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Les points clés du texte liminaire de la Conférence de presse de Mamadou Diop Decroix

"Nous serons fortement présents sur le champ politique et social, quelle que soit l’issue de notre recours. Nous en sommes toujours, il est vrai, aux contestations, aux recours et aux surenchères concernant parrainages rejetés et la validation des listes de candidats aux élections législatives du 31 juillet prochain.


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Mai 2022 à 23:41 | | 0 commentaire(s)|

Les points clés du texte liminaire de la Conférence de presse de Mamadou Diop Decroix
En ce qui nous concerne, lorsque nos parrainages ont été rejetés, nous avons immédiatement formé un recours devant le Conseil constitutionnel et nous avons bon espoir, si le droit est dit, que notre dossier de déclaration de candidature finira par être validé. Mais il reste constant que le type de contentieux électoraux auquel nous assistons et qui empestent l'atmosphère sociale, après avoir empoisonné le monde politique à la veille de chaque élection, doit absolument connaître un terme. Un pays qui vote depuis plus de 100 ans, ne peut pas se permettre, au 21e siècle, de vivre des situations aussi saugrenues. Nous réitérons notre position selon laquelle, seul un retour à des règles consensuelles en matière électorale, peut nous éloigner du désordre.

Cependant, à ce stade de mon propos, je voudrais saisir l'occasion de dire que, selon le rapport de nos plénipotentiaires, les services de la Direction générale des élections ont permis à notre liste et à beaucoup d'autres listes, au demeurant, de prendre le temps nécessaire pour faire le travail dans les locaux de la Direction générale des élections.

Au total, nous avons engagé la bataille juridique pour pouvoir, in fine, prendre part à la compétition électorale. Cependant, retenez bien que notre parti sera à fond sur le champ du débat politique et programmatique, quelle que soit l´issue de notre recours, dans la mesure où pour nous, cette élection n'est qu'un moment certes important, mais simplement un moment dans une longue marche pour l´émancipation de notre peuple.

Nous allons partager au cours de cette période, notre vision de là où il convient de conduire le pays, le modèle de société qui nous restitue notre identité spoliée et un programme de développement au triple plan économique, social et culturel.

Ce champ est en labour depuis bien avant la présente échéance électorale et continuera de l´être demain et après-demain, jusqu’à la victoire finale sur la domination, l´exploitation et l’aliénation.

Une assemblée de courte durée, de laquelle on ne devrait pas attendre grand-chose

Faut-il ajouter à ce qui précède, le fait que la prochaine législature sera de courte durée ? En effet, l´actuel processus de recomposition politique rendra inéluctable la dissolution de cette assemblée nationale qui sortira du scrutin de juillet prochain. Si nous devons nous dire la vérité, une assemblée de courte durée dans le cadre d´une constitution ultra présidentialiste, ne peut apporter et n'apportera aucune nouveauté radicale, quelle que soit par ailleurs sa configuration.

L'institution parlementaire susceptible (nous disons bien susceptible) d'apporter les véritables changements tant attendus, est celle qui sera en place en 2024, s'il plaît à Dieu. En effet, il faut s´attendre en 2024, à une remise à plat de toutes les institutions du pays et une reconfiguration du paysage politique qu'il est difficile d´entrevoir dans le moment présent.

La guerre en Ukraine impactera le Sénégal de 2024 – dans un sens ou dans l’autre - et toute l’Afrique.

Elle ferme le cycle de Yalta et ouvre un autre monde dont le sens n’est pas pour l’instant, déterminé.

Les réalités du monde en évolution rapide due à la guerre en Ukraine, seront un des facteurs majeurs de cette reconfiguration. La crise énergétique mondiale frappe déjà à la porte. La crise alimentaire mondiale frappe à la porte. La crise économique globale frappe à la porte. Toutes ces crises sont certes annonciatrices de nouveautés pouvant être positives pour l'Afrique, à condition que le continent se dote globalement d'un leadership à la hauteur des exigences de la période.

Cette période que nous traversons, est historique au motif qu’elle ferme le cycle de Yalta, c'est-à-dire le monde tel qu´il a été dessiné et gouverné au lendemain de la seconde guerre mondiale, entre l'Ouest conduit par les États-Unis et l’Est symbolisé aujourd’hui, par la fédération de Russie et la Chine. La guerre en Ukraine est, sous ce rapport, l´expression de l’enfantement douloureux d´un autre monde, dont le sens dépendra de qui l'emportera dans la lutte actuelle. Est-ce le multilatéralisme et l’indépendance des pays qui l'emporteront en tant que voie susceptible de promouvoir les intérêts de l´Afrique ou alors, d'autres formes de domination et d´exploitation ?

Les contradictions observées dans l’opposition aujourd’hui, seront aussi des facteurs déterminants de la future reconfiguration politique.

Mais l´actualité, c'est aussi cette controverse au sein de l’opposition autour des listes de candidats aux Législatives. L’analyse de ces phénomènes est nécessaire pour comprendre la situation politique actuelle du pays.

Nul n’ignore qu'il y a dans cette controverse et ces affrontements, des causes légitimes à défendre de la part de leaders politiques qui, de par leur parcours, leur carrure et leur trempe, n'ont plus rien à prouver. Mais force est aussi d'admettre que de larges franges de l´opinion, quelque peu dépitées, ont dû considérer que la lutte des places y occupe une place importante. L’on a même pu observer le retour en force dans cette opinion de la vieille rengaine manipulatrice, qui chloroforme les consciences : « Ñoom ñépp à yem ».

