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La grève des travailleurs de la Justice paralyse le pays : l’État doit agir d’urgence

La grève déclenchée par l’entente SYTJUST–UNTJ entre dans sa troisième semaine consécutive. Après huit jours ouvrés de grève totale observés sur deux semaines, les travailleurs de la Justice ont décidé d’un nouveau mot d’ordre de grève de 72 heures à compter du lundi 30 juin 2025.


Rédigé par leral.net le Dimanche 29 Juin 2025 à 22:18 | | 0 commentaire(s)|

La grève des travailleurs de la Justice paralyse le pays : l’État doit agir d’urgence
Les conséquences de ce mouvement social sont d’une gravité exceptionnelle. La Justice est totalement paralysée : les audiences sont systématiquement renvoyées et les greffes sont fermés : aucune délivrance ni dépôt d’acte n’est possible dans les Cours et Tribunaux du pays.

Cette situation entraîne un chômage technique de fait pour l’ensemble des acteurs de la chaîne judiciaire : juges, avocats, huissiers, notaires et auxiliaires de justice. Les justiciables, eux, voient leurs démarches bloquées, parfois avec des conséquences irréversibles.

Plus préoccupant encore, des atteintes graves aux droits fondamentaux sont constatées :

• Prolongation injustifiée de détentions,

• Délivrance quasi automatique de mandats de dépôt,

• Violation du droit au procès équitable et dans un délai raisonnable.

L’économie nationale n’est pas épargnée. La grève affecte le fonctionnement du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM), bloquant la formalisation d’entreprises, l’enregistrement des garanties dans les opérations économiques ou encore la mise en œuvre des procédures collectives (redressements et liquidations judiciaires).

Les cessions de salaire pour les prêts personnels sont également suspendues, perturbant les relations entre salariés, établissements financiers et employeurs.

L’État subit lui aussi un manque à gagner considérable :

• Le recouvrement des droits de timbre et d’enregistrement est à l’arrêt,

• Les recettes liées aux amendes pénales ne sont plus perçues dans les bureaux d’exécution des peines (BEX).

Malgré l’ampleur de cette crise, le silence du gouvernement est assourdissant.
Le ministre de la Fonction publique, pourtant officiellement saisi depuis le 7 février 2025, se limite à des déclarations dilatoires qui ne font qu’aggraver la situation.

Quant au ministre de la Justice, il s’est enfermé dans un mutisme inquiétant, alors même que les services de son département sont dans un état de dysfonctionnement inédit.

Face à ce blocage, le Premier ministre doit impérativement reprendre la main, car la situation semble échapper à la capacité de réaction des ministères concernés.

Enfin, le Président de la République ne peut plus rester à l’écart. En vertu de l’article 42 de la Constitution, il est le garant du fonctionnement régulier des institutions, y compris l’institution judiciaire. Il lui revient de prendre ses responsabilités pour sortir le pays de cette impasse.

L’heure n’est plus aux discours : il faut des actes.

Adama Sall

Ousseynou Wade