératif unitaire

Outre le consensus, la volonté d’aller ensemble afin de faciliter la victoire de la Coalition est l’autre priorité des leaders de cette opposition regroupée au sein de « Benno Siggil Sénégal ».

Les leaders de la Coalition « Benno Siggil Sénégal » veulent aussi réussir le pari de l’unité afin de faire face à la puissance du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés. En fait, comme le dit le député du Mouvement Tekki, Me Ndèye Fatou Touré, les élections de mars 2009 sont « des consultations citoyennes déterminantes pour la gestion des affaires locales, le développement de l’accès des citoyens aux services sociaux de base ». C’est pour cette raison, affirme-t-elle, que l’opposition doit se mobiliser pour les gagner. Mais cela ne saurait se réaliser que dans l’unité. « L’heure est à l’union de toutes les forces démocratiques pour combattre le régime Pds. Le problème n’est pas seulement l’affaire des politiques. Ce serait dommage de ne pas avoir cette lisibilité », signale Mme Touré.

Un point de vue partagé par Mme Mously Diakhaté, député de l’Alliance Jëf-Jël. « Nous sommes dans une situation où marcher séparément et frapper ensemble n’est plus possible. Seule l’unité peut nous aider. Les élections sont une sorte de référendum. Il s’agira pour les populations de dire si elles sont d’accord avec la politique de Me Wade », déclare-t-elle.

Pour la responsable des femmes du Jëf-Jël, la liste de l’opposition doit être ouverte aux autres forces politiques opposées à Me Wade. « Si on se sépare, Wade va tout gagner », avertit-elle.

Mously Diakhaté est d’avis que le consensus doit prévaloir sur la question des investitures. « Nous devons nous unir pour vaincre. Chacun sait qui est qui. Que la décision sa fasse à la base. S’il y a une forte adhésion des populations à la cause de l’opposition, la question de la transparence ne se poserait pas », pense-t-elle, avant de fixer les enjeux de ces joutes. « Les élections locales constituent un baromètre pour les joutes de 2012. Qui gagne les locales remportera la prochaine présidentielle », analyse-t-elle.

Par Babacar DIONE

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