Cela nous rappelle ce que devrait être le viatique de toute opposition qui se respecte : « boo fiy jële ñi fi nekk, da nga fiy jële itam li fi nekk. Nous disions à l´époque : « changer les institutions, les politiques et les hommes ».

A un moment donné, on a eu du mal à repérer, dans la mêlée, où étaient réellement les intérêts fondamentaux du pays et du peuple et les intérêts individuels et personnels. Il nous faudra, au sortir de cet imbroglio, adresser avec courage et humilité, la signification profonde de cette crise, si nous voulons réaliser une véritable alternative à la place d´une simple alternance, qui a pour nom : « Jēlé fi ñi fi nekk, bàyyi fi li fi nekk. Une telle perspective n'est pas, selon nous, la vocation d’une opposition au service du peuple.

La pire façon d'adresser ces difficultés, serait de se voiler la face en prétendant que tout est de la faute du pouvoir en place. Il faudra se regarder dans la glace et voir ce qui ne va pas ; « descendre de cheval et disséquer un moineau ».

D’ailleurs, ce regard dans la glace n’incombera pas seulement aux acteurs politiques. C’est toute notre société qui doit aujourd’hui, chacun en ce qui le concerne, se regarder dans la glace. Si le Président Wade a apporté un plus par rapport à la gouvernance de ses prédécesseurs du Ps, c’est sans doute d'avoir ancré dans les consciences, qu'en matière d´infrastructures (autoroutes, échangeurs, tunnels, aéroports etc.), l´Afrique et le Sénégal pouvaient rivaliser avec les autres. Son grand gap cependant, a été de n'avoir pas su conduire les changements nécessaires dans les comportements. Certains de ceux qui ont fait confiance au Président Sall en 2012, voulaient sûrement voir celui-ci combler ce déficit.

Hélas, les choses ont empiré. Le sens de la formule « changer les hommes » ne renvoie pas exclusivement à l'idée d´enlever ceux qui sont aux affaires pour les remplacer par d'autres, soi-disant neufs. L´expérience récente de plusieurs maires élus sur les listes de l´opposition rejoignant, moins de deux mois après leur triomphe, les rangs de la mouvance présidentielle, montre avec netteté qu'il faut aller au-delà des caractérisations hâtives pour résoudre nos maux. L'on a en effet caractérisé ceux qui ont transhumé et ceux qui les ont accueillis.

Mais doit-on oublier que ces maires ont quand même été choisis par des leaders de l´opposition pour être leurs candidats ? Pourquoi les avait-on choisis ?

Ces questions méritent d´être posées et débattues. L'expérience de deux alternances ainsi que les mouvements en cours sur le terrain politique, devraient induire une approche moins dogmatique, qui ne considère pas que tous les bons sont d´un côté et tous les mauvais de l´autre. Dans la vie, c'est la pratique qui est le critère de la vérité, au-delà des discours et des professions de foi.

Pour un pôle alternatif adossé à la démocratie et à la République

L'opposition qui se bat pour une véritable alternative, devra se trouver une nouvelle configuration et de nouveaux paradigmes. En clair, il faudra s'engager dans la construction d´un pôle alternatif crédible pour la Démocratie et la République. Dans le monde d'aujourd’hui,, y compris au Sénégal, la Démocratie et la République sont menacées et non pas seulement par les tenants du pouvoir. Nous devons rester vigilants au vu des phénomènes observés dans notre entourage immédiat. Les évolutions politiques sur le continent africain et plus particulièrement dans notre sous-région, où sévit une guerre asymétrique dans 4 pays dont la première puissance économique de l´Afrique, le Nigéria avec Bokko haram, seront également un facteur important qui influera sur le devenir du Sénégal.

Le management intérieur du Pays et son impact sur le futur immédiat

Enfin, le mode de management des contradictions internes à notre pays, aura une répercussion certaine sur le visage du pays en 2024. Ces contradictions seront-elles résolues par des moyens pacifiques ?

A côté de la vie chère, le pays connaît aujourd’hui une insécurité grandissante et une violence inouïe. Les meurtres se multiplient avec des modalités de plus en plus atroces et n’épargnent aucune région du pays. Le coût de la vie qui était déjà si élevé, atteint des niveaux insupportables pour de larges franges du peuple.

Voici que l’hivernage s’installe dans certaines parties du pays sans qu’aucune communication du gouvernement ne soit notée pour rassurer les paysans quant aux semences et aux intrants. Les situations de famine ou de disette annoncées par la FAO ou le PAM, sont dues à l’échec de la politique agricole de l’Etat. Un pays ne peut se développer sans vivre de ce qu’il produit. C’est tout cela aui interpelle directement le Président Macky Sall et son régime, qui en sont les principaux responsables.

Laissez Idirissa Gana Guèye en paix. Nous sommes tous IGG

Il nous revient enfin de rendre hommage à Idrissa Gana Guèye, qui s’est retrouvé subitement projeté sur la scène de l’hypocrisie et de la négation de l’autre. Idrissa Gana Guèye ne peut pas promouvoir une façon de voir le monde qui heurte sa foi et sa conscience. Même à la guerre, on a les objecteurs de conscience. On ne peut être attaché à la liberté et à la défense de celle-ci, tout en niant la liberté de l’autre à exprimer son altérité. Il n’y a pas de demi-liberté ou 2/3 de liberté. La liberté est ou n’est pas.

Laissez Idirissa Gana Guèye en paix. Nous sommes tous IGG.