La marginalisation de la communauté Fang de Booué, une source de discorde ?

« Depuis le départ des colons du Gabon, certaines ethnies à l'image des saké, Kota, Ndambomo, se sont appropriées Booué comme un terrain avec titre foncier », fulmine un notable Fang de la localité. Dans les faits, les fonctions nominatives telles que, Membre du Gouvernement, Secrétaires Généraux des ministères, Conseillers de Chef de l'État, Directeurs Généraux des entités étatiques, para étatiques et privées, ainsi que des fonctions électives comme celles des Députés Titulaires, Sénateurs Titulaires et Présidents du Conseil Départemental ont toujours été trustées par les communautés citées plus haut. Tout se passe comme si la communauté Fang de Booué devait s'astreindre à jouer les seconds rôles dans l'échiquier politique local.

Énoncé plus simplement, les cadres et responsables de cette communauté ne seraient bons qu'à occuper des strapontins comme Attaché Parlementaire, Député Suppléant, Sénateur Suppléant, Vice-Président du Conseil Départemental, ou encore à exercer en qualité de simples agents au sein des administrations publiques, para-publiques et privées. Une tendance qui tend à se pérenniser, malgré l'avènement d'un nouveau régime. Cela s'est encore donné à voir au moment de composer la commission départementale de campagne de l'ex-candidat à la présidentielle, Brice Clotaire Oligui Nguema. Majoritairement dominée par les communautés citées supra, les Fang de Booué ont à nouveau été « brimés » au moment de la composition de ladite commission, suivant les déclarations du même notable.

Malgré sa forte mobilisation derrière le nouveau pouvoir, la communauté Fang reste marginalisée, brimée et écartée des postes politiques importants à Booué

Pourtant, comme les résultats issus de l'élection référendaire du 16 novembre 2024, les résultats du scrutin présidentiel du 12 avril 2025 démontrent que la communauté Fang de Boué et du Canton Nke (essentiellement habité par cette ethnie), a fait la démonstration d'un soutien à la soviétique, en votant massivement pour Brice Clotaire Oligui Nguema, comparativement aux communautés qui regorgent les Membres du Gouvernement, les Directeurs Généraux et autres personnalités nommées pendant la Transition.

Une réalité que les résultats officiels confirment. Si la lecture des données statistiques des résultats de l'élection présidentielle du 12 avril 2025 démontre que le Département de la Lopé s'est exprimé en faveur de l'ancien candidat à la présidentielle, Brice Clotaire Oligui Nguema, à 95,69% des suffrages, une analyse approfondie desdits chiffres, montre que les suffrages du canton Nke (essentiellement habité par la communauté Fang) ont été au dessus de la moyenne des suffrages départementaux avec 98,94%, et que les suffrages des seuls villages Fang du Département de la Lopé étaient de 99,57%. Et enfin, ces mêmes résultats officiels démontrent, même de manière anecdotique, que l'opposition aurait obtenu plus de suffrages dans le canton Fieng-Okano, fief du Ministre Philippe Tonangoye.

Ministres et Hauts Cadres de l'administration originaires du département de la Lopé depuis 1960 ©DR

De la nécessité de réserver un traitement équitable à toutes les communautés du département de La Lopé

Fort de cette marginalisation de la communauté Fang qui semble perdurer dans cette localité, les cadres et responsables issus de ladite communauté appellent à un traitement équitable des filles et fils de cette partie du Gabon, comme l'indique le titre premier de la Constitution, notamment en son article premier alinéa 3 : « Tout acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute propagande régionaliste pouvant porter atteinte à l'unité nationale (…) sont punis par la loi », précise la loi fondamentale Gabonaise.

Pour finir, notamment dans la perspective des échéances électorales à venir, la communauté Fang du Département de la Lopé, à Booué, dans l'Ogooué-Ivindo, sollicite l'intervention de celui qu'elle appelle affectueusement « Akoma Mba », le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour une meilleure prise en compte de toutes les ethnies au moment de procéder à des investitures pour les élections législatives et locales ou aux nominations à des postes de responsabilité.

FB