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“La tragédie des Premiers ministres !”, Par Bougar Diouf

La fonction de Premier ministre n’est pas un accessoire de prestige. C’est une charge constitutionnelle lourde, austère, contraignante. Elle oblige à une discipline absolue, une rigueur quotidienne et une loyauté institutionnelle sans faille. Celui qui occupe cette fonction, ne sert pas une carrière : il sert l’État.


Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Décembre 2025 à 18:48 | | 0 commentaire(s)|

“Or, il est devenu nécessaire de rappeler une vérité fondamentale, que certains semblent oublier : un Premier ministre n’est pas un co-Président, et encore moins, un Président en attente. La mission qui lui est confiée, n’a rien à voir avec un exercice de notoriété personnelle ou un test de popularité. Elle consiste à diriger l’action du gouvernement, point final.

Un Premier ministre sérieux, devrait consacrer chaque minute à :

stabiliser et piloter l’économie, en anticipant les chocs globaux ;

accélérer l’industrialisation, fondement de toute souveraineté économique moderne ;

renforcer les infrastructures vitales, routes, rails, ports, énergie ;

élever le niveau de l’école, préparer une génération compétitive ;

consolider un système de santé résilient, capable de répondre aux crises ;

optimiser l’administration publique, réduire les lourdeurs, améliorer la performance ;

assurer la cohésion sociale, prévenir les tensions, désamorcer les crises ;

piloter la communication gouvernementale pour garantir clarté et crédibilité ;

défendre les projets de loi, suivre leur exécution, exiger des résultats ministériels ;

coordonner les forces et les faiblesses du pays, pour conduire son développement.

C’est cela, la Primature : une machine exigeante qui ne laisse aucune place à l’errance politique.

Et pourtant, certains Premiers ministres s’égarent dans une dérive institutionnelle inquiétante. Ils transforment une responsabilité républicaine en tribune personnelle, laissant penser que leur mission se résume à tester leur destin présidentiel.

Ce comportement n’est pas seulement déplacé :
il est politiquement déloyal,
institutionnellement déstabilisant,
et socialement dangereux.

Car lorsque le Premier ministre détourne son énergie vers une bataille symbolique avec le Président :

la cohérence gouvernementale se fissure,

les politiques publiques perdent en efficacité,

les réformes s’enlisent,

l’administration patine,

et le peuple paie la facture.

Un Premier ministre qui oublie sa place, affaiblit l’État.
Un Premier ministre qui concurrence son propre supérieur constitutionnel, sape la confiance du peuple.
Un Premier ministre qui s’autorise une duplicité stratégique, compromet la bonne marche du pays.

Il ne s’agit pas ici d’un débat d’ego, mais d’un principe de gouvernance :
on ne peut pas gérer un pays, en jouant simultanément à la loyauté et à la rivalité.
C’est incompatible. C’est improductif. C’est contraire à l’esprit républicain.

L’État n’a aucune obligation de tolérer une Primature qui se comporte comme une plateforme de pré-campagne.
La Constitution ne prévoit pas un Premier ministre candidat permanent.
La République ne fonctionne pas avec deux centres de gravité politique au sommet.

Il faut donc le dire avec fermeté :
Un Premier ministre qui rêve plus du fauteuil présidentiel que de sa mission, trahit sa charge, trahit la confiance placée en lui et trahit les attentes du peuple.

La République n’a pas besoin de doubles ambitions.
Elle a besoin de résultats.
Elle a besoin de stabilité.
Elle a besoin d’un Premier ministre qui travaille, pas d’un Premier ministre qui manœuvre.”


M. Le président M. Bougar Diouf
Union des Panafricanistes Sénégalais UPS

Ousseynou Wade