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Le Président Macky Sall, l'opposition et la transhumance !


Rédigé par leral.net le Jeudi 30 Avril 2015 à 12:56 | | 2 commentaire(s)|

Le Président Macky Sall, l'opposition et la transhumance !
« Celui qui ne sait pas choisir ses amis ne connaîtra que malheur » (La Rochefoucauld)

Selon Aristote, le meilleur moyen de comprendre est de considérer les choses dans leur origine et de suivre leur évolution.

Nous allons appliquer la démarche ainsi proposée, pour essayer de déterminer les origines du phénomène qui est aujourd’hui baptisé « transhumance », puis d’en suivre l’évolution, avant de tenter de cerner la position du Président Macky SALL dans sa quête de « rupture ».

Pendant de nombreuses années, les postes politiques étaient considérés comme l’Eldorado où l’on pouvait s’enrichir rapidement et sans cause. C’était alors la ruée vers le parti dominant, et on parlait de « ralliement » ou de « fusion ».
Personne ne s’en offusquait, d’autant plus qu’en ce temps-là il n’y avait aucune perspective d’alternance.

Lorsque l’effectivité du multipartisme démocratique s’est signalée avec la première alternance, l’expérience a vite fait sentir aux adversaires du parti au pouvoir qu’il fallait forger un outil stratégique pour minorer les flux migratoires en faveur de celui-ci.

Il s’agit notamment de ces individus qui, dès la chute d’un détenteur du pouvoir d’Etat, s’empressent de se constituer victimes d’injustices factices, et pour contenter le nouveau maître, ils recyclent les invectives, critiques et autres sournoiseries qu’ils destinaient naguère à celui-ci, pour les déverser sur le régime défunt ; il y a aussi, ces autres individus qui, à la première opportunité, se rangent du côté du nouveau pouvoir, non parce qu’ils partagent sa vision, mais parce qu’il s’agit de gens pour qui la trahison est une question de calendrier et que le Baron d’Olbach surnomme « les animaux amphibies », ils agissent par calcul, et se sont montrés les plus dangereux pour un régime, parce qu’ils sont rompus dans l’art de subvertir la raison des
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tenants du pouvoir, qu’ils finissent par envelopper dans un tissu de désinformation et d’intrigues, pour les mener au gré de leurs intérêts propres.

C’est la répugnance de la notoriété que ces personnes se sont faite avec le temps, qui a été taillée sous forme de manteau du félon éhonté, baptisé « transhumance », pour en affubler systématiquement tous ceux qui, pour une raison même noble ou légitime, décident de rejoindre le parti au pouvoir.

Pourtant, à y regarder de près, l’on se rend compte, que cette anathémisation indiscriminée cache un mobile politique qui a pour finalité de circonscrire, puis étouffer le parti au pouvoir. A ce propos, il est intéressant de noter que, lorsqu’un militant de l’APR quitte pour rejoindre un autre parti, l’évènement est relaté comme une action d’éclat de la part du leader dudit parti.
Les stratèges politiques savent qu’il s’agit d’un procédé d’une efficacité insoupçonnée, pour gêner considérablement, la massification d’un parti au pouvoir.

En effet, soulever la clameur publique, en présentant comme une félonie éhontée, le fait de rejoindre le parti au pouvoir, ne peut pas manquer de conséquence dans une société aussi collectiviste que la nôtre, où l’opinion majoritaire pèse d’un poids presque irrésistible sur les décisions individuelles, tant il est vrai que dans ces types de société, ce que le sociopsychologue Solomon Ash appelle « le besoin de conformité sociale » est très prégnant.

En s’adressant à la presse à Kaffrine, le Président Macky SALL avait bien pris soin d’éviter cette chausse-trappe, parce que ses propos pouvaient se résumer en trois (3) phrases : « à l’Alliance Pour la République, on n’emploie pas le terme transhumant pour désigner ceux qui viennent d’autres partis » ; « je fais appel à tous les sénégalais qui adhèrent au PSE qui va jusqu’en 2035 c’est-à-dire au-delà de mon mandat » ; « je ne distribue pas des milliards ».

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Dès lors, il est curieux qu’on ait pu parler d’apologie de la transhumance, en tant que concept outrancièrement galvaudé.
A défaut de motif, d’aucuns ont reproché au Président de n’avoir pas dit expressément qu’il ne protégerait pas ceux qui auraient des comptes à rendre à la Justice !
C’est là une querelle que l’observation des faits aurait évitée, parce qu’il est de commune notoriété que l’une des principales préoccupations du Pouvoir en place, a été d’obvier à tout ce qui se rapporte à une démocratie oligarchique où régneraient l’enrichissement illicite et l’impunité.

En tout état de cause, il peut être dit qu’en précisant devant la presse qu’il s’agit de la réalisation du Plan Sénégal Emergent (PSE), le Président Macky SALL voulait inviter à enjamber les cloisonnements partisans au nom de l’intérêt général.

Il est des moments dans l’histoire des peuples où l’appel à un pacte citoyen devient un impératif catégorique. Le Président Macky SALL dans sa volonté de conduire le Pays vers l’émergence attache un intérêt particulier à la décision que des Sénégalais prennent librement de l’accompagner pour atteindre cet objectif dont la réalisation nécessite la conjonction du savoir-faire et des compétences de tous sans exclusive.

En faisant le choix d’accompagner le Président, ceux-ci ne tombent pas dans la dépréciation morale, tant s’en faut, parce que non seulement par cet acte, ils manifestent la haute conscience qu’ils ont de leur citoyenneté, mais ils exercent ce qui fonde l’éminence humaine, c’est-à-dire la liberté. Kant aurait dit qu’en tant qu’homme, ils ont atteint la majorité.
Considéré sous cet angle, le ralliement auquel appelle le Président Macky SALL, ne heurte nulle éthique, que ce soit l’éthique en tant que principes de la morale, ou l’éthique politique selon Montesquieu, ou encore l’éthique en politique selon Machiavel.

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Car, la pertinence et la fiabilité du Plan Sénégal Emergent (PSE) sont mondialement reconnues, et ce faisant, aucun sénégalais ne devrait, sous prétexte d’idéologie ou d’intérêts particularistes, refuser de participer à sa réalisation. Il s’agit, pour nous tous, d’affranchir notre volonté de certaines pesanteurs, pour s’allier la Raison afin de participer à la conduite de l’évolution effrénée qui s’annonce avec la mondialisation au lieu de continuer à la subir.

En considération de ce qui précède, les Sénégalais qui épousent la vision du Plan Sénégal Emergent (PSE), sont en droit et en devoir de refuser le déni du moi auquel l’on voudrait les astreindre.

Il reste que la hargne, la pugnacité et même l’ingéniosité qui ont été mises à contribution pour provoquer la vindicte populaire contre tout citoyen qui userait de « la liberté d’association », pose de façon sous-jacente, la question de savoir où en est la conscientisation politique dont parlait le Président Léopold S. Senghor, dans la mesure où le cri du cœur que le Juge Kéba MBAYE, avait lancé depuis l’esplanade du Palais de la République, déplorant le fait que les gros détourneurs de deniers publics étaient considérés comme des rois par l’opinion, n’a trouvé aucune résonance, alors que jusqu’à ce jour, la sanction dans ce domaine ne produit aucun effet infamant.

Souleymane NDIAYE
Ministre Conseiller