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Le PSE : instrument insuffisant et inefficace pour constituer le détonateur du développement socio-économique du Sénégal.

Partant d'un postulat très simple : l’émergence /et ou le développement d’un pays se mesure par son état de santé à travers les paramètres suivants :


Rédigé par leral.net le Dimanche 17 Janvier 2016 à 22:50 | | 3 commentaire(s)|

 Qualité nutritionnelle: (kgprotéines percapita , kgoligo-éléments percapita , lipides, glucides en moyenne ….) ;Nombre de Kg de viande percapita / Nombre de litres de lait percapita/ …..etc ;
 Accès à des soins sanitaires et médicaux de qualitè : taux de couverture sanitaire ;
 Des infrastructures médicales de qualitè et en nombre suffisant ;
 Taux d’accès à l’enseignement de niveau supérieur moyennement èlevè,
 Espérance de vie forte;
 Taux de couverture énergétique (Nombre de tep ….) ;
 Taux d’accès à une eau potable ;
 PNB/ par hbt ;
 Etc.

Si nous considérons ces indices dits IDH qui sont les indicateurs des institutions telles que : la Banque Mondiale.
Auxquels on rajoute des indicateurs purement quantitatifs tels que :
 Le taux de croissance du PIB
 Le solde du compte courant
 Le taux d’endettement
 La part du service de la dette
 Le taux d’inflation
 Le taux de chômage
 Etc….

Nous avons là des indicateurs quantitatifs utilisés par des institutions telles que : le FMI pour mesurer les performances macro-économiques d’un pays sans forcément se préoccuper des progrès sociaux du pays et/ou du bien être de sa population.

Selon des études empiriques avérées, il a été établi que : la structure du tissu économique d’un pays notamment, la part et le poids ou contribution de chaque secteur expliquent et justifient dans un sens ou un autre le niveau de développement socio-économique du pays.

Si tous ces principes constituent de manière irréfutable des vérités admises et non contestées en économie du développement.

Et si on part d’un postulat tout simple de la science en économie du développement qui dit que : la croissance économique est nécessaire et indispensable à un développement économique et social. Je rajouterai surtout s’il y a une croissance démographique.

Il faut noter avec force que toute croissance n’engendre pas forcément un développement socio-économique dans un pays. C’est le cas dans les situations suivantes :

 Un taux de croissance insuffisant ;
 Une croissance portée par des entreprises étrangères ;
 Une croissance portée par une activité cyclique ou saisonnière ;
 Une croissance résultante de la mise en place d’infrastructures étatiques;
 Une croissance résultante d’un taux d’inflation à la hausse impactant sur des indices d’activités statiques etc…. ;

Il faut relever que dans tous ces cas de figures, il est possible de démontrer et même de faire constater que la croissance n’entraine pas forcément une amélioration du bien-être des populations dans un pays.

Ceci étant dit, j’invite tous nos gouvernants et les responsables politiques et même certains historiens ou généralistes de l’économie d’arrêter de parler de concepts et de choses dont ils sont à la limite des profanes avec la complicité des médias souvent. Ces Soi-disants, experts ne font que de la spéculation voire de la rhétorique plus que d’apporter une bonne information, ils entretiennent la confusion et débitent des contre-vérités. S’ils connaissent réellement les principes de l’économie et maitrisent la pratique économique : pourquoi ne produiraient-ils pas des modèles ou programmes de développement économiques qui sortiraient notre pays de cette pauvreté endémique comme en atteste le quotidien des sénégalais et les résultats de certaines institutions mêmes s’ils sont tirés de prévisions qui prennent en compte la marge d’erreur admise.

Ma volonté est moins de critiquer et de mettre en surface les carences de certains responsables mais plutôt de tirer sur la sonnette d’alarme et d’informer à la fois les plus hautes autorités, mais surtout d’éveiller les populations sur ceux à quoi elles doivent s’attendre plutôt que d’espérer un miracle qui n’arrivera pas à l’échéance fixée.

Loin de soutenir que : le PSE n’est pas bon ou que c’est un chiffon, je dirai plutôt qu’il n’est pas ambitieux et manque de consistance et de cohérence pour guérir l’économie sénégalaise de ses maux.

Si depuis des décennies le diagnostic des maux de notre économie a été fait et publié, la thérapie n’a pas suffi pour endiguer le mal. A l’instar, d’un malade qui souffre d’une pathologie chronique et aigue et qui consulte un médecin généraliste qui stabilise son état, le PSE est une perfusion malgré la volonté du Président de la République et son gouvernement d’opérer des réalisations pour le progrès du Sénégal.

Ce PSE ne pourra conduire au plus à un progrès quantitatif et non qualitatif (amélioration du bien-être etc.).

J’ai lu, j’ai suivi les exposés de ses principaux responsables en plus haut niveau, je connais les progrès quantitatifs
enregistrés dans les différents secteurs du tissu économique et d’ailleurs, il faut relever que depuis des décennies une croissance négative n’a pas été enregistrée à un niveau macro-économique global : le taux de croissance d’une année à l’autre a toujours ou presque toujours était de signe positif (+).

Le PSE ne porte pas en lui les mécanismes aptes à endiguer de façon irréversible les principaux obstacles à l’émergence et au développement socio-économique durable et partagée de notre cher pays : le Sénégal.

