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Les petits esclaves de Dakar

(Dakar) Des milliers de gamins errent dans les rues de Dakar, où ils sont censés suivre un enseignement religieux. Au lieu de ça, ils se font exploiter par de faux maîtres coraniques, qui les forcent à mendier et les battent quand ils ne rapportent pas assez d'argent. Human Rights Watch vient de dénoncer ce phénomène. Dans un discours qui a fait mouche à Dakar, Michaëlle Jean l'a carrément qualifié d'esclavage. Voyage au pays des talibés.


Rédigé par leral.net le Lundi 19 Avril 2010 à 18:18 | | 9 commentaire(s)|

Les petits esclaves de Dakar
Vêtu d'une tunique tellement crasseuse qu'on n'en voit plus la couleur, Saliou tend sa boîte de conserve vide aux clients du marché Kermel, au centre de Dakar.



Il ne porte pas de chaussures, sa peau est couverte de gale et il se gratte furieusement. Quand on lui demande son âge, il hésite. Neuf ans? Dix?

En ce samedi matin tranquille, Saliou mendie pour son marabout - le maître de la daara, ou école coranique, où il a été placé il y a environ deux ans.

Comme la majorité des gamins qui quêtent dans les rues de Dakar, Saliou n'est pas né au Sénégal, mais dans un village de la Guinée-Bissau. C'est son père qui l'a confié au marabout qui l'héberge dans un quartier délabré en banlieue de Dakar.

Chaque jour, Saliou parcourt 20 km en bus pour se rendre en ville. Le matin de notre rencontre, tout ce qu'il avait avalé depuis son réveil, c'est du pain avec de la mayonnaise, gracieuseté d'un bon Samaritain.

Ses quelques heures de «travail» lui avaient fait gagner 400 francs CFA, l'équivalent d'un dollar. Tout l'argent était destiné au marabout.

«J'aimerais rentrer au village, mais je dois d'abord apprendre le Coran», nous a-t-il confié. Mais s'il continue à mendier du matin au soir, il n'est pas près d'avoir mémorisé tous les versets.

Saliou fait partie des milliers de gamins qui hantent les rues de la capitale sénégalaise avec leurs vêtements déchirés et leurs boîtes de tomates vides. Selon Human Rights Watch, le Sénégal compte 50 000 petits mendiants, concentrés surtout à Dakar et à Saint-Louis.

Le gouvernement a adopté une loi qui interdit la mendicité organisée. Mais elle n'est pas appliquée. Et les affaires des talibés fleurissent: leur nombre a doublé depuis sept ans.

Certains de ces gamins n'ont que 3 ou 4 ans. Ils peuvent mendier jusqu'à 16 heures par jour. Ils sont parqués dans des baraques insalubres et passent des semaines sans se laver. Ils doivent mendier leur nourriture. Et sont maltraités s'ils ne ramènent pas le «versement» exigé par leur marabout.

«Les talibés subissent des sévices extrêmes, écrit Human Rights Watch. Ce sont des conditions qui s'apparentent à de l'esclavage.»

Commerce lucratif

À l'autre bout de cette chaîne de production, des marabouts roulent sur l'or. Certains exploitent plus d'une centaine d'enfants. Leurs profits annuels peuvent atteindre 100 000$.

«C'est un trafic très lucratif, c'est mieux que la drogue, parce que la police ne vous embête pas», dit Ibrahima Niang, qui dirige l'Empire des enfants, un centre qui essaie d'arracher les talibés des griffes des marabouts et de les retourner chez leurs parents.

Logé dans un ancien cinéma, l'Empire des enfants est une oasis où les gamins peuvent jouer au baby-foot, manger à des heures régulières, suivre des cours d'arts martiaux, ou encore apprendre à écrire.

Certains des enfants y arrivent dans un état pitoyable, dit Ibrahima Niang en montrant des photos de dos lacérés et de crânes tapissés d'ulcères.

