leral.net | S'informer en temps réel

Lamine Bâ, tête de liste Beug Beugou Askan Wi : ‘Il règne au Pds une ambiance culturelle de promotion des médiocres’

C’est un Lamine Bâ serein et loin d’être ébranlé par la menace d’exclusion brandie par certains responsables du Pds que nous avons rencontrés hier. Il s’est dit sûr de remporter ces élections locales sous la bannière de la liste Beug Beugou Askan Wi. C’est pourquoi, il continue, en toute sérénité, de mener normalement sa campagne électorale. Entretien.


Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Mars 2009 à 17:08 | | 2 commentaire(s)|

Lamine Bâ, tête de liste Beug Beugou Askan Wi : ‘Il règne au Pds une ambiance culturelle de promotion des médiocres’
Wal Fadjri : Quel est votre avis par rapport à l’ultimatum que vous a adressé votre parti pour rentrer dans les rangs ?
Lamine Bâ : On ne m’a pas adressé un ultimatum. On l’a plutôt adressé à la presse. En réalité, quand j’ai entendu dans certains médias la publication de cette décision administrative, j’étais sidéré. D’abord, parce qu’une note administrative doit être d’abord adressée à l’intéressé et non aux médias. En plus, j’ai entendu, par hasard, mon nom à la télévision, avant-hier, ainsi que les noms de certains de mes frères et amis. Je me suis dit, d’abord, que c’était nul. Ensuite, c’est seulement avant-hier que j’ai reçu un courrier dont je connaissais le contenu à travers les médias sénégalais. Cela témoigne de l’incurie et de la carence de certains personnages qui sont dans l’entourage du président de la République.

Wal Fadjri : Donc, personnellement, vous n’avez pas été saisi ?

Lamine Bâ : C’est par la suite que j’ai reçu une lettre de transmission signé par Abdoulaye Faye, administrateur général du Pds et datée du 27 février. Cette note m’est parvenue le 7 ou le 8 mars. Donc, une semaine plus tard. Qui plus est, à 24 heures de l’échéance ! Cependant, je ne suis pas un homme qu’on menace. Nous avons déjà dit qu’on peut écrire, prendre autant de décisions administratives que l’on veut, abroger une loi, mais pas une conviction profonde. Mes amis de la coalition Beug Beugou Askan Wi et moi sommes convaincus que le Pds a fait de graves erreurs sur la confection des listes et le choix des hommes à propos de ces élections locales. C’est pourquoi, je reste sur mes positions, je continue de faire ma campagne sous la bannière de Beug Beugou Askan Wi quoi qu’il advienne. Les menaces et les sanctions ne m’ébranlent aucunement.

Wal Fadjri : Vous restez sur la liste Beug Beugou Askan Wi ?

Lamine Bâ : Vous me voyez, moi, interrompre ma campagne et dire aux électeurs que j’arrête tout, sous prétexte d’une injection venant de je ne sais qui. Une telle attitude ne nous a jamais été enseignée par Me Wade lui-même pendant les 30 ans que nous avons été à son ombre.

Wal Fadjri : Pourtant, c’est votre parti qui a choisi le candidat Moussa Sy pour diriger la liste de la Coalition Sopi 2009 aux Parcelles assainies ?

Lamine Bâ : Ecoutez ! Je suis à un niveau de responsabilité nationale et internationale qui m’interdit de me focaliser sur des débats de personnes et des querelles de clocher. Je suis tout de même président du réseau des partis libéraux africains et vice-président de l’Internationale libérale, élu par un congrès de 120 partis politiques représentés par 450 délégués en mai dernier à Belfast. En plus, le parti m’avait désigné administrateur adjoint chargé des relations internationales, sans compter que depuis 1998 je suis secrétaire général de la section Pds des Parcelles assainies. J’ai été membre du gouvernement à plusieurs reprises (Environnement, Assainissement et Coopération décentralisée) et malgré tout cela, certains estiment que je n’ai ni la qualité ni la compétence pour figurer sur une liste électorale locale. Ne trouvez-vous pas tout cela absurde, à la limite insultant ? C’est pourquoi, j’ai décidé, au nom de ma dignité, de maintenir ma position, quoi qu’il m’en coûte. Je suis convaincu que la majorité des personnes choisies par le parti pour diriger les destinées de nos collectivités locales pendant 5 longues années ne sont pas les meilleures. C’est dangereux de confier l’avenir de nos enfants, de nos cités concernant la santé, l’éducation, la sécurité, l’assainissement, le développement local…à des mains aussi inexpertes et à des politiciens véreux et incompétents.

