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"Le Mini-Sommet de Paris marque un tournant stratégique dans la lutte internationale contre Boko Haram", selon Me Abdoulaye Tine

Avocat au Barreau de Paris et Professeur Associé au CERIS (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales et Stratégiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar), Me Abdoulaye Tine est également Docteur en droit international et auteur d’un article sur la « Stratégie anti-terroriste du Conseil de sécurité de l'ONU » dans "Terrorisme et Droit international" publié par l’Académie de droit international de la Haye en 2008 aux éditions Leiden Nijhoff, aux Pays Bas. Il est intervenu en 2007 à Djakarta (Indonésie) en tant expert indépendant pour la Délégation aux Affaires Stratégiques du Ministère français de la défense (DAS) et la Direction des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement du Ministère français des Affaires Étrangères dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions 1373 et 1540 adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Il nous décrypte ici les enjeux du « mini-sommet » anti-terroriste qui s'est tenu à l'Élysée à Paris ce samedi 17 mai 2014 en réussissant 6 chefs d’Etat : François Hollande, Président de la France, Jonathan Goodluck, Président du Nigeria, Paul Biya, Président du Cameroun, Idriss Déby Itno, Président du Tchad, Mahamadou Issoufou, Président du Niger et Thomas Boni Yayi, Président du Bénin.


Rédigé par leral.net le Mardi 20 Mai 2014 à 11:11 | | 0 commentaire(s)|

"Le Mini-Sommet de Paris marque un tournant stratégique dans la lutte internationale contre Boko Haram", selon Me Abdoulaye Tine
Quels étaient les objectifs de ce mini-sommet de l'Elysée?

Ce sommet avait un double objectif : un objectif à court terme et un objectif à long terme.
A court terme, il s'agissait de mettre en place un plan d’action régional pour coordonner de manière efficace l'ensemble des efforts qui sont actuellement déployés pour retrouver au plus vite les 233 lycéennes enlevées le 14 avril 2014 à Chibok par la secte terroriste, dans le nord-est du Nigéria.

A long terme, l’objectif est de parvenir à élaborer une véritable stratégie globale contre le terrorisme au niveau régional pour contenir le risque de dissémination de Boko Haram dans les pays limitrophes que sont le Cameroun, le Tchad, le Bénin et le Niger.

Enfin, sur le plan diplomatique, l'un des principaux objectifs de ce mini-sommet était de « réchauffer » des relations diplomatiques entre le Nigéria et le Cameroun jusqu'ici gelées.

En effet, les relations entre les deux voisins sont restées pendant longtemps brouillées suite à un différend territorial à savoir l’affaire de la presqu’île de Bakassi, qui les avait opposés, ils souhaitent ainsi amorcer un début de normalisation.

Peut-on alors qualifier ce sommet de tournant dans la lutte internationale contre le mouvement terroriste sectaire Boko Haram ?

Parfaitement, ce sommet constituera sans nul doute un tournant stratégique décisif dans la lutte internationale contre le la secte terroriste Boko Haram.

En effet, il vient matérialiser la volonté politique des Etats présents de se doter d'une plate forme d'action commune qui devra se manifester dans les faits par la mise en place d'une stratégie globale au niveau régional. Concrètement, il s'agira d'intensifier la coopération internationale entre les Etats intéressés.

Enfin, ce mini sommet de l'Elysée peut également être considéré comme un double tour de force diplomatique réussi par la France. D’une part, en fédérant l'organisation de la riposte collective contre Boko Haram au tour d'elle, d'autre part, à amener les chefs d’Etats présents à dépasser leurs propres rivalités individuelles.

Bien évidemment, l’expertise française reconnue dans le domaine du contre terrorisme, le succès de l'intervention française au nord Mali pour chasser les djihadistes ont ainsi contribué à asseoir l'autorité morale et la légitimité de la France pour jouer le rôle de chef de file de ce nouveau combat anti terroriste.

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