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Le Nigeria perd sa place de première économie d'Afrique

Chute du prix du baril, inflation, insécurité au Sud, crise humanitaire au Nord, pénurie d'électricité: en quinze mois, l'économie du Nigeria s'est effondrée au point de perdre sa première place en Afrique, ainsi que celle de premier exportateur de pétrole.


Rédigé par leral.net le Samedi 13 Août 2016 à 10:37 | | 2 commentaire(s)|

"Le Nigeria est soudainement devenu un pays pauvre", a reconnu le président Muhammadu Buhari jeudi lors d'une conférence en présence de représentants des Nations unies à Abuja.

"Avant que je ne prenne mes fonctions, le pétrole se vendait à quelque 100 dollars le baril. Ensuite, il s'est effondré à 37 dollars, pour osciller maintenant entre 40 et 45 dollars le baril", s'est-il défendu pour expliquer cette descente aux enfers de l'économie nigériane.

Le géant d'Afrique de l'Ouest, qui tire 70% de ses revenus de sa production de pétrole, a laissé la place de première économie africaine à l'Afrique du Sud, selon les derniers calculs des PIB en dollars par le Fonds monétaire international (FMI) mercredi.

Il y a quelques mois déjà, le Nigeria perdait la première place d'exportateur d'or noir sur le continent au profit de son rival angolais. Selon les chiffres de l'Opep publiés vendredi, le Nigeria produit 1,5 million de barils par jour - contre 1,78 million pour l'Angola -, et accuse une chute de 21,5% par rapport au mois de janvier (soit un manque à gagner de 41.300 barils par jour), notamment à cause des insurrections de groupes rebelles dans la région pétrolifère du Delta.

Les Vengeurs du Delta, nouveau groupe armé aux velléités indépendantistes, font régulièrement exploser des installations pétrolières depuis le début de l'année et ont promis de mettre le pays à genoux tant que leurs revendications ne seraient pas entendues.

Peu à peu, le pays le plus peuplé du continent - avec 170 millions d'habitants - perd tous ses superlatifs et s'enfonce dans l'obscurité : la production électrique, qui connaissait déjà d'immenses difficultés avant la crise avec à peine 6.000 mégawatts, a plongé à 2.500 MW.

Le vice-président Yemi Osinbajo a tenté de rassurer les représentants de la Chambre de commerce et d'industrie jeudi, en promettant que des "efforts importants" étaient engagés pour la fiscalité des entreprises. Dans les rues de Lagos, des publicités fleurissent, rappelant aux particuliers que "ne pas payer ses impôts est un crime".

Selon Oxfam, le Nigeria perd l'équivalent de 12% de son PIB dans des circuits illicites. Un record pour le continent.

M. Osinbajo a également rappelé son engagement pour une meilleure diversification de l'économie - après des décennies de tout pétrole - , notamment au profit du secteur de l'agriculture, pour s'assurer que le pays soit en "auto-suffisance alimentaire".

L'agriculture est le seul secteur à enregistrer de la croissance, alors le secteur bancaire s'effondre, suivi de celui des services, et de l'industrie, en déclin depuis le début de l'année.

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