Leadership : Entre formation, transparence et courage moral, un débat essentiel

Dans un essai dense et structuré, l’économiste et politiste Chérif Salif Sy démonte une idée souvent répétée dans les débats publics: « il n’existe pas d’école pour former un président ou un ministre ». Pour Sy, cette formule sert surtout à légitimer l’improvisation au sommet de l’État. Selon lui, le leadership moderne exige au contraire […]

Dans un essai dense et structuré, l’économiste et politiste Chérif Salif Sy démonte une idée souvent répétée dans les débats publics: « il n’existe pas d’école pour former un président ou un ministre ». Pour Sy, cette formule sert surtout à légitimer l’improvisation au sommet de l’État. Selon lui, le leadership moderne exige au contraire une préparation rigoureuse, fondée sur trois piliers: la maîtrise technique, l’intelligence relationnelle et la capacité stratégique.

Sy rappelle que le monde de l’entreprise a intégré cette exigence depuis longtemps, notamment à travers les grandes écoles de management et les MBA qui forment à la décision en situation complexe. Il insiste également sur l’importance des humanités – philosophie, histoire, sociologie – pour développer le jugement, l’éthique et l’empathie indispensables à l’exercice du pouvoir public.

L’analyse de Chérif Salif Sy, toutefois, ouvre un débat plus large que celui de la compétence ou des diplômes. Car la crise du leadership, dans de nombreux pays, ne tient pas seulement à un déficit de formation, mais à un déficit de transparence, de cohérence et de courage moral.

De plus en plus, les sociétés souffrent d’une culture de la neutralité stratégique, où les responsables hésitent à s’affirmer clairement et préfèrent éviter le risque de choisir un camp. Cette attitude, confortable à court terme, nourrit une perte de repères durable. Les mots et les actes divergent, les promesses se dissolvent, et la jeunesse ne trouve plus de figures cohérentes auxquelles s’identifier.

Ce manque d’alignement entre ce que l’on dit et ce que l’on fait devient un problème structurel. En Afrique en particulier, l’écart entre le discours public et les pratiques réelles crée une profonde désillusion. On peut accumuler les diplômes et les compétences; mais un voleur reste un voleur, un menteur reste un menteur, un escroc reste un escroc, quel que soit son niveau d’étude. C’est cette contradiction, plus encore que l’absence de formation, qui brouille les trajectoires et affaiblit la confiance.

Il devient donc crucial d’aider la jeunesse à reconstruire une culture de la transparence et du courage, à comprendre que choisir un camp, assumer une position et en supporter les conséquences font partie d’un leadership responsable. Démystifier certaines figures, rappeler que seuls les résultats importent à la fin de la journée, et valoriser la cohérence entre valeur, parole et action sont aujourd’hui des urgences éducatives et civiques.

L’essai de Sy pose la question de la préparation des élites. L’analyse élargie pose celle de leur intégrité. L’une ne va pas sans l’autre. À l’heure des crises politiques, sociales et économiques, le leadership qui manque le plus n’est peut-être pas celui des diplômes, mais celui du courage de dire la vérité, de se situer clairement, et d’incarner les choix que l’on défend.

Source : https://xalimasn.com/2025/11/23/leadership-entre-f...