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Tahirou Sarr, de la rue à la prison : L’ascension fulgurante et la chute brutale d’un "Bana-Bana" devenu milliardaire

Rédigé par leral.net le Jeudi 22 Mai 2025 à 15:59 | | 0 commentaire(s)|

Dans les rues populaires de Sandaga, Sandiniéry et au centre-ville, le nom de Tahirou Sarr était autrefois associé à un vendeur ambulant parmi tant d’autres. Originaire du Fouta, il arpentait les trottoirs, une valise à la main et une ambition bien ancrée dans le regard. Aujourd’hui, son nom résonne jusque dans les couloirs du pouvoir… mais aussi, dans les geôles de la République.

Par Sadio Faty – Source : Journal Évidence


Tahirou Sarr, de la rue à la prison : L’ascension fulgurante et la chute brutale d’un "Bana-Bana" devenu milliardaire
Un self-made man des trottoirs

Tahirou Sarr incarne l’archétype du self-made man sénégalais. Parti de rien, il s’est imposé par sa persévérance, son flair commercial et un sens aigu du timing. D’abord vendeur ambulant de costumes et accessoires de luxe, il ouvre une boutique baptisée “Loensee”, située près du ministère de l’Intérieur, à Sandaga. Ce commerce devient vite une adresse prisée de la haute sphère politique et économique.

Son moment de bascule : en avril 2012, il habille les membres du premier gouvernement d’Abdoul Mbaye. Un contrat symbolique, qui lui ouvre grandes les portes d’un nouvel univers, celui de l’élite.

Des alliances décisives
Le destin de Tahirou Sarr prend un tournant décisif lorsqu’il croise la route de figures influentes. Parmi elles, Me Doudou Ndoye, avocat et ancien ministre, joue un rôle stratégique dans son ascension. Grâce à lui, Sarr accède à des réseaux puissants, multiplie les connexions avec des ministres, directeurs d’agences, et anciens banquiers devenus hommes d’État.

Fort de cet entourage, il crée Munif Group SA, un conglomérat aux ambitions diversifiées dans l’immobilier, la distribution et la logistique. À ce stade, il est devenu un homme d’affaires respecté, voire envié.

La célébrité, puis les soupçons
Sa notoriété est propulsée dans la culture populaire, par le défunt chanteur Ndongo Lô, qui le cite dans la chanson "Marchands ambulants", comme un modèle de réussite sociale. Mais rapidement, la lumière attire les ombres.

Des murmures surgissent autour de certains investissements jugés opaques, de liens politiques perçus comme trop commodes, de deals immobiliers peu transparents. L’homme d’affaires séduit autant qu’il intrigue.

L’affaire des 91 milliards
En mai 2025, le décor s’effondre. Tahirou Sarr est inculpé pour association de malfaiteurs en bande organisée, escroquerie sur deniers publics et blanchiment de capitaux, pour un montant astronomique de 91 milliards FCfa.

La CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) pilote l’enquête. Des biens immobiliers sont saisis, des comptes bloqués. Son avocat conteste ces décisions et fait appel.

Initialement prévue le 14 mai 2025, l’audience devant la Chambre d’accusation financière, est reportée au 4 juin 2025, date à laquelle les plaidoiries devraient se tenir. Une échéance décisive dans un feuilleton judiciaire très suivi.

Un personnage qui divise

Aujourd’hui, le nom de Tahirou Sarr polarise l’opinion. Héros ou escroc ? Pour ses partisans, il reste un modèle de ténacité, un symbole d’ascension sociale par le mérite. Pour ses détracteurs, il est l’illustration d’un système gangrené par le favoritisme et les réseaux d’influence.

Quoi qu’il en soit, Tahirou Sarr incarne une facette complexe du monde des affaires au Sénégal — entre ambition légitime, opportunisme politique et opacité des fortunes privées.

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