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Le mythe du bon sauvage : Réponse au "consultant" Mohamed Dia et au journal "Le Monde".

Dans une tribune sans grande valeur heuristique parue au journal « Le Monde » du 24 août 2018, un certain Mohamed Dia s'en prend au président Macky Sall qu'il accuse de vouloir brûler les étapes.


Rédigé par leral.net le Vendredi 31 Août 2018 à 07:16 | | 0 commentaire(s)|

Vous avez sans doute été peu à l'avoir lue, tant le monde tant qu'il va pose problème, tant le monde n'est plus ce qu'il était.

Dia accuse le chef de l'État de vouloir intégrer la cour des grands en initiant projets structurants de dernière génération

Dia estime que nous devrions rester au mythe du bon sauvage pour régler nos problèmes d’autosuffisance alimentaire, d’éducation, d’accès à l’eau potable et aux soins médicaux, comme le suggérait naguère la théorie des besoins essentiels, et non nous vanter d’une nouvelle autoroute, d’un train express régional, d’un nouveau complexe sportif et d’une arène nationale flambant neuve.

Les chiffres qu’il donne sont grosso modo les mêmes que celui du gouvernement, une seule fois gonflés lorsqu’il s’agit du Ter (750 milliards contre 600) ; il reconnaît les efforts de diversification des pôles de satisfaction des besoins des populations locales avec l’hôpital de Pikine et le projet d’usine de dessalement d’eau de mer pour régler, en partie, les insuffisances notées pour Dakar, surtout pour cette année.

Le Pm a répondu, en partant des années 80 (Lucas, Romer et Barrow)

Une étude commanditée en 1998 explique la politique d'infrastructure accélérée à partir de l'An 2000 au Sénégal

La mobilité urbaine observée jusque-là accentuait les pertes cumulées de 240.000.000 d'heures avec des incidences évidentes sur le Produit intérieur brut et le Produit national brut, de l'ordre de 8%, selon une étude de la Banque mondiale (1) ; les travaux lancés par le Premier ministre Macky Sall seront dépassés en 2006, une fois les travaux achevés, avant la présidentielle de 2007, comme le Sénégal l'a expérimenté une première fois avec la réalisation de la voie Pikine-Diamniadio rendue encore plus incommode aux alentours de Thiaroye, dans le sens de Dakar, par un aménagement technique des plus curieux...Ajoutez-y un dédoublement du parc automobile démocratisé grâce aux "ailes de dinde", ces véhicules poussifs (8 ans) bon marché admis sur le territoire sénégalais. C'était sous Abdou Diouf (1988 et seq.), avant les "éléphants blancs" de Me Wade initiés par l'actuel président de la République.


Pourquoi une accélération du processus des infrastructures ?


Entre 4,3 et 4,5 millions d'individus investissent chaque jour le centre de la capitale sénégalaise, Dakar-Plateau. La forte concentration de populations sur une surface qui ne dépasse pas 2% du territoire national est source de promiscuité favorable aux échanges et aux délits et déviances sociales. L'espace social du Plateau devient ainsi un espace de conflits et d'entropies sociales à cause de l'encombrement accentué par les véhicules qui chauffent les nerfs et l'atmosphère. La voiture a en effet pris la place de la ville, comme le déplorent les architectes (2), qui occupe un espace devenu enjeu si l'individu doit couper le cordon avec cette machine pour réaliser l'objet de sa visite en ville. Ils sont en effet 2,3 millions de motorisés qui utilisent les cars rapides et
autres "Ndiaga Ndiaye" (1.527.200, soit 66,4%), les bus (112.700, soit 4, 9%), les taxis individuels ou collectifs (225.400, 9, 8%), des véhicules particuliers (264.000, 11, 5%) et enfin les engins motorisés pour 126.500 d'entre eux, sans oublier ceux qui sont obligés de compter sur la forte concentration humaine à
Dakar, le jour, pour aller chercher pitance chaque jour, au besoin en parcourant souvent plusieurs kilomètres à pied.
Ils sont des élèves, des travailleurs et des commerçants dans leur grande majorité. D'autres, certainement les plus nombreux sinon la moitié, viennent y chercher la dépense quotidienne, soit en "tapant" leurs amis et relations, soit en exploitant le hasard des rencontres, soit enfin en empruntant des voies détournées et licencieuses, aux dépens d'autres visiteurs d'un jour perdus dans une foule solitaire.
La sociologie n'est plus seulement la fille de la démographie, comme disait l'autre ; dans le Sénégal d'aujourd'hui, elle est aussi la filleule de la gestion du temps et de l'espace, gestion devenue difficile qui en a aliéné plus
d'un devenu moins regardant sur certains aspects de sa vie culturelle. Par ailleurs, toujours dans ce chapitre de la mobilité urbaine, près de six millions d’individus visitent chaque année la ville Sainte de Touba, dont le tiers pendant le grand Magal, le reste se répartissant entre les différents autres magal, anniversaires et autres actes de dévotion.

A l’occasion, les pertes enregistrées sans sans commune mesure entre les décès, les estropiés, les dégâts,…

Sur le plan socio-économique, ces pertes doivent se mesurer en termes d’investissements irrémédiablement perdus en infrastructures et politiques économiques pour faire du petit homme un homme achevé sur lequel l’État avait placé un grand espoir en investissant dans la santé, l’éducation, l’agriculture, l’aménagement territorial,…


Ces pertes responsabilisent davantage le gouvernement dans sa volonté d'aller toujours plus haut, toujours plus loin, devant un universalisme qui recule sans cesse : l'idéalisme de l'enseignement universel, de l'autosuffisance alimentaire (à la place de la sécurité alimentaire) et du plein emploi se heurte à une société inégalitaire, produisant ses propres monstres entre déviants sociaux, attardés, handicapés physiques et moraux, etc... ; la récente leçon de l'autosuffisance alimentaire devrait servir d'exemple et inviter à plus de modestie dans la gestion des affaires d'une Nation...sans pour autant justifier le manque de perspectives.


Signé par un collectif de journaliste Sénégalais.

Ndèye Fatou Kébé