Après ce qu'ils ont vécu, ces gamins ne sont pas tous des enfants de choeur. «Tout ce qu'ils connaissent, c'est le langage de la violence», dit Ibrahima Niang. Pas évident de leur inculquer l'habitude de respecter un horaire ou de se brosser les dents!

Un des pensionnaires du centre, Galas Sene, a passé deux ans chez un marabout exploiteur. Quand il a voulu fuguer, celui-ci l'a enfermé dans un cachot. Un jour, il a vu un enfant se faire poignarder à mort par d'autres talibés. Aujourd'hui, Galas a 17 ans, tient le rôle de grand frère pour les jeunes pensionnaires de l'Empire, et rêve de devenir footballeur. Mais d'autres ne tiennent pas le coup. Ils fuguent. Souvent, ils retombent entre les mains de leur marabout.

À qui la faute?

La tradition d'envoyer les enfants dans des écoles coraniques est bien ancrée en Afrique de l'Ouest. Il y a des marabouts consciencieux et certains talibés - le mot signifie «élève» - sont bien nourris et étudient effectivement le Coran.

Est-ce par respect pour leur religion que les Sénégalais, dont 90% pratiquent l'islam, ferment les yeux sur ceux qui pervertissent cette tradition pour exploiter des enfants?

«En tout cas, je n'ai jamais vu un imam dénoncer cette pratique», déplore Ibrahima Niang.

Et les parents? «Certains ne savent pas ce que leur enfant va subir dans la capitale», dit Ousmane Sonko, éducateur spécialisé à l'Empire des enfants. Mais la pauvreté, exacerbée par la polygamie qui alourdit les responsabilités familiales des hommes, peut inciter à placer le petit dernier chez le marabout sans trop se poser de questions.

Et puis, comme le dit Corinne Dufka, du bureau de Human Rights Watch à Dakar, il existe aussi au Sénégal une certaine indifférence à l'égard des souffrances qu'endurent ces enfants. «Et c'est un des facteurs qui expliquent le fait que ces hommes qui exploitent des enfants au nom de la religion ne sont presque jamais poursuivis.»

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1.Posté par Bozz le 19/04/2010 19:40 | Alerter
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Ce problème ne date d'aujourd'hui...

2.Posté par mdls le 20/04/2010 10:14 | Alerter
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Bizarre.
Aucun commentaire......
Aucune réflexion sur ce sujet......
Apparemment c'est un sujet qui dérange beaucoup....
Je suis française et j'aimerais faire quelque chose pour ces enfants.
Mais je ne sais quoi
Avez vous une réponse ?


3.Posté par maxe le 20/04/2010 11:11 | Alerter
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ca ne derange pas au fait, par ce que les gens doivent en parler , mais c'est une honte pour tous les sunugaliens

4.Posté par mdls le 20/04/2010 11:39 | Alerter
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c'est pour cela que nous devons essayer de faire changer les choses. Chacun à notre niveau. une goutte d'eau + une goutte d'eau etc. Cela peut arriver à aider ces enfants. Pour moi c'est "Le Combat" qui me tiens à coeur

5.Posté par tn le 20/04/2010 11:47 | Alerter
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Mais il n'y plus de commentaire encore moins de réflexion de plus à faire sur ce phénomène! il y'a des sénégalais qui ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour lutter contre: les chanteurs ont chanté, les cinéastes ont filmé, les poètes, les peintres, les écrivains, les reporters, tous ont agit comme ils peuvent sans résultats. Ceux qui dirigent ce pays s'en fiche, ce seront jamais leurs enfants, l'Unicef c'est l'Etat, les effets d'annonce s'accumulent, certains ONg en font un font de commerce, des âmes sensibles déparquent de l'étranger pour aider...en donnant à manger, à s'habiller, etc, souvent débordés ( il y'en a toujours plus). Dans quel pays civilisé où les droits de l'Homme sont respectés, où la dignité a un sens, où des principes existent peut accepter de laisser des hordes d'enfants exploités au vu et au su de tous, mendier, maltraités. C'est dommage, mais je reconnais que mon pays que j'aime tant a des politiques, des dirigeants arrièrés, en retard de plusieurs siècles, insensibles à la misère humaine, l'enfance n'a aucun sens pour eux, les conventions internationales ne les engagent plus après leur ratification. Mon maigre espoir réside dans la possibilité d'une alternance politique avec un chef d'Etat qui pourra s'indigner de ce phénomène et de pouvoir dire: "Tant que je serai à la tête de ce pays, je ne veut pas voir d'enfant mendier dans la rue", en ce moment les bonnes volontés et les professionnels de l'enfance pourront en ce moment aider à atteindre cet objectif.

