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Les Sénégalais n’élisent pas le président de la République entrant mais ils sanctionnent le Président sortant

Sur la question relative à l’analyse et à l’interprétation des résultats des élections présidentielles au Sénégal, il ressort dans les discours des hommes politiques pas les moindres une mauvaise interprétation et analyse de ces résultats qui consiste à dire que « les Sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant mais ils sanctionnent le Président sortant. »


Rédigé par leral.net le Lundi 25 Janvier 2016 à 00:14 | | 9 commentaire(s)|

Les Sénégalais n’élisent pas le président de la République entrant mais ils sanctionnent le Président sortant
Le prétexte à cette contribution m’a été donné au jour d’hui par le Secrétaire général du Parti socialiste M. Ousmane Tanor DIENG invité de l’émission Grand Jury du 24 Janvier 2016 de M. Mamadou Ibra Kane, émission dans laquelle M. DIENG invite les analystes politiques à intégrer l’effet -sanction du peuple dans l’analyse des résultats des élections présidentielles passées.

A sa décharge, M. Ousmane Tanor DIENG n’est pas le seul homme politique qui a fait une telle analyse des résultats de la présidentielle. Dieu sait qu’ils sont nombreux à nous dire que « les sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant, ils sanctionnent le Président sortant. » Une telle analyse du comportement électoral et du sens de l’acte de vote des sénégalais est comme une insulte faite à notre conscience collective en tant que peuple mais à notre libre arbitre en tant qu’un individu doué de raison et de libre arbitre c’est-à-dire capable d’opérer des choix tout seul. Ainsi, loin de fustiger pour fustiger cette analyse des hommes politiques au parcours respectable, mon intention est d’apporter ma modeste contribution au débat d’analyse politico- sémantique de l’interprétation du comportement électoral et du sens de l’acte de vote des sénégalais à l’élection du Président de république du Sénégal.

Sans parti pris, dans une démarche de neutralité entre les partis politiques engagés dans l’arène politique sénégalaise, passons à la loupe cette analyse qui sort du commun : « les sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant mais sanctionnent le Président sortant » pour mettre en évidence le caractère bancal de cette analyse qui ne participe pas à donner du sens à notre acte de vote si, il est avéré qu’on vote dans notre pays c’est pour sanctionner et non pour choisir ses dirigeants.

Selon le Dictionnaire LAROUSSE, élire c’est « choisir, nommer par voie de suffrage la personne qui remplira telle fonction, qui occupera tel poste, qui portera tel titre ; procéder à son élection », Dans le cadre de la fonction de Président de la république, le Président de la république est élu aux suffrages universels à travers une élection Présidentielle régie par la Constitution et le Code électoral.

Sur ce, l’analyse selon laquelle « les sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant mais ils sanctionnent le Président sortant est absurde et ne rime pas avec une logique rationnelle en attendant qu’une étude scientifique le prouve le contraire. Car selon le Dictionnaire LAROUSSE, sanctionner c’est, « réprimer une infraction, une faute, punir par une sanction, une pénalité » Dans ce contexte, ça veut dire quoi ?

M. Abdou DIOUF était fautif !
Me Abdoulaye WADE était fautif !
M. Macky SALL sera fautif !

Bref ! Par ailleurs, cela signifie en termes claires que les Sénégalais en votant pour Me Abdoulaye WADE en 2000, ils avaient sanctionné M. Abdou DIOUF, puis en votant pour M. Macky SALL 2012, ils avaient sanctionné Me Abdoulaye WADE. Ce qui est certain, en 2000 comme en 2012, les sénégalais ont choisi librement leur Président de la république entre plusieurs candidats à la même fonction politique.

Introduire la notion de sanction dans l’analyse des résultats à la présidentielle de 2000 et de 2012 est une mauvaise interprétation et analyse des résultats des élections présidentielles qui, en définitive, n’honore pas nos Présidents élus Me Abdoulaye WADE et M. Macky SALL. Faire une telle analyse, c’est dire qu’ils n’ont eu aucun mérite d’avoir été élus à la fonction de Président de la république. Or, au contraire, Me Abdoulaye WADE et M. Macky SALL ont été très bien élus respectivement en 2000 et en 2012 sur la base de la confiance du peuple sénégalais et non sur la base de la colère et de la volonté de punition.

Quelle signification aurait une campagne électorale si « les sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant mais ils sanctionnent le Président sortant »?

Quel sens revêt la pluralité des candidatures à la présidentielle donc de la diversité de l’offre politique si « les sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant mais ils sanctionnent le Président sortant » ?

Quelle est la valeur sémantique de notre acte de vote, c’est-à-dire le fait de choisir le jour de l’élection présidentielle un bulletin parmi tant d’autres et le mettre dans la l’urne si « les sénégalais n’élisent pas le Président de la république entrant mais ils sanctionnent le Président sortant »? Si à chaque fois que les sénégalais décident de changer de Président de la république en élisant un autre, ils n’opèrent pas un choix judicieux mais ils sanctionnent le Président sortant, dans ce cas, qu’elle lecture faut-il avoir de l’organisation de l’élection présidentielle ? Dans les normes, aller à la présidentielle, c’est pour se choisir un Président de la république et non pour sanctionné le Président sortant.

Si élire, c’est sanctionner, nous n’avons rien à être fiers de notre acte de vote et de notre démocratie. Car c’est comme si quelqu’un divorce son épouse puis se remarie avec une autre femme. A-t-il choisit une autre femme comme épouse ou a t’il sanctionné celle qu’il a divorcée ?

En effet, jusqu’à preuve du contraire quand quelqu’un décide de se séparer de son épouse, c’est par ce qu’il a de bonnes raisons de le faire, des raisons qui peuvent ne pas être partagées par tout le monde. Il en va de même lorsque qu’un peuple décide d’élire un nouveau Président de la république en se séparent de celui qui était en place..

Quoiqu’on dise ! Quoiqu’on fasse ! Disons le haut et fort sans ambages, en 2000 après vingt-six ans d’opposition Me Abdoulaye WADE au détriment M. Abdou DIOUF avait été choisi par les sénégalais pour remplir la fonction de Président de la république. En 2012, le Président Macky SALL contre Me Abdoulaye WADE a été choisi par un score historique (65%) par les mêmes sénégalais pour remplir la fonction de Président de la république du Sénégal, fonction qu’il est en train d’exécuter avec beaucoup de dignité et de satisfaction.

Baba Gallé DIALLO
Email : bbgd70@yahoo.fr