Introduction
A la fin de l‟état de grâce qui a duré jusqu‟en 2004, et face à la demande sociale croissante, Abdoulaye Wade consacre beaucoup d‟efforts à hisser son fils au sommet de l‟Etat, à l‟heure où des centaines de jeunes désoeuvrés et déçus de l‟alternance n‟ont d‟autre choix que de braver l‟Atlantique au prix de leur vie, dans le but de ramasser des miettes de survie. Les proches du fils du Président sont promus, comme leur mentor, à de hauts postes de responsabilité, aussi bien dans le parti au pouvoir (PDS) qu‟au sein de l‟Etat. Première manoeuvre d‟Abdoulaye Wade : il confie à son fils la construction des infrastructures liées à l‟Organisation de la Conférence Islamique à Dakar en mars 2008. Tous les moyens de l‟Etat sont mis à la disposition du fils du Président qui dispose d‟un jet privé. L‟argent du contribuable sert aussi à financer les déplacements de Karim Wade dont les lieutenants étalent sur la place publique ses ambitions de succéder à son père, comme si le Sénégal était une monarchie. Les manoeuvres du Président passent aussi par le biais de modifications et de tripatouillages constitutionnels (15 fois en 9 ans) pour tailler à son fils un costume de président. Son obsession du pouvoir le conduit à faire de la Constitution sénégalaise un véritable « paillasson » sur lequel il s‟essuie les pieds avant d‟accomplir ses forfaits. Il ne se fait pas prier pour dissoudre les collectivités locales dirigées par l‟opposition, parfois au profit des proches de la Génération du Concret, cette nébuleuse que dirige Karim Wade. Le Président prolonge aussi le mandat des députés et reporte plusieurs fois les élections législatives et locales dans le seul but de se soustraire au « véto » des Sénégalais.
Des représentations diplomatiques multipliées par deux, des agences budgétivores se substituent aux différents ministères. Certaines d‟entre elles sont dirigées par des proches de Karim Wade. Parmi
celles-ci, l‟Anoci que préside le fils du Président. Cette agence très controversée refuse de répondre devant la commission des finances de l‟Assemblée Nationale qui souhaitait entendre Karim Wade sur les rumeurs de dépassement budgétaire et de gestion liés au sommet de l‟OCI à Dakar. Abdoulaye Wade demande la tête de Macky Sall, le président de l‟Assemblée Nationale que certains accusent d‟être derrière cette convocation. Aucune opposition n‟est en mesure de faire face aux dérives autocratiques du Président qui réussit à mettre la main sur tous les contre-pouvoirs. Seule la presse privée échappe plus ou moins à son contrôle et résiste tant bien que mal, devant les menaces et tentatives d‟intimidation ou de corruption de la part des tenants du régime. Des agressions ciblées pour déstabiliser le dernier rempart deviennent monnaie courante. Une conspiration vise à saper le travail des journalistes que la police convoque à tour de rôle, dans un balai assourdissant et pour des motifs triviaux. Et tout ceci avec la complicité de certains patrons de presse qui aident le pouvoir à mettre les journalistes en sursis. Le processus de monarchisation enclenché, Abdoulaye Wade ne peut plus faire marche arrière. Il tente de liquider, excepté son fils, tous les héritiers potentiels qui osent lorgner son fauteuil présidentiel, à commencer par ses anciens collaborateurs et Premiers ministres : Idrissa Seck et Macky Sall, ainsi que beaucoup de personnes qui leur sont proches. En moins de huit ans, presque tous les symboles de l‟Etat ont volé en éclat. Karim Wade devient l‟un des hommes les plus puissants au Sénégal. Il recapitalise les ICS (Industries Chimiques du Sénégal) qui sont passées de 20 milliards de bénéfice à 80 milliards de perte sans mentionner l‟endettement à coups de milliards. La Sonacos (société de production d‟huile) n‟est pas en reste, et bien d‟autres entreprises qu‟il bazarde parfois à ses coopérants arabes. Le très stratégique port de Dakar, jadis contrôlé par le groupe Bolloré, n‟échappe pas à la saignée. La Génération du Concret (GC) commence à coopter députés, ministres et sénateurs. Ce mouvement qui se définit comme apolitique, tente d‟accéder au pouvoir par tous les moyens, allant jusqu‟à investir des candidats sur les listes du PDS dans le but d‟assurer une mainmise sur les collectivités locales. La candidature de Karim Wade à la mairie de Dakar en mars 2009 en est l‟illustration. Le doute n‟est plus permis. Les ambitions du fils sont claires et précises : il veut succéder à son père. La GC veut se substituer au PDS, le parti au pouvoir, et compte investir Karim Wade candidat aux élections de 2012… La cuisante défaite du père et du fils aux élections locales de mars 2009 ne sert pas de leçon aux tenants du pouvoir. Au lendemain de ces échéances électorales et à la surprise générale
Éditions EDILIVRE PARIS 75008 Paris – 2010
Ps : Momar Mbaye est blogueur à xalima blog
