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La femme dépositaire des savoirs endogènes liés à la gestion de la pratique de la culture du manioc cultivé dans le bassin agricole de la Ngounié

Rédigé par leral.net le Mardi 17 Juin 2025 à 07:06 | | 0 commentaire(s)|

Si des mesures conservatoires sont clairement définies et établies, pour la préservation de l'environnement, à l'exemple des formes de vie et des sites exceptionnels, la question de la conservation du patrimoine culturel dédié aux pratiques agricoles traditionnelles reste à ce jour très peu investie.
C'est donc, dans le cadre de son stage à l'Institut de Recherche Agronomiques et Forestière (IRAF), pour le parachèvement de son Master II en Conservation et Valorisation des Patrimoines (...)

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Si des mesures conservatoires sont clairement définies et établies, pour la préservation de l'environnement, à l'exemple des formes de vie et des sites exceptionnels, la question de la conservation du patrimoine culturel dédié aux pratiques agricoles traditionnelles reste à ce jour très peu investie.

C'est donc, dans le cadre de son stage à l'Institut de Recherche Agronomiques et Forestière (IRAF), pour le parachèvement de son Master II en Conservation et Valorisation des Patrimoines Naturels et Culturels du Gabon, passé à l'Université Omar Bongo (UOB), que sous la supervision du Dr Dyana Ndiade Bourobou, Chercheur à l'IRAF, Michaël Moukouangui Moukala, Journaliste, spécialiste des questions environnementales, a conduit durant la période de juin à décembre 2024, une enquête pour comprendre les pratiques agricoles liées à la perpétuation des savoirs endogènes autour de la gestion de la culture du manioc dans le bassin agricole de la Ngounié.

Ainsi, avec l'assistance technique du Directeur Provincial de l'Agriculture de la province de la Ngounié, Monsieur Arnaud Ngodi Ranga, près d'une centaine de cultivateurs, membres des organisations paysannes des chefs-lieux de Mouila et de Lebemba, ont volontairement collaboré à produire les résultats de cette enquête.

L'étude décrit (1) le profil du conservateur du manioc cultivé dans la Ngounié, (2) Caractérise la collection du manioc cultivé et (3) le mode de transmission de la gestion de sa semence.

L'étude révèle ainsi que par son emprise dans la filière manioc, il s'avère que dans le bassin agricole de la Ngounié, les femmes (à 80%) soient dépositaires de la gestion des savoirs endogènes liés à la pratique de la culture du manioc. Elles sont organisées en associations, coopératives ou en producteur individuel. Elles sélectionnent, multiplient et conservent, scrupuleusement depuis leurs exploitations, les variétés performantes et économiquement rentables.

La collection de manioc est large, avec un panel d'au moins 86 variétés inventoriées dans le cadre de cette étude, et désignées par des noms pilotes empruntés aux groupes socioculturels locaux, á l'exemple du Ypunu, Isango, Nzébi, Nvungu, Tsogho, Gisir, etc.

Deux catégories de variétés ont été considérées : la première, composée des variétés traditionnelles, représentées à 2/3 (18%), parmi lesquelles, se démarquent, le Ditadi, Ditadi Rouge, Bilongou, Kwata, Mouzoumba, Mambikini, Jaune, etc. La seconde catégorie serait composée des variétés introduites représentants le tiers de la collection, désignées sous l'appellation de : Six mois, SONADECI, Emmanuel, Evelyne, Jaune, etc.

S'agissant de la gestion de la semence, cette étude met en exergue quatre groupes de critères de sélection, par ordre d'importance, (1) la transmission héréditaire des critères de sélection - héritage familial transgénérationnel de la semence -, (2) les performances agronomiques, (3) la capacite de résistance aux phytopathologies, et enfin (4) la suggestion par un tiers. La conservation de la semence se fait in situ, par la tige du plant de manioc sur pied dans la plantation de la mère, qui le transmettra à sa fille ou à sa bru (belle-fille).

Ainsi de fil en aiguille, les connaissances endogènes sur la gestion de la semence s'opère d'une génération à une autre à travers les lignées maternelles consanguines, au travers des liens de mariage d'une famille à une autre, ou encore de proche en proche.

L'étude souligne également le vieillissement de la population des producteurs de manioc, et s'interroge sur la perpétuation de ces savoirs endogènes si aucune mesure préventive n'est mise en œuvre pour pallier cette inquiétude.

De fait, au terme de cette étude, le Journaliste propose, l'aménagement d'un Jardin Botanique dédié à l'exposition grand public et la conservation des collections du manioc cultivé à travers l'ensemble du territoire gabonais et tend là, une invitation aux autorités compétentes, notamment le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et du Développement Rural, les Instituts du CENAREST et les partenaires au développement, dont la FAO, et le programme WAVE GABON à soutenir cette intention.

A propos de Michaël Moukouangui Moukala

Spécialiste de la Communication et de la Conservation de Patrimoines naturels et culturels, Michaël Moukouangui Moukala est un Journaliste, Spécialiste des questions environnementales gabonais. Primé Forest Stewardship Council (FSC) pour le journalisme durable au Gabon, il est le Fondateur de La Lettre Verte (www.lalettreverte.info), un média spécialisé en environnement. Il totalise 13 ans d'expérience dans le domaine du journalisme et est l'auteur de plusieurs enquêtes journalistiques sur l'environnement.

Michaël MOUKOUANGUI MOUKALA et
Dyana NDIADE BOUROBOU



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/societe/article/...