Sculpter son corps grâce à l'utilisation de poids, d'haltères ou de machines semble être un art autant qu'un remède. La musculation en effet consolide les muscles de manière ciblée, prévient le mal de dos, contribue à lutter contre l'ostéoporose, ralentit les effets du vieillissement et améliore bien-être et estime de soi.
Ce qui va bien au-delà de ce que l'on nomme souvent à tort par le terme péjoratif de « gonflette . « C'est en effet très caricatural, relève Philippe Geiss, directeur technique national adjoint de la Fédération française d'haltérophilie-musculation (FFHM), car cela sous-entend que les muscles se développent tout seul avec quelques haltères. C'est en fait un travail qualitatif, c'est long et difficile. »
Et parce que la musculation n'est pas seulement une histoire de prise de masse : « Il y a des méthodes de musculation qui n'ont pas pour but le développement musculaire. Par exemple, lorsqu'on pratique le saut en hauteur on doit être musclé sans s'alourdir. Ou dans le cas des femmes qui, pour la plupart, en font pour tonifier leur corps, non pour prendre du volume »,ajoute-t-il.
Muscu fonctionnelle
Depuis une dizaine d'années, l'image de la « muscu » a évolué. Gros bras, pecs et tablettes d'abdos ont laissé la place à ce que l'on appelle « la musculation fonctionnelle », celle qui permet d'être en meilleure santé mais aussi d'améliorer ses performances dans des sports comme le running ou le ski. « Il s'agit de musculation utile, explique Philippe Geiss, basée sur des mouvements qui font intervenir les grandes chaînes musculaires plutôt qu'un muscle localisé, comme c'est le cas dans le bodybuilding ; des exercices qui font travailler l'ensemble du corps, la souplesse, la coordination, l'équilibre, l'explosivité. »
Une méthode dont l'un des objectifs est d'agir sur la forme autant que sur la santé. Ainsi, par le renforcement musculaire, on peut prévenir et traiter l'ostéoporose, la sarcopénie (fonte des muscles), le mal de dos, le surpoids... Les résultats peuvent être étonnants.
Ainsi pour contrer les méfaits de l'ostéoporose, un programme ciblé sur des seniors a prouvé son efficacité : « Il y a une dizaine d'années, nous avons commencé une expérimentation en partenariat avec l'Institut de prévention et de recherche sur l'ostéoporose (Ipros) de l'hôpital d'Orléans, raconte Philippe Geiss. Suite à un programme de musculation sur des femmes âgées, des examens de densité osseuse ont été réalisés et on s'est aperçu qu'il y avait non seulement un maintien mais également une récupération de la masse osseuse. Quand on soulève des poids, le muscle se contracte, tire sur l'os qui réagit aux contraintes musculaires et donc se renforce. »
Mieux vieillir
Même constat en ce qui concerne la sarcopénie (en se renforçant, on préserve son capital musculaire qui diminue avec l'âge, ce qui participe à la prévention des chutes), les effets du vieillissement sur la peau (le muscle en contraction agit sur les fibres élastiques qui sont alors mieux soutenues), le mal de dos (en consolidant les muscles autour de la colonne vertébrale, les abdos, cuisses et fessiers), mais également le surpoids.
« Il n'y a pas que les sports d'endurance qui permettent de perdre du gras,confirme Philippe Geiss. Avec le travail musculaire, la dépense énergétique est importante, surtout dans la phase de récup qui est un processus énergétique coûteux : pendant les vingt-quatre heures qui suivent la séance, les muscles se reconstituent et brûlent de la graisse. »
En d'autres termes, la musculation mérite d'être mieux connue et certainement reconnue comme un sport noble dont le principal mérite est de répondre à la plupart des problématiques, qu'elles soient de santé, physiques ou d'ordre social puisqu'elle permet une plus grande confiance en soi à l'heure où le regard de l'autre est souvent intimement lié à son propre bien-être.