Plus qu’une critique ou un esprit malsain ou même une volonté machiavélique de nuire c’est: un patriotisme, une expertise avancée et éprouvée en économie du développement, une démarche analytique et technique qui sera prouvée par les paradigmes à énoncer ci-dessous; un signal à l’autorité qui fondent mes propos.

Plus que le « Yonu yokkuté », le PSE a le mérite d’être au moins un programme économique, mais il est peu ambitieux et insuffisant, voire forcément inefficace pour faire émerger le Sénégal encore moins impulser un développement socio-économique diffuse.

Pour preuves : je défie n’importe quel spécialiste de l’économie du développement ou de stratégies de développement économique de me montrer à travers les différents axes du PSE, les mécanismes opérationnels permettant d’effacer les problèmes structurels qui entravent le développement socio-économique durable et équilibré du Sénégal. Les problèmes structurels sur lesquels le PSE présente des faiblesses ou limites notoires:

 Une économie duale et non integrée ;
 Une économie extravertie;
 Une économie paysanne et non rurale, même si des résultats notoires ont été enregistrés sur le plan agronomique ;
 Une industrie moribonde tirée par quelques groupes étrangers ;
 Un secteur privé national à très faible potentialité ;
 Une agriculture tributaire de la pluviométrie avec des moyens primaires très insuffisants à tout égard voire même dans certains cas inaccessibles ;
 Une absence d’une bonne politique énergétique. Je parle de politique énergétique et non d’approvisionnement en énergie ;
 Une fiscalité encore trop forte ;
 Une demande à la consommation et à la production extravertie ;
 Une absence d’une politique monétaire comme: instrument de régulation du fait d’une absence de souveraineté monétaire ;
 Un secteur des services porté par des entreprises étrangères ;
 Une formation professionnelle mal orientée et très insuffisante ;
 Un taux de chômage de l’ordre de 30% ;
 un enseignement supérieur trop général même s’il faut saluer les réformes avec tendance à la professionnalisation ;
 Des difficultés d’accès au foncier ;
 Etc...
La liste des maux est loin d’être exhaustive, pour motiver le défi que je pose.

Et là, je m’adresse aux penseurs et praticiens de l’économie : dites-moi comment et par quel mécanisme les bourses de solidarité peuvent faire reculer la pauvreté, quel est le niveau du coefficient de corrélation mesuré entre les deux (2) états (situation T avant et T+1) qui établit une régression de la pauvreté des bénéficiaires. Si ces données ne sont pas établies : n’existe-t-il pas un mauvais choix stratégique et par conséquent une planification stratégique non rationnelle.

Deuxième illustration de l’impertinence de certains choix d’investissement : le parc industriel Diamniadio : quel économiste sérieux peut soutenir techniquement à l’état actuel des choses : niveau de qualification de la population active, opportunités d’affaires attendues d’investisseurs étrangers, environnement économique, marchés, que ce type d’investissement publique est une priorité étatique et qu’il est suffisant pour des gains d’attractivité. En réalité, si ce dispositif est important lorsque les contingences sont identifiées et levées, c’est aux investisseurs privés nationaux et ou étrangers d’en assurer le financement et non l’Etat avec l’argent du contribuable qui doit être orienté ailleurs .

Pour ne pas donner l’impression de vouloir démonter le PSE, alors que mon souhait le plus pur et sincère est la réussite de mon Etat et de ses acteurs. Je me vois obliger de limiter mon champ de diagnostic.

Mais par exemple parlant de la CMU, je soutiendrai : c’est bon mais pas substantiel, il faut plus d’actions pour atteindre les objectifs d’un bien-être sanitaire. Plus que des critiques, j’interpelle: les praticiens de l’économie, en réalité les universitaires les plus diplômés dans un enseignement général, ne sont en général des spécialistes d’aucune branche de leur domaine « que de bon parleurs ». Il est possible de produire un modèle sénégalais, à l’instar du modèle tunisien ou coréen.

Je suis convaincu que si le Burkina n’avait pas perdu son Héros: Thomas SANKARA, actuellement, il aurait dépassé de loin économiquement le Sénégal.

On ne peut pas développer un pays sans s’appuyer sur les leviers suivants :

 Un environnement économique viabilisé,
 Des réformes institutionnelles orientées, biens élaborées et pertinentes ;
 Un secteur privé national fort ;
 Une production économique sectorielle intravertie (orientée vers les besoins nationaux) ;
 Une souveraineté monétaire dans le cadre d’un espace économique commun ;
 Un protectionnisme de secteurs stratégiques ;
 Une préférence nationale dont la multitude de contraintes est à lever.

En effet, par exemple il ne s’agira nullement pour l’Etat de contraindre ou de forcer à consommer le riz de la vallée mais plutôt d’amener les importateurs à investir dans la production, le conditionnement et la commercialisation du riz local par des mesures d’accompagnement efficientes et efficaces.

Comme prouver à travers ces développements un changement de paradigmes s’impose et pour ce faire: il est nécessaire de mobiliser les ressources humaines aptes à prendre en charge les défis qui sous-tendent le développement du Sénégal.

Adéchina Maxime MONTEIRO
• Economiste consultant
• Spécialiste en Economie du Développement
• Diplômé de l’Institut de Recherche sur la Production et le Développement (IRPD) UPM- France - Grenoble