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« Le karaté brille de mille feux », Par Ndao Fodé, Vice-champion du monde et Champion d'Afrique


Rédigé par leral.net le Vendredi 26 Avril 2024 à 15:10 | | 0 commentaire(s)|

« C’est bien de critiquer un bilan. Ça nous permet d’échanger et de comprendre. Lorsqu’on est pas au courant des circonstances, il faut poser les bonnes questions, au lieu de montrer du doigt ou de juger.

La performance dans le sport n'est pas un jeu de hasard, elle relève d'un travail methodique et chronologique et cette affirmation révèle toute sa veracite dans la compétition de haut niveau.

Lorsqu’on fait une comparaison, juste il faut s’assurer qu’on compare des éléments sur les mêmes critères et les paramètres.

Quand on analyse objectivement les circonstances du karaté mondial en 2005, on est à des années-lumières du karaté WKF de 2023.

A savoir les règlements, les équipements, l’arbitrage, le système de classement mondial, etc. L’avènement des Jeux olympiques a radicalement changé toute la donne.

Pour être compétitif, il faut des moyens, point barre ! Pour avoir une licence de coach mondial, il faut dépenser 700 Euros, sans compter les billets d’avions, l’hôtel, la nourriture, le séjour, etc.

Même chose pour les arbitres mondiaux, qui doivent participer a un certain nombre d’événements pour garder leurs licences.

Et de même pour les compétiteurs qui veulent être performants au niveau mondial, ces derniers doivent faire au moins 8 à 10 tournois internationaux autour de la planète ( avec le budget qui va avec ). Les Égyptiens, Marocains et Algériens qu’on battait régulièrement, ont les moyens de faire tous ces tournois auquel les athlètes sénégalais n’ont pas accès, faute de moyens et de visas.

De plus, il faut un jeu d’équipements bleus et rouge et un jeu de kimono rouge et bleu pour les tournois karaté League 1.

Donc, au début des années 2000, on pouvait être compétitif, les circonstances étaient plus favorables (aux pays pauvres ), aujourd’hui, ça prend un budget énorme. Les pays africains qui performent, ont des grosses fédérations avec un budget colossal, qui leur permet d’envoyer leurs athlètes a des stages internationaux et aux tournois mondiaux, pour se frotter aux meilleurs.

Les questions pertinentes à poser après une compétition de haut niveau, pour aller de l’avant :

1-Quelles étaient les circonstances qui entouraient la performance?
2-Avez-vous atteint vos objectifs?
3-Avez-vous noté une progression?
4-Quels sont les résultats obtenus?
5-Quels sont les solutions que vous envisagez pour l’avenir?

La politique malheureusement, va engendrer un détournement des esprits du vrai point important, qui est le développement à long terme de l’athlète et les ressources nécessaires requises pour être compétitif au plus haut niveau. Et ceci va engendrer 3 sortes de réactions:

1-Les esprits faibles vont tout de suite « sauter » sur les résultats et voient le court terme, ils vont faire des attaques personnelles ou de la médisance sans apporter de solutions.

2-Les esprits moyens vont parler plus des événements et essayer de comprendre ce qui s’est passé !

3-Les grands esprits vont parler d’analyse, de vision et de solutions, pour évoluer dans le bon sens ensemble, car la situation est critique et ensemble, on est plus fort.

Donc, les résultats que vous voyez, ont été obtenus en dépit de toutes les circonstances notées plus haut.

Il faudra rappeler les bons résultats qu’on a fait aux Jeux africains du Ghana. Nous avons signé un partenariat avec la fédération italienne, qui va accueillir les prochains championnats du monde de karaté.

La karaté a changé, pour exemple, je vous donne les critères pour participer à un championnat du monde seniors. C’est les 32 meilleurs aux monde qui sont qualifiés et le Sénégal est qualifié. En équipe, c’est 3 meilleurs pays africains et l’équipe féminine du Sénégal est qualifié pour les prochains championnats du monde par équipe en Espagne.

Nous avons 5 athlètes dans le top 50 mondial.

Le karaté sénégalais se porte bien.

Est-ce que ceux qui critiquent, sont dans un cadre scientifique ? Je m’interroge de leur ambition cachée, qui n’est sûrement rien d’autre que des intérêts personnels.

Il faudra encore beaucoup investir pour avoir des arbitres et des coaches mondiaux certifiés, renforcer la formation technique des professeurs de salles pour rattraper ces pays.

L’approche n’est pas seulement de parvenir à assurer fort laborieusement du reste le financement des campagnes, d’ autant plus que celles-ci maintenant regroupées, font faire des économies et libèrent des crédits qui devraient servir à apporter des ressources nouvelles à la disposition de la FSKDA : cette réponse institutionnelle précède la réponse technique, comme le montrent les exemples tirés des expériences où les Etats assurent la promotion équitable des disciplines.

La FSKDA ferait bonne mesure par ses moyens propres, à accroître ses recettes ordinaires et revoir les tarifs dont certains avaient été fixés par les présidents précédents. »

Ndao Fodé
Vice-champion du monde et Champion d'Afrique
Consultant international Diplômé d'Etat DESJEPS
Coach mondial certifié WKF (Fédération mondiale de karaté)
Préparateur mental certifié
Champion de la paix avec Peace and Sport et athlète de la paix
Directeur des équipes nationales à la Fédération Sénégalaise de Karaté
Directeur du Club Sauvegarde de Besançon
Chevalier et officier de l’Ordre national du Mérite

Ousmane Wade