La Hongrie annonce avoir obtenu de Trump une exemption des sanctions liées au pétrole russe

« Résultat majeur de la rencontre d'aujourd'hui [entre le président américain et le dirigeant hongrois] : les États-Unis ont accordé à la Hongrie une exemption illimitée des sanctions sur le pétrole et le gaz russe. Nous sommes reconnaissants de cette décision qui garantit la sécurité énergétique de la Hongrie », a écrit sur X le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto.

Avant sa rencontre avec Viktor Orban, Donald Trump avait confirmé étudier la possibilité d'une exemption, parce qu'il est « très difficile » pour son allié « d'obtenir le pétrole et le gaz d'autres régions » puisque la Hongrie « ne bénéficie pas d'un accès à la mer ». Le Premier ministre hongrois est un soutien du milliardaire américaine depuis sa première campagne pour la Maison Blanche en 2016. Il avait lui indiqué qu'il comptait lui expliquer, pendant leur réunion bilatérale, quelles seraient les « conséquences » pour la Hongrie de « ne plus avoir de gaz et de pétrole russe ».

En octobre, les États-Unis ont imposé des sanctions aux deux plus grands producteurs de pétrole russes – Rosneft et Lukoil – face au refus de la Russie de mettre fin à la guerre en Ukraine. Et Washington avait réclamé aux pays comme la Slovaquie et la Hongrie de se « sevrer » des sources d'énergie russes. Or, Budapest dépend fortement du pétrole russe, et les sanctions américaines mettent potentiellement en danger Viktor Orban, à quelques mois d'élections législatives que le leader nationaliste, au pouvoir depuis 2010, n'est pas sûr de remporter, selon les sondages.

Coup de pouce

Cette concession de Donald Trump, annoncée vendredi 7 novembre par la Hongrie avec cette dérogation, est donc le bienvenu pour ce pays d'Europe centrale, même si, un peu plus tard, un responsable de la Maison Blanche a fait savoir qu'il n'était accordé à Budapest que pour un an seulement. En contrepartie, la Hongrie s'est, quant à elle, engagée à acheter pour environ 600 millions de dollars de gaz naturel liquéfié américain, précise la même source.

« C’était un sommet historique, la Hongrie est un acteur clé dans le monde », se félicite la télévision publique hongroise. « Nous avons réussi ! », renchérit le Magyar Nemzet, quotidien pro-Orban. Les médias pro-gouvernementaux saluent d’un ton triomphal les talents de négociateur de Viktor Orban, rapporte notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère.

En accordant des faveurs à son ami Orban, Donald Trump lui donne un sacré coup de pouce à cinq mois des élections législatives hongroises. Viktor Orban peut s’afficher comme un homme d’État qui s'entretient avec les grands de ce monde, et qui parvient à imposer son point de vue au président des États-Unis.

Trump appelle l'Union européenne à « respecter » la Hongrie

Le dirigeant hongrois avait rendu visite trois fois l'année dernière à Donald Trump, à chaque fois dans sa résidence Mar-a-Lago, en Floride, dont deux fois avant la réélection du milliardaire. Les deux hommes ont à nouveau exposé leurs affinités idéologiques ce 7 novembre.

Le président américain a exhorté l'Union européenne à « respecter » la Hongrie et son Premier ministre, qui s'est plaint des sanctions financières imposées par Bruxelles. « Ils devraient respecter la Hongrie et respecter ce dirigeant très, très fortement, parce qu'il a eu raison sur l'immigration », a déclaré Donald Trump. Le président a jugé que les Européens pourraient « s'inspirer » de son invité. Lui-même a mis en place une brutale politique anti-immigration depuis son retour à la Maison Blanche en janvier.

Orban n'a pas cherché à diversifier ses importations d'hydrocarbures

Viktor Orban a, de son côté, appelé à lancer un « âge d'or » pour la relation entre les États-Unis et la Hongrie, reprenant l'une des expressions préférées de Donald Trump. Il a aussi critiqué la politique de l'Union européenne face à la guerre en Ukraine, assurant que « les seuls gouvernements favorables à la paix étaient les États-Unis et la petite Hongrie ».

Rare dirigeant européen proche à la fois du président américain et du président russe Vladimir Poutine, Viktor Orban n'a pas cherché à diversifier massivement ses importations depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. L'administration américaine s'est, par ailleurs, engagée à fermer un média en langue hongroise financé par les États-Unis afin de soutenir le Premier ministre nationaliste.

Rfi avec AFP