Wal Fadjri : En tant qu’intellectuel, en tant que défenseur de la cause libérale et vu vos responsabilités au niveau du parti, comment se fait-il qu’on vous mette à l’écart ?

Lamine Bâ : J’ai le sentiment que nous sommes dans une ambiance culturelle de promotion des médiocres en politique. Cela semble être une logique, un déterminisme politique dans le Pds. Alors qu’en démocratie, plus particulièrement dans un régime libéral, c’est la volonté populaire qui doit prévaloir. On doit tout de même veiller à choisir les plus compétents. Vous savez, dans le passé, en 1996, j’ai été utilisé par le Pds pour gagner les élections aux Parcelles assainies. Et nous avons été les premiers à réaliser l’alternance locale à Dakar. Par la suite on a mis quelqu’un dont la gestion calamiteuse a poussé le chef de l’Etat à prendre un décret d’érection d’une délégation spéciale.

En 2002 encore j’ai été utilisé pour la campagne, et mon projet de société basé sur la promotion des valeurs libérales a séduit les populations qui ont voté favorablement. Malheureusement, par la suite on nous a balancé un autre qui a eu un comportement tel que l’Exécutif l’a enlevé par décret. Ça suffit ! Je ne veux plus être utilisé une troisième fois et trahir aussi la population une troisième fois. J’arrête.

‘Le Pds est devenu un repaire de socialistes égarés et attirés juste par les senteurs et les saveurs du pouvoir’

Wal Fadjri : Pourquoi Lamine Bâ peine à s’imposer dans sa localité ?

Lamine Bâ : Je ne cherche pas à m’imposer. Je suis un libéral et un démocrate. Certainement, dans mon parti, des gens n’aiment pas les esprits libres. Mais au moins, je sais que je suis libre. Nous nous appelons parti libéral, mais nous n’aimons pas les esprits libres. Donc c’est peut-être mon esprit de liberté qui dérange. Avant même l’alternance, je me suis engagé dans une certaine forme d’entreprenariat qui m’a poussé à faire uniquement ce à quoi je crois. Je ne me comporte jamais de façon contraire à mes convictions. Mais, hélas, dans notre parti, c’est un péché voire un crime de vouloir être libre.

Wal Fadjri : Etes-vous victime de votre franc-parler ?

Lamine Bâ : Certainement ! Il y a aussi une guerre feutrée de succession depuis notre arrivée au pouvoir. Il y a des gens qui se sont dit que Me Abdoulaye Wade ne resterait pas longtemps au pouvoir. Moi, je n’en fais pas partie. Je compte l’accompagner jusqu’à mon dernier souffle tant qu’il en aura besoin. Si maintenant tel n’est plus le cas, je serai toujours heureux de reprendre ma liberté (…). À cet homme (Me Wade, Ndlr), j’ai donné toute ma jeunesse. J’ai cheminé à ses côtés pendant plus de 25 ans, du lycée à l’université. Ma vie a tourné autour de Me Wade et du libéralisme. J’ai même un enfant de 10 ans qui porte son nom. Donc, je ne regrette rien car j’ai le sentiment de l’avoir fait pour le Sénégal. Cependant, je suis un citoyen et non un sujet, un militant, non un valet. Et ce Pds que nous vivons aujourd’hui qui est victime (…) des anciens pourfendeurs de l’alternance, n’est plus celui qui nous faisait rêver dans les années 1980, 1990. Ce sont les ennemis d’hier du pays et du président Wade qui se sont accaparés du pouvoir. C’est dommage !

‘Dans notre parti, c’est un péché voire un crime de vouloir être libre’

Wal Fadjri : Donc, actuellement, le Pds n’est libéral que sur papier ?

