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Le désir, une histoire de tendresse

Rédigé par leral.net le Vendredi 30 Mars 2012 à 22:15 | | 0 commentaire(s)|

Le désir, une histoire de tendresse
Dans un couple, le désir est-il amené à disparaître avec les années ? Pas si sûr... A condition de redoubler de complicité... inexistante sans tendresse. Une tendresse qu'il est nécessaire d'apprivoiser, nous explique le sexologue Gérard Leleu. Le point avec notre expert et les " tendres " témoignages de couples qui cultivent le désir, au quotidien.

Le désir : entre affection et communication

40 % des consultations en sexologie portent sur les troubles du désir. Parce que trop de couples se laissent miner par la routine sexuelle et relationnelle, selon le Dr Gérard Leleu, médecin et sexologue. L'usure n'est pas pour autant une fatalité. Les ingrédients pour l'alimenter : la communication... et la tendresse.

Affection, dialogue, complicité

" Le lien se renforce et le désir s'éteint ", écrit Boris Cyrulnik, neurologue et psychiatre . Pourtant, si certains couples épuisent leur désir en un an, d'autres continuent de se désirer ardemment après des années de vie commune. Parce qu'ils ont compris que le désir est une petite flamme fragile et que, comme les sentiments, il s'entretient. Son alchimie semble mystérieuse, et pourtant, ses nombreux composants sont connus. Les principaux : créativité, autonomie, communication, tendresse. " Ne plus communiquer et faire toujours l'amour de la même façon, voilà les deux "tue-désir" les plus redoutables ", explique Gérard Leleu . Sans affection, sans dialogue, pas de complicité ni de désir. " Comment s'abandonner à quelqu'un quand on est incompris ? Le conjoint ne peut pas être tyran à midi et galant à minuit ". Et la tendresse est étroitement liée à la communication : elle n'apparaît que si on s'est senti entendu, compris, soutenu, rassuré, sécurisé. Cette communication non verbale, qui passe par le regard et le toucher, revient à enlever sa carapace. Impossible de la laisser glisser au sol quand on reste sur la défensive.
La porte du désir

La tendresse serait un amplificateur du désir. " Beaucoup de personnes observent qu'elle le fait naître. Si une femme fatiguée ou irritée n'a pas envie de faire l'amour, un geste tendre la fera fondre. Les préludes ne servent pas seulement de préparation technique, ils permettent aussi de montrer sa tendresse ". La conjonction des deux éléments entraîne la stimulation. Hélas, la tendresse est féminine et, malgré une évolution notable, il reste des hommes rétifs à s'y abandonner. La faute à 4000 ans de civilisation machiste, qui a refoulé leur part de féminité : " L'homme ne devait pas montrer ses émotions, mais être dur, insensible. Il prouvait sa virilité en sautant sur la femme comme un coq. Dévoiler sa tendresse était interdit, voire puni. Mais s'il permet à cette partie amputée de se manifester, elle ressurgit ". Au sein de nombreux couples, beaucoup de difficultés sexuelles seraient ainsi évitées si les conjoints laissaient leur tendresse s'exprimer. " L'homme aussi en a besoin pour alimenter ou retrouver son désir. Elle peut l'apaiser, le rassurer. La tendresse, c'est la porte du désir ".


Comment cultiver la tendresse ?

Le désir s'étiole et meurt quand la relation se banalise. La tendresse est l'un des éléments qui aide à le garder vivant. Mais attention, pas n'importe quelle tendresse... Le point avec le Dr Gérard Leleu.

Qu'est-ce que la tendresse ?

La tendresse est le prénom de l'amour, l'amour sans passion. Normalement, un couple évolue vers la tendresse. Mais attention : s'il n'y a plus qu'elle, elle n'est qu'un ersatz, un paravent pour dire que tout va bien alors qu'il n'existe plus rien derrière. La tendresse prouve la qualité de la relation, mais ne suffit pas : elle doit servir à animer le sentiment et le désir afin qu'ils restent vifs.

Comment l'entretenir ?

