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Le pouvoir africain fascine et pousse son détenteur à la monocratie, selon le professeur Wodié

Le pouvoir en Afrique a quelque chose de ‘’’magique’’ et son exercice a tendance à s’éloigner de la démocratie pour se rapprocher, voire s’identifier à une pratique ‘’monocratique, personnelle’’, a déclaré le professeur ivoirien titulaire du droit constitutionnel Francis Vangah Wodié.


Rédigé par leral.net le Jeudi 21 Août 2008 à 17:45 | | 0 commentaire(s)|

Le pouvoir africain fascine et pousse son détenteur à la monocratie, selon le professeur Wodié
Selon le doyen honoraire de la faculté des droits et de sciences de l’université de Cocody qui faisait, mercredi à Yamoussoukro, une communication sur ‘’La régulation dans la société’’, ‘’la démocratie se dessèche au soleil d’Afrique’’ du fait des pouvoirs en place qui parce qu’ils sont des positions d’’’enrichisssement personnel’’ ont en un effet ‘’magique’’ sur leurs tenants comme sur les peuples.

Le professeur Wodié qui s’exprimait dans le cadre du colloque international ‘’Régulation, démocratie et bonne gouvernance’’ organisé par le Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC) à l’occasion des festivités de son 10-ème anniversaire, a insisté sur le ‘’côté personnel et charnel’’ du pouvoir en Afrique, soulignant que cela fait qu’en plus de s’en approcher les administrés veulent en permanence identifier le détenteur lequel est ainsi soumis à des sollicitations tous azimuts.

Même quand ‘’le chef’’ hésite ou rechigne au départ à jouer ce rôle, il finit par ‘’céder’’ et entrer dans la peau du ‘’démiurge’’ par la force de la pression populaire, a indiqué le professeur Wodié, selon qui il y a ‘’une responsabilité collective dans cet état de fait. En principe, ‘’tout pouvoir suppose un rapport de force’’, mais dans la réalité de l’exercice des régimes en Afrique il y a à ce sujet ‘’un déséquilibre’’ du fait de la quasi-absence de ‘contrepouvoirs’’, a-t-il souligné.

Partant de là, ‘’les élections ont-elles encore un sens en Afrique ?’’, s’est interrogé le professeur Wodié avant de soutenir : ‘’dans tous les cas, il faut reconnaître la nécessité du changement pour ouvrir les voies du changement’’. C’est dans une telle attitude qu’on pourra prévenir les crises’’, car à défaut on risque de pousser les populations au raisonnement simpliste consistant à se dire que ‘’si mon tour (d’accéder au pouvoir) ne vient pas, je vais jouer un tour au pouvoir’’, a-t-il averti.

Au vu de ces périls, il est nécessaire pour le professeur Wodié de s’appuyer sur ‘’un minimum de morale pour se parler’’ et faire du ‘’dialogue’’ un recours dans l’optique d’aboutir à des consensus sur la base desquels les sociétés se renouvèlent.

Selon le doyen honoraire de la faculté des droits et des sciences de l’université de Cocody, il n’est pas besoin d’aller chercher loin les sources de ce ‘’dialogue’’ qu’on peut identifier à de la régulation dans la mesure où ‘’chaque société recèle en elle-même les causes de son dérèglement’’ et par conséquent les solutions adéquates.

A ce propos, le professeur Wodié, par ailleurs président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT, opposition) s’est, tout en relevant parler en tant qu’universitaire et non politicien, interrogé sur la finalité des tentatives de règlement à la crise dans son pays à travers les conciliations externes à Marcoussis (France), en Afrique du Sud et au Burkina Faso. Selon lui, même si cette dernière tentative a connu plus de succès, la crise ivoirienne n’est pas totalement finie.

A la suite du professeur Francis Vangah Wodié, la médiatrice de Radio- Canada, Annie Le Noble-Bart a parlé de la régulation dans Internet dans son pays, avant que plusieurs panélistes n’interviennent à travers des thèmes sur ‘’La régulation sociopolitique’’, ‘’La régulation économique’’ et ‘’La régulation socioculturelle’’.

Démarrées sous la présidence du ministre de la Communication Ibrahima Savané, les communications qui se tiennent dans l’imposante salle de conférences de la fondation Félix Houphouët-Boigny étaient ponctuées de débats qui ont fait qu’après cinq heures d’horloge les participants au colloque se sont quittés aux environs de 21h.

Les travaux qui ont repris depuis jeudi à 9h30 avec deux panels sur ‘’Régulation et autorégulation des médias’’ et ‘’Convergence des systèmes mondiaux ; divergence des législations nationales et perspectives’’, s’achèvent dans la soirée par la lecture du rapport général et des recommandations.

Les festivités du 10-ème RIARC auxquelles prennent part 340 délégués en provenance d’une trentaine d’instances de régulation d’Amérique, d’Europe et d’Afrique dont celles du Sénégal conduite par la présidente du Conseil national de la régulation audiovisuelle (CNRA) Nancy Ndiaye Ngom, se poursuivront par des visites de sites touristiques et industriels avant d’être clôturées par une soirée de gala présidée samedi à Abidjan par le Premier ministre Guillaume Soro.

L’animation sera assurée par la diva Aicha Koné accompagnée par l’orchestre de la Garde républicaine.

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