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La singularité algérienne face à «L'innocence des musulmans»

Rédigé par leral.net le Jeudi 20 Septembre 2012 à 10:55 | | 4 commentaire(s)|

Face à «L'innocence des musulmans», des Algériens ont choisi de ne pas croire à l'innocence des islamistes.


La singularité algérienne face à «L'innocence des musulmans»
C'est un drapeau écrit blanc sur noir. Celui de l'United States of salafistes. On le voit de plus en plus: du Sahel et jusque sur les ambassades américaines en Tunisie ou ailleurs. Ce drapeau désigne paradoxalement un pays à venir selon les idées d'un pays révolu.

Ce drapeau fait aussi dans le remake: il a ses martyrs, fait sa guerre de libération, a son hymne (l'Adhan), ses ennemis, ses otages, sa vision du monde aveugle et ses foules. Il vise cependant un peu plus que les décolonisations: la terre entière, convertie en une mosquée totale face à l'Eglise totale qui veut gouverner la terre entière, selon lui.

Passons, car ce n'est pas le sujet du jour mais le sujet du siècle. La question du jour est celle qui étonne les Algériens et le reste du monde: pourquoi en Algérie il n'y pas eu de manifestations salafistes violentes contre le film L'innocence des musulmans?

Des réponses sont en circuit: la première veut que cela soit à cause de la police algérienne. Elle est rodée, sait contenir les manifestations, même celles organisées dans la tête, possède vingt ans d'expérience dans la gestion des foules et des vastes ronds-points et a le fichier le plus long au monde de ses islamistes, affidés, descendants, ascendants et sympathisants.

La seconde thèse est que l'Algérie est un pays post-mortem: tout le monde y est mort politiquement, sauf Abdelaziz Bouteflika qui a prouvé qu'il est vivant télévisuellement.

On est, selon la théorie, dans le post-islamisme, le post-socialisme, la post-décolonisation et la post-illusion et pré-emploi. Ici donc, selon cette thèse, les gens ne sont plus que des piétons ou des importateurs. Ni salafistes, ni progressistes.

200.000 morts et beaucoup de souffrance

L'activité politique se résume à redresser ou à s'asseoir ou à partir. Donc, dans un pays qui a connu une guerre civile, 200.000 morts et beaucoup de souffrance, on se passe un peu de l'illusion salafiste et islamiste. Et de son contraire aussi.

L'Algérie n'est plus dans la phase FIS (Front islamique du salut), mais dans la phase Al Qaïda. Le drame d'un diplomate tué par des salafistes, elle l'a vécu quelques semaines avant les Etats-Unis.

Le drame du 11-Septembre, elle l'a vécu dix ans avant les Etats-Unis. Le «dégage!», elle l'aurait vécu il y a vingt ans avant la place Tahrir. Un des rares domaines où nous sommes en avance sur le reste de l'humanité.

L'autre théorie qui explique un peu la singularité algérienne est justement la singularité algérienne.

Ce pays a cinquante ans: il est plus jeune que ses dirigeants. Les jeunes sont plus nombreux que les vieux mais se sentent plus vieux que le reste de l'humanité. C'est un pays où on enregistre dix émeutes par jour mais seulement une révolution par siècle.

Tout le monde y parle de l'au-delà, y vit déjà, y va un peu ou en revient après dix ans de guerre. Du coup, on y est sans utopie, sans illusion, en avance sur les autres, en retard sur soi. Un peu. Ou tellement. Ou seulement en apparence. Avec la plus grande mosquée d'Afrique et les plus petits partis islamistes dans le monde arabe.

Donc face à L'innocence des musulmans, des Algériens ont choisi de ne pas croire à l'innocence des islamistes. Cela a ravi un peu. Mais cela impose de rester prudent aussi.

Selon certains, la dictature est utile seulement pour faire barrage aux salafistes. Pour le reste, pour les routes, les commerces ou autre, c'est un désastre.

Donc la singularité algérienne est là: le troisième âge collectif donne cette sagesse molle sans vertèbres qui permet de rester prudent et de rester assis, sur soi.

On connaît cependant le sens de l'expérience selon le proverbe: une lanterne qui permet d'éclairer le passé. Et l'avenir? Une lanterne éclairée au gaz et au pétrole, disent les prévisions à court terme.


Kamel Daoud (Quotidien d'Oran)



1.Posté par Agawa TO le 20/09/2012 12:27 | Alerter
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Avant hier à Tizi-ouzou en Kabylie des citoyens en colère ont carrément saccagé et brulé une caserne de gendarmerie. Hier à Tiaret dans l'ouest Algérien des citoyens qui contestaient la liste des attributaires de logements sociaux ont pris en otage ...le sous préfet.

Donc, on peut normalement supposer que les Algériens n'ont aucune crainte de leur police et des autorités quand ils ont des raisons de manifester.

On peu en déduire que le film " innocence of muslim's" ne les concerne et ne les dérange pas du tout s'il n'ont pas manifester à l’instar des autres musulmans.

2.Posté par morad le 20/09/2012 13:31 | Alerter
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malheureusement ici en France la figure décriée se sont les algériens beaucoup de français ne veulent pas voir l'exemplarité du peuple algérien ici des qu'il y a un problème c'est immédiatement un algérien que l'on accuse . moi qui suis né ici en France de parents oranais je peu vous dire que je suis fier du peuple algérien peu être un jour un retour aux sources inch allah.

3.Posté par boulam le 20/09/2012 22:28 | Alerter
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Vraiment, chapeau bas pour le journaliste qui a écrit cet article

Un grand bravo, car vous avez illustré mot par mot la réalité du vécu des algeriens telle qu'elle est vue par les algériens eux même.

4.Posté par LOUANCHI le 11/10/2012 13:07 | Alerter
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HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :
lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.


Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

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