Il est surtout nécessaire de l'apprivoiser. D'un côté, beaucoup d'hommes sont bloqués et n'osent pas la révéler. De l'autre, de plus en plus de femmes exagèrent leur émancipation en hypertrophiant leur douceur et leur sensibilité. Elles copient la civilisation masculine et deviennent matérialistes. D'où l'inconfort de la rencontre actuellement : les hommes ont compris qu'ils devaient être sensible et tombent sur une amazone. Il y a de quoi être désorienté ! D'autres confondent tendresse et sentiment maternel. Comme si une femme tendre était rétrograde. Il ne s'agit pas de materner l'homme, mais de laisser toutes les strates de chaque être humain coexister : on peut être l'épouse, l'amie, la mère, l'amante. Redonnons à la tendresse sa véritable valeur : non, elle ne rime pas avec mollesse. Oui, on est vulnérable quand on est tendre, mais il est essentiel de se le permettre, et en plus, elle est contagieuse.

Quels sont les autres écueils ?

L'antidote de la tendresse, c'est le monde dans lequel on vit, notamment la sphère professionnelle, qui nous ramène toujours à une forme de dureté. Difficile de ne pas se durcir, de passer d'un état à un autre : une heure ne suffit pas pour déposer les boucliers et l'épée. Heureusement, la parenthèse de douceur que représentent le foyer, le couple, est de plus en plus appréciée.

Comment vivre la tendresse dans ces conditions ?

En s'ouvrant dès qu'on rentre chez soi. Et en faisant des compliments. Sans caresse de l'âme, nul ne peut vivre. Chacun a besoin de reconnaissance, de manifestations extérieures qui le confortent dans son amour de soi. De plus, on ne peut pas imaginer d'échange érotique sans un minimum d'estime réciproque. Mais cela ne se limite pas au lit : c'est tout le jour qu'il faut en faire.

Ils s'aiment depuis longtemps, ils témoignent...

Après quelque vingt ans de vie commune, deux couples racontent leurs recettes pour donner de l'énergie à leur désir. La tendresse, bien sûr, mais pas seulement...
" Il me semble nécessaire de l'admirer pour le désirer "
Sylvie, 40 ans, a rencontré son époux l'année de ses 16 ans. " Notre moteur est plutôt le partage d'événements : notre voyage d'un an sur l'Atlantique, l'épreuve des enfants, la maison qu'on refait depuis 1990, les fiestas avec les copains. Et la communication : le désir vient moins souvent que lors de nos premières années mais, quand il est là avec un grand D, c'est souvent après une discussion sur notre vie et la manière dont on la gère. Sans un minimum de communication qui maintient un minimum de tendresse réciproque, il ne faut pas compter avoir une vie sexuelle réjouissante ". En exergue aussi, les fameux petits riens du quotidien qui font tout : " Un regard, une main qui frôle, une connivence dans le dos des enfants. Mais ces petits riens ne seraient rien du tout sans la reconnaissance de la valeur de l'autre au travers ce qu'il pense, dit, fait. Il me semble nécessaire de l'admirer pour le désirer, pour pouvoir lui donner de tout son coeur et qu'il le ressente comme tel ".

"L'inonder de gestes de tendresse "

Après vingt ans de mariage, Olivier, 44 ans, fait l'amour tous les jours avec sa femme. " La plus grande difficulté est en même temps le défi le plus intéressant : continuer à avoir envie de séduire la personne avec qui on vit. Séduire des inconnues reste simple, surprendre quelqu'un qui vous connaît si bien, c'est autre chose ! " Pour que le désir reste intact, il faut l'envie... d'y consacrer du temps et de l'énergie, sans que cela pèse. " Le dialogue, d'abord, sur tout, sans tabous. La tendresse, la vraie, présente dans chacun des gestes et des mots, sous-jacente dans chaque dispute. Des phrases chuchotées au creux de l'oreille, des petits mails pour rester en contact le jour, quand le travail nous sépare. Et puis l'imagination érotique, varier les lieux, les positions, les heures. Enfin, faire comprendre à sa femme qu'elle est unique, l'inonder de gestes de tendresse ".


SOURCE:e-sante.fr