Lamine Bâ : Je ne saurais l’affirmer sans ambages. Par contre, on peut dire que les véritables libéraux s’y comptent du bout des doigts, malgré le dynamisme incontestable de notre jeunesse libérale.

Wal Fadjri : Ces valeurs libérales dont vous parlez tout le temps c’est quoi en réalité ?

Lamine Bâ : Ces valeurs sont la liberté, la dignité, la justice, la tolérance, en un mot l’Humanisme. Ce sont ces valeurs qui ont structuré l’évolution du monde, du Moyen-Age jusqu’aux différentes révolutions démocratiques et à la révolution industrielle qui a enfanté la modernité. Malheureusement, ceux qui y croient ne font plus légion. Ce parti est devenu un repaire de socialistes égarés et attirés juste par les senteurs et les saveurs du pouvoir.

Wal Fadjri : A qui la faute ?

Lamine Bâ : En tout cas, je suis convaincu que Me Wade est un libéral. Maintenant allez lui demander pourquoi il s’est entouré de socialistes dont beaucoup étaient vomis par le peuple sénégalais en 2000. On pourrait lui imputer la faute à cause de son esprit de tolérance et d’ouverture. C’est bien d’ouvrir portes et fenêtres mais il faut aussi faire attention aux courants d’air.

Wal Fadjri : Comment jugez-vous vos rivaux ?

Lamine Bâ : Les électeurs vont nous juger tous le 22 mars. Cependant, si la politique est arrivée à ce stade où n’importe qui peut se réveiller un bon matin et dire : je veux avoir en charge la santé, la sécurité, l’éducation des enfants d’une population estimé à 300 mille habitants, durant 5 ans, sans même savoir écrire son nom correctement, c’est parce qu’il y a un danger. En terme de population, les Parcelles assainies sont la plus grande commune du Sénégal. Beaucoup de cadres, d’hommes d’affaires, de fonctionnaires, toutes les couches sociologiques du pays y vivent en symbiose. Bref, la localité c’est le Sénégal en miniature. L’essentiel de la classe moyenne de Dakar y habite. Alors, est-il responsable de confier cette cité à certains personnages atypiques ? Croyez-vous que c’est logique ?

‘Je suis un citoyen et non un sujet, un militant, non un valet’

Wal Fadjri : Le maire sortant avait déclaré, après son élection en remplacement de Mbaye Ndiaye que c’est le chef de l’Etat en personne, après l’avoir reçu en audience, qui lui a dit de se présenter.

Lamine Bâ : En démocratie, ce sont les citoyens qui élisent leur maire et non un chef d’Etat. Dans Beug Beug Askan Wi, c’est moi la tête de liste. Et si nous sortons majoritaires des consultations, je serai le maire inchallah.

Wal Fadjri : Quel est, selon vous, le profil du bon maire ?

Lamine Bâ : Il doit être quelqu’un de compétent, honnête et respecté par les populations. Quelqu’un qui sait défendre les intérêts de la population partout, même à l’étranger dans le cadre de la coopération décentralisée. Gérer une mairie ce n’est pas seulement collecter les taxes municipales et construire partout des cantines. Il faut donc des critères de compétence et de performance. Les mairies dépendent, en grande partie, pour au moins un tiers de leurs budgets, des ressources de la coopération décentralisée. Il faudrait donc choisir des élus compétents, capables de concevoir des projets et d’aller négocier des financements.

Wal Fadjri : Quels sont les principaux points de votre programme pour la commune ?