A la fin de l‟état de grâce qui a duré jusqu‟en 2004, et face à la demande sociale croissante, Abdoulaye Wade consacre beaucoup d‟efforts à hisser son fils au sommet de l‟Etat, à l‟heure où des centaines de jeunes désoeuvrés et déçus de l‟alternance n‟ont d‟autre choix que de braver l‟Atlantique au prix de leur vie, dans le but de ramasser des miettes de survie. Les proches du fils du Président sont promus, comme leur mentor, à de hauts postes de responsabilité, aussi bien dans le parti au pouvoir (PDS) qu‟au sein de l‟Etat. Première manoeuvre d‟Abdoulaye Wade : il confie à son fils la construction des infrastructures liées à l‟Organisation de la Conférence Islamique à Dakar en mars 2008. Tous les moyens de l‟Etat sont mis à la disposition du fils du Président qui dispose d‟un jet privé. L‟argent du contribuable sert aussi à financer les déplacements de Karim Wade dont les lieutenants étalent sur la place publique ses ambitions de succéder à son père, comme si le Sénégal était une monarchie. Les manoeuvres du Président passent aussi par le biais de modifications et de tripatouillages constitutionnels (15 fois en 9 ans) pour tailler à son fils un costume de président. Son obsession du pouvoir le conduit à faire de la Constitution sénégalaise un véritable « paillasson » sur lequel il s‟essuie les pieds avant d‟accomplir ses forfaits. Il ne se fait pas prier pour dissoudre les collectivités locales dirigées par l‟opposition, parfois au profit des proches de la Génération du Concret, cette nébuleuse que dirige Karim Wade. Le Président prolonge aussi le mandat des députés et reporte plusieurs fois les élections législatives et locales dans le seul but de se soustraire au « véto » des Sénégalais.
Des représentations diplomatiques multipliées par deux, des agences budgétivores se substituent aux différents ministères. Certaines d‟entre elles sont dirigées par des proches de Karim Wade. Parmi
celles-ci, l‟Anoci que préside le fils du Président. Cette agence très controversée refuse de répondre devant la commission des finances de l‟Assemblée Nationale qui souhaitait entendre Karim Wade sur les rumeurs de dépassement budgétaire et de gestion liés au sommet de l‟OCI à Dakar. Abdoulaye Wade demande la tête de Macky Sall, le président de l‟Assemblée Nationale que certains accusent d‟être derrière cette convocation. Aucune opposition n‟est en mesure de faire face aux dérives autocratiques du Président qui réussit à mettre la main sur tous les contre-pouvoirs. Seule la presse privée échappe plus ou moins à son contrôle et résiste tant bien que mal, devant les menaces et tentatives d‟intimidation ou de corruption de la part des tenants du régime. Des agressions ciblées pour déstabiliser le dernier rempart deviennent monnaie courante. Une conspiration vise à saper le travail des journalistes que la police convoque à tour de rôle, dans un balai assourdissant et pour des motifs triviaux. Et tout ceci avec la complicité de certains patrons de presse qui aident le pouvoir à mettre les journalistes en sursis. Le processus de monarchisation enclenché, Abdoulaye Wade ne peut plus faire marche arrière. Il tente de liquider, excepté son fils, tous les héritiers potentiels qui osent lorgner son fauteuil présidentiel, à commencer par ses anciens collaborateurs et Premiers ministres : Idrissa Seck et Macky Sall, ainsi que beaucoup de personnes qui leur sont proches. En moins de huit ans, presque tous les symboles de l‟Etat ont volé en éclat. Karim Wade devient l‟un des hommes les plus puissants au Sénégal. Il recapitalise les ICS (Industries Chimiques du Sénégal) qui sont passées de 20 milliards de bénéfice à 80 milliards de perte sans mentionner l‟endettement à coups de milliards. La Sonacos (société de production d‟huile) n‟est pas en reste, et bien d‟autres entreprises qu‟il bazarde parfois à ses coopérants arabes. Le très stratégique port de Dakar, jadis contrôlé par le groupe Bolloré, n‟échappe pas à la saignée. La Génération du Concret (GC) commence à coopter députés, ministres et sénateurs. Ce mouvement qui se définit comme apolitique, tente d‟accéder au pouvoir par tous les moyens, allant jusqu‟à investir des candidats sur les listes du PDS dans le but d‟assurer une mainmise sur les collectivités locales. La candidature de Karim Wade à la mairie de Dakar en mars 2009 en est l‟illustration. Le doute n‟est plus permis. Les ambitions du fils sont claires et précises : il veut succéder à son père. La GC veut se substituer au PDS, le parti au pouvoir, et compte investir Karim Wade candidat aux élections de 2012… La cuisante défaite du père et du fils aux élections locales de mars 2009 ne sert pas de leçon aux tenants du pouvoir. Au lendemain de ces échéances électorales et à la surprise générale
Éditions EDILIVRE PARIS 75008 Paris – 2010
Ps : Momar Mbaye est blogueur à xalima blog