Macky-Idy vers la cassure...

C’est connu, entre Macky Sall et Idrissa Seck, le compagnonnage est idyllique seulement en apparence. Et, dès le début de la seconde alternance, le maire de Thiès s’est proscrit tout lien personnel, tout rapprochement avec son successeur à la Primature. L’idée était surtout d’avoir les coudées franches et de pouvoir « juger » l’action du régime. En cette occurrence, Idrissa Seck a une tout autre idée sur les auditions des dignitaires de l’ancien régime et la traque des biens mal acquis. Sur ce sujet, sa religion est faite depuis longtemps. S’il était président de la République, dit-il, il serait « suffisamment occupé à redresser le Sénégal » pour qu’il ne lui reste « ni de temps, ni d’énergie à consacrer à une quelconque chasse aux sorcières ». Le message n’est point crypté : autrement, Macky Sall n’est que « peu occupé à redresser le Sénégal ». Mais, par-delà, tout oppose les deux hommes qui, en réalité, sont « cordialement » adversaires. Cette adversité a été approfondie par ce brouillard créé suite à la vaste opération de débauchage entreprise par l’Alliance pour la République pour dégarnir les rangs de Rewmi. À cela, s’ajoutent d’autres « duperies » cautionnées par le président de l’Apr comme l’exclusion des députés « rewmistes » dans le bureau et aux fonctions stratégiques de l’Assemblée nationale. Pour couronner le tout, le Président de la République vient encore de « dribbler » le maire de Thiès, en foulant aux pieds sa promesse de nommer son adjoint, Yankhoba Diattara à la Présidence du conseil d’administration du Port autonome de Dakar. Néanmoins, toutes ces « déceptions » ne constituent en soi, que des généralités dans le rapport complexe entre les deux anciens Premiers ministres. Spécifiquement, c’est du fauteuil présidentiel dont rêve Idrissa Seck ; il s’y prépare.

Le schéma

Officiellement, l’actuel maire de Thiès, 53 ans, n’est pas candidat à sa propre succession. Une façon de se « concentrer » sur l’échéance de 2017. Pour cette échéance, le président du parti Rewmi compte « effectivement faire le tour du Sénégal dans le premier trimestre de l’année 2013 », précise des sources de L’Office. Il y a plus. Convaincu de sa virginité politique, Idrissa Seck devra choisir ses alliés dans sa famille naturelle du Pds. « Des partenaires naturelles aux côtés de qui il s’est accoutumé à la lutte », poursuivent-elles. Dans cette même veine, il envisage d’élargir ses alliances par des débauchages dans les rangs des frustrés de l’Apr, c’est qu’il est déjà confiant que ce combat, il ne le gagnera pas tout seul. Pour couronner le tout : une bonne stratégie de communication de proximité sera élaborée. Napoléon craignait quatre journaux hostiles pour faire pire que mille baïonnettes, Idrissa Seck compte visiblement s’en inspirer. Dans cette perspective, confirment d’autres sources, « un service de presse sera bientôt mis en ligne » et constituera le premier élément d’une grande chaîne en perspective d’une guerre d’opinion sans merci. Ces éléments réunis, les interlocuteurs de L’Office jurent que la rupture du « gouverner ensemble » sera légitimé par toutes ces « bourdes » de Macky Sall. Il s’agira surtout, de tout faire pour « ne pas confirmer cette réputation de traître » qui poursuit le maire de Thiès. Ou bien de « salaud politique », pour rester dans les références de Abdoul Aziz Diop, actuel conseiller du président Macky Sall.

Pape Ibou Faye