Lamine Bâ : Il faut assainir les Parcelles assainies au propre comme au figuré, assainir les mœurs politiques en devenant un maire compétent, qui ne fait pas la ‘Une’ des journaux avec des scandales fonciers et financiers. Si je gagne, je souhaite doter la commune d’arrondissement d’un système d’assainissement des eaux usées et pluviales ainsi que des ordures ménagères. Vous vous rendez compte que l’unité 9, avec plus de quinze mille habitants, n’a aucun système d’assainissement. Par ailleurs, je souhaite aménager la plage qui est devenue un dépotoir d’ordures en y érigeant une douce corniche avec des restaurants panoramiques, des constructions légères (aluminium, vitrerie à même la plage), pour attirer le tourisme balnéaire et développer l’artisanat local. Il y a lieu également de mettre des pavés en béton entre les maisons et les trottoirs afin d’éviter la dilapidation de plusieurs dizaines de millions à travers cet éternel et ridicule désensablement. J’ambitionne aussi de renforcer l’éclairage public avec des lampadaires solaires apposés sur nos habitations. Un partenaire stratégique déjà identifié nous équipera en ambulances et véhicules de transport intra-parcellois pour les élèves de nos écoles. J’ai surtout à cœur de créer dans chaque établissement scolaire un box de santé avec un agent de santé pour prodiguer les premiers soins à nos élèves en cas d’accident. Un service social communal sera mis sur pied avec un répertoire fiable des retraités, des veuves, des handicapés, des indigents qui doivent êtres soutenus de manière anonyme et discrète par respect à leur dignité humaine. Ayant été ministre de l’Environnement, de l’assainissement et plus tard de la Coopération décentralisée, je sens enfin le moment venu de faire à nouveau don de ma personne aux Parcellois.

Wal Fadjri : Que comptez-vous faire pour plus de transparence dans la gestion de la municipalité ?

Lamine Bâ : Si je suis élu maire, avant même mon installation, je ferai une déclaration publique de patrimoine déposée au greffe du tribunal. En plus, les populations pourront m’évaluer et me juger à l’heure du bilan. C’est cela l’engagement pour une bonne gouvernance locale.

Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas une confiscation ultérieure de la mairie par une délégation spéciale.

Lamine Bâ : Si je suis élu dans un élan populaire, personne ne le pourra puisque ma gestion sera transparente et aura l’adhésion des populations. Les délégations spéciales sont installées seulement dans les localités mal administrées, où la population n’est pas associée à la gestion.

Wal Fadjri : Que faut-il faire alors pour protéger les maires contre l’hyperpuissance de l’Exécutif ?

Lamine Bâ : Il est évident qu’il y a des réformes à apporter dans le Code des collectivités locales et dans les relations entre le pouvoir exécutif et les pouvoirs locaux. S’il est vrai qu’on ne peut pas laisser les maires faire ce qu’ils veulent (vivre sur le dos des populations, dilapider les biens publics) il est tout aussi vrai qu’on ne peut pas les livrer à la merci d’un président de la République. Donc, une réforme cohérente des relations entre l’exécutif central et les pouvoirs locaux s’impose pour donner à notre pays une bonne politique de décentralisation.

Wal Fadjri : Que pensez-vous de l’attitude de Karim Wade qui, bien que candidat, n’a pas encore battu campagne ?

Lamine Bâ : Je n’en sais rien. C’est une affaire de sa coalition. Moi, je suis dans la coalition Beug Beugou Askan Wi et je poursuis mon programme de campagne avec mes amis du Plateau, de Grand-Yoff, Hann Bel-air et d’ailleurs.


Pape Alé Niang


1.Posté par Xadim le 11/03/2009 21:46 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Je ne sais pas s'il y a d'autres policiens comme Monsieur Lamine Ba, mais je sais que c'est un homme digne de foi et respectueuse. Il mérite d'être soutenu parce que son honneteté et son sens citoyen de la gouverance locale ne font pas lésion. Bon courage et que Dieu le Tout Puissant soutienne ta candidature. Les Parcellois méritent en particulier, et les Sénégalais en général doivent se ranger derrieres cette race d'hommes politiques.
Je voudrais juste rappeler que ce programme me parait un peu ambitieux meme si l'on sait qu'il peut être mis en oeuvre en 2 mandats de 5 ans par des hommes aussi compétents que Monsieur Lamine Ba.

2.Posté par cheikh le 12/03/2009 15:50 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

BEUG BEUGLOU ASKAN WI!!! OUI

Nouveau commentaire :

Tout commentaire à caractère commercial, insultant, pornographique, raciste, homophobe, incitant à la violence ou contraire aux lois sénégalaises sera supprimé, Peut entraîner votre bannissement total du site