6.Posté par yaya le 20/04/2010 11:58 | Alerter
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Ce probleme persite
je sais que de bonnes volontés ont tenter d'agir pour arrêter ce fléau
personnellement j'ai vécu dans mon enfance cette situation
le probléme repose sur les parents et ces derniers y vont croyant que leur enfants apprennent et sont dans de bonnes mains
il faut remonter la source, généralement ces enfants viennent de la campagne
pour intervenir, il faut que les médias fassent un reportage voir un court métrage est mettre une organisation qui sera en chage de parcourir tous les villages et hamauts pour visualiser les images de ces enfants
il faut retenir que certains points encore n'ont pas de television
parler au marabout installés en ville n'est pas la solution
il faut sortir et aller vers les origines de ces enfants
faites un recensement ne serait ce que pour un échantillons de 1000 enfants
identifiez leur villages, vous aurez une idée de leur loclisation et à partir de ela vous pourriez inteevenir en diffusant dans ces localités les reportages
ainsi vous aurez plus d''impact positif dans vos demarches
dans mon pays j'ai procédé à cette démarche qui a des résultats trés positifs
je reste à votre dispo pour mon expérience dans la lutte contre ce phénomene

7.Posté par Abdou-Karim le 20/04/2010 15:23 | Alerter
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Bonjour Yaya,
Vraiment je suis tout à fait d'accord avec toi.
Il faut sensibiliser les parents pour qu'ils comprennent ce que vive réellement leurs enfants.
Je suis pret à mettre à la disposition d'une ONG des moyens techniques et financiés pour aider à éradiquer ce phénomene, c'est toute une génération qui est en jeu, et qu'il faut aider, c'est l'avenir du Sénégal.
Arretons ne nous voiler la face.
Merci de me transmettre tes coordonnées, pour pouvoir préparer un dossier.

8.Posté par yaya le 21/04/2010 14:42 | Alerter
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pour Abdou karim tu peux me joindre à
djiolofe@yahoo.fr

9.Posté par aliou le 01/06/2010 20:52 | Alerter
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je suis le trésorie d'un association qui aide les talibés(enfant de la rue)au senegal
aussi co_président de programme de centre d'acceuil des talibés a
saint-louis.
notre but est aider les talibés en les donnant une vie meilleur.Lutter
contre la mendiadiction des talibés et l'esclavagisme.Nous allons aussi
creer une projet TALIBES RETOURE DE FAMILLE"
Notre programme est:
_Talibes parrainage parental
_talibes parrainage foot(récolte de dons comme ballons,malliots
d'écuipement et chaussure)
_Talibés santé(vaccination,trusse secours,ramenagement...)
_Talibes alphabetisation (récolte de dons,craie,stylos,ardoisse
table,banc et bic feutre
_banc,materier informatique,enseigant...)...
Nous souhaitions votre partcipation pour le parrainage talibés en vue de
donner une meilleur vie aux talibés.
Si vous voullez parrainé un talibé contactez-nous sur :asc_talibes@yahoo.fr.Un document vous sera
envoyer sur les renseigements des talibés qui sont pas
encore parrainé.La choit sera faite par vous

Voyez agreer l'expréssion de mes salutation distingue et mérci d'avance de
votre réponse sur l'emailde l asso :asc_talibes@yahoo.fr
Visiter ce site svp:www.senegalaisement.com/senegal/mendicite